Chapitre 21

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Mon regard était rivé sur la main de Ryuu.
Le bandage était maintenant complètement rouge et une goutte de sang en tomba pour venir s'écraser contre le sol.
Il avait utilisé sa main.
Pas étonnant, si il avait utilisé ses deux sabres.
Nous étions quelques heures après leur dispute. Aïko et Yukio étaient partis se promener tandis que j'avais rejoint mon mari dans la cour. Je me rapprochai alors de lui en le fusillant du regard.

-Je t'avais pourtant dit de ne pas user de cette main ! M'énervai-je.

Celui-ci me sourit en se la passant dans ses cheveux.

-Désolé, j'y ai pas vraiment pensé.

Je levai les yeux au ciel.
Il me désespérais.
Son inconscience me désespérais.

-Je te referai un bandage quand tu en auras le temps.

Le jeune homme me sourit de plus belle.
J'appréciais le voir ainsi.
Son sourire avait quelque chose de spécial.
Quelque chose que j'aimais.
Non.
Il n'avait rien de particulier.

-Merci, c'est gentil. Dit-il.

Je détournai le regard pour éviter de le voir.
Je ne voulais pas.
Je ne pouvais pas m'y risquer.
Tandis que j'essayais de ne pas le regarder, je vis le garde qui avait ramené Atsuko auprès de Chinatsu.
Son amant.
Celui-ci avait lui aussi le regard rivé sur la main de Ryuu alors qu'il était très éloigné de nous.
Il avait l'air inquiet, lui aussi.

-Ça te dérange si nous allons voir l'empereur maintenant ? Reprit mon mari.

Je fronçai les sourcils.
Pourquoi donc ?
Je n'étais toujours pas à l'aise avec le fait qu'il pouvait m'amener auprès de lui, quand il le désirait.

-Dois-je vraiment venir avec toi ? Questionnai-je.

-C'est à ton sujet, alors oui.

Je ne répondis pas tout de suite.
Je savais déjà quel sujet était concerné.
J'avais bien compris.

-Alors je veux bien. Répondis-je.

Je me mis ensuite à le suivre vers l'intérieur du palais. En passant, j'en profitai pour regarder encore une fois le bien-aimé de Chinatsu. Celui-ci suivait Ryuu du regard. Je le vis serrer sa main autour du manche de son sabre.
Mon mari, lui, ne lui prêta aucune attention. Il ne l'avait même pas vu.
Nous entrâmes à l'intérieur du bâtiment et cette fois, Ryuu s'engouffra dans un des couloirs de gauche.
Je ne connaissais pas ce chemin, ça me faisait découvrir le palais.
C'était bénéfique pour mon but.
Il n'y avait que des murs avec des gravures, pas de murs en papier sur les côtés cette fois. Nous finissâmes très rapidement par arriver devant d'immenses portes. Plusieurs gardes la protégeaient.
J'étais bouche-bée devant la grandeur et la beauté de ces portes. Elles étaient très finement sculptées et des flambeaux sur les cotés ne les faisaient que resplendir de plus belle.
Ryuu les ouvrit directement  lui-même, il ne prit même pas la peine d'annoncer sa venue.
Et si l'empereur était occupé ?
C'était impoli.
Je fus malheureusement obligée de le suivre alors qu'il marchait maintenant dans l'immense salle du trône.
L'empereur était en hauteur, assis sur un immense trône aussi beau que la pièce où nous étions.
Des piliers sur les côtés soutenaient le plafond tandis que la lumière du jour passait par des murs en papiers sur les côtés.
C'était magnifique.
Et immensément grand.
Et pour la première fois, je vis la femme de l'empereur.
Celle-ci portait un Jūnihitoe* magnifique. Il était noir avec des bordures rouges.
Ses cheveux étaient rassemblés au-dessus de sa tête, une très grande broche en or était posée juste devant.
Elle était impressionnante.
Je m'inclinai immédiatement quand les deux tournèrent la tête vers nous.
J'avais l'impression d'être écrasée par leur pouvoir.
Par leur puissance.
Qui ne serait bientôt plus.
Les seuls à pouvoir être sur ces trônes étaient les samurais, et non eux.
Mon mari, lui, ne s'inclina toujours pas.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant