Chapitre 33

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Nous nous étions assis au bord du lac après l'avoir traversé.
Nous étions en train d'observer la splendeur de l'endroit en silence.
Je n'osais pas parler, puisque je savais que quand nous commencerions la discussion, je devrais reprendre ma mission.
Or je n'avais pas la tête à cela.
Je n'en avais pas envie.
Je ne demandais qu'une pause, loin de toutes ces inquiétudes et de ces responsabilités.
Et c'était un point commun que je partageais avec Ryuu.
Lui aussi, semblait vouloir s'échapper de sa réalité.
Il n'avait pas pris ses katanas, il n'avait rien.
Il n'y avait que lui et moi.
Loin de nos peurs et de nos doutes.
Nous étions en train de prendre une pause de notre quotidien.
Et même si je voulais lui parler, je voulais également continuer à rester muette.
Je ne voulais pas...
Une seule pause...
La monture de Ryuu alla s'abreuver dans l'eau du lac, me faisant légèrement sourire.

-Comment s'appelle-t-il ? Voulus-je savoir en essayant de ne pas penser à ma mission.

Même si j'avais voulu passer du temps avec Ryuu dans le seul but de récolter des informations, prendre une pause le temps de quelques minutes n'était pas négligeable.
Malheureusement, je n'avais d'autres choix que de me plier aux ordres de mon père.

-Fūjin. Répondit mon mari qui était assis plus loin derrière moi.

Comme le dieu du vent dans la mythologie japonaise.
Je trouvais que ce nom lui allait particulièrement bien, du fait qu'il courait très vite.

-C'est jolie. Dis-je.

Ryuu se leva pour s'asseoir à mes côtés, mais un peu plus en avant afin d'être très proche de l'eau.
Celui-ci plongea ses deux mains dans l'eau bleue.
Je remarquai d'ailleurs qu'il n'avait plus son bandage à sa main droite.
Je fronçai les sourcils, curieuse.
Que faisait-il ?
Après quelques secondes, une couleur rougeâtre commença à s'échapper de ses paumes.
Du sang.
Celui-ci avait la tête baissée vers le sol, ses cheveux tombant devant ses yeux. Il ne disait rien.
Et je ne dis rien non plus.
Je compris que ça soulageait sûrement sa douleur.
D'ailleurs, si c'était réellement le cas, il devrait également humidifier son dos.
Ses mains n'étaient pas la seule partie de son corps à être meurtrie.
Celui-ci finit par les ressortir pour les observer. La droite allait légèrement mieux tandis que la gauche commençait à s'abîmer sérieusement à son tour.
Cette constation sembla le dépiter puisqu'il les relaissa tomber dans l'eau.

-Voudras-tu que je te refasse des bandages ? Questionnai-je.

Je le vis esquisser un sourire.

-T'embête pas avec ça. Dit-il.

Mes yeux dérivèrent sur son dos.
Nous n'avions plus nos capes, nous les avions posé après s'être assurés que personne ne se trouvait dans les alentours.
Et c'est en remarquant son regard insistant dirigé vers l'eau que je devinai son envie.
Ce dont il avait besoin.

-Tu hésites à plonger ton dos ? Repris-je.

Celui-ci ne répondit pas tout de suite.

-Oui, mais je sais que ça te mettrait mal à l'aise. Avoua-t-il.

Je restai silencieuse.
En effet, mais je savais qu'il souffrait en silence.
Ce qui avait le pouvoir de le soulager se trouvait juste sous nos yeux, à quelques centimètres, or il se retenait et endurait sa douleur seulement pour mon confort.

-Pas si je ne vois rien. Répondis-je

Celui-ci tourna la tête vers moi.

-Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

-Nous sommes mariés, et tu as concédé à beaucoup de choses depuis le début dans le seul but de me faire plaisir. Or, un mariage marche dans les deux sens, alors je vais seulement éviter de regarder.  Dis-je en me levant et en me dirigeant vers là où Fūjin était parti.

La nuit où je te tueraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant