Chapitre 93 : Ô ma sœur, que devenons-nous ?

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ANTOINE.

18 mois plus tôt, dernier jour à Mâcon

          Ma valise fermée, celles des enfants aussi, je descends l'étage de la maison de mes parents. Je dévale les marches en essayant de ne pas faire trop de bruit pour ne pas déranger qui que ce soit. Les enfants sont assoupis dans le salon en compagnie de mon père et de Théo. Notre vol est prévu pour plus tard dans la journée, nous devons partir dans moins de deux heures en direction de l'aéroport de Lyon pour rentrer sur Madrid.

          Ça fait déjà quinze jours que je suis ici. Quinze jours que je fais tout pour essayer de m'adapter à la vie ici, quinze jours que je tente de m'acclimater... quinze jours que je feins d'être bien et d'être heureux pour ma famille. Quinze jours que j'ai l'impression de mourir de l'intérieur. Je fais tout pour essayer de paraître bien, mais même ça ne me suffit plus. Et c'est encore plus dur de tenir la face depuis que je suis malade depuis deux jours, comme si je n'avais plus une seule force pour tenir la comédie.

          J'arrive à la voiture de mon père, je viens déposer les valises dans le coffre. J'entends une voiture entrer sur le terrain puis se garer. Alors que je ferme le coffre après avoir mis la valise d'Amaro, j'entends ma soeur arriver à mon niveau.

— Tu... tu retournes à Madrid ? Demande-t-elle, confuse.

          Elle est seule, ce qui ne m'étonne guère. Ses enfants sont à l'école, et Julien travaille sûrement encore à l'heure actuelle. Elle a l'air perturbé.

— Oui, confirmé-je.

— Je... je comprends pas. Ça fait quinze jours que tu es de retour ici, j'avais l'impression que tu avais trouvé la bonne chose à faire en revenant vivre à la maison.

          Je sens que nous n'allons pas nous entendre sur ma décision. Pourtant, je suis sûr d'avoir bien précisé que je ne venais ici que pour un temps limité. Ce n'est pas comme si je pouvais disparaître autant de temps que je le veux du club, ou même de ma vie en général. Mes enfants doivent retrouver leur mère aussi et... et je dois rentrer aussi.

— Putain... tu reviens ici en pleurs, détruit, j'ai même eu l'impression que tu étais à deux doigts de te foutre en l'air... et putain.

          Elle semble perdue, bien que l'agacement et l'énervement commencent à apparaître sous le ton de sa voix. Elle lève le regard en ma direction, et je suis sûr de voir l'étincelle de colère briller dans ses iris marrons.

— Tu le fais exprès ou quoi ? Tu comptes gâcher ta vie encore de fois comme ça ? Crache-t-elle. On commençait à peine à être tous de nouveau heureux depuis le départ de maman.

— Non... on a jamais été réellement heureux depuis le départ de maman et tu le sais, rétorqué-je en commençant à partir vers la maison.

          Elle m'attrape par le poignet et je me défais rapidement de sa prise en me tournant vers elle, me stoppant dans mes mouvements.

— Arrête ! S'écrie-t-elle.

— C'est la vérité, Maud. Tenté-je de garder mon calme.

— Arrête, je t'ai dit ! Je te vois venir avec tous tes arguments, arrête... putain... je sais pas, j'ai raté un truc ? Je suis passée à côté de quelque chose ? Dis-moi... Donne-moi une bonne raison. Vas-y, une seule !

          Ma gorge se noue. Je peux sentir une vague de chaleur me traverser, m'embrasant de l'intérieur. Je ne peux la contrôler, je ne peux l'empêcher de venir ébranler tout mon être, de venir chambouler mes émotions, de venir humidifier mes yeux.

Amour Refoulé - Antoine Griezmann (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant