Chapitre 34 _

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» Les souvenirs reviennent... pas lui. «

Dimanche. Le dimanche, c'est le jour que j'ai toujours détesté. Et encore plus depuis que Kev et sa famille avait déménagé un dimanche sans prévenir personne. Bon sang, je me rendais compte que même en m'intéressant aux garçons autour de moi, il m'était carrément impossible de l'oublier. J'aimerais le retrouver... Au moins le voir, ne serait-ce qu'une seule fois. La possibilité de l'avoir pour moi pendant une soirée entière, et lui dire tout ce que j'ai toujours voulu lui dire depuis qu'il était parti loin de moi. J'en avais des tonnes de choses à lui raconter. Réflexion faite, une soirée ne suffirait pas. Il me faudrait toute une vie !

J'avais reçu de nouveaux sms d'Enrick en allumant mon téléphone le matin. Un en réponse à celui que je lui avais envoyé hier pour me souhaiter une bonne nuit, et celui d'aujourd'hui qui me demandait si c'était possible que l'on se voit.

J'avais pas envie. Et ça me surprenait. C'était la première fois depuis que je m'étais rendue compte de mes sentiments pour lui, que je ressentais ça. Ça ne m'avait pas vraiment traversé l'esprit, même une seconde, que je ne voulais pas le voir. C'était plutôt le contraire à chaque fois...

* Rose
« Désolée, je ne me sens pas très bien aujourd'hui, je préfère rester couchée dans mon lit. On se voit demain de toute façon ♥ »
* Enrick
« Okay... Repose toi bien ♥ »

Je descendis les marches de l'escalier, et me rendis à la cuisine où ma Maman chérie préparait un bon clafoutis maison. J'adorais quand elle me faisait des petits gâteaux, les siens étaient tellement bons que je pourrais mourir pour en avoir, ne serait-ce qu'une bouchée !

Et j'en avais bien besoin aujourd'hui. Depuis que je m'étais réveillée, j'avais ce sentiment de nostalgie qui s'était emparé de mon cœur et je n'arrivais pas à m'en défaire.

Rose : Maman !
Maman : Ma chérie, ça va ?
Rose : Bof... j'ai hâte de manger de ton gâteau, ça va me rebooster.
Maman : Qu'est-ce qui se passe ? Raconte-moi.
Rose : Ben... Comme d'habitude. Tu connais la chanson.
Maman : ... Hmm... un problème de cœur qui commence par un K ?

Aaaaah Maman... si tu savais à quel point tu as tapé plus que dans le mile.

Rose : Ouais... il semblerait que ce soit ça.
Maman : Aller, viens t'asseoir là.

Quelques minutes plus tard, nous étions toutes les deux assises avec un chocolat chaud dans une main, et une part de son délicieux gâteau dans l'autre, prêtes pour se replonger dans les albums photos d'antan pour essayer de me remonter le moral.

Au début, c'était plutôt l'effet inverse que ça faisait...

Maman : Vous êtes beaux là ! Han des bouilles de bébés à croquer.
Rose : Oui...

J'avais limite envie de pleurer, mais c'était plus du chagrin qui refaisait surface dû au fait que je n'avais désormais plus que la possibilité de voir mon Kev à moi qu'à travers ses photos là... je me demandais à quoi il pouvait bien ressembler maintenant, quelle tête il devait avoir, quel caractère... quelles copines... de quelle fille pouvait-il bien être tombé amoureux... Je me disais que j'avais perdu l'espoir de le revoir un jour depuis bien longtemps. Je ne voulais pas me l'avouer, mais vouloir le retrouver était trop déprimant maintenant. Et pourtant, je ne pouvais m'en empêcher, persuadée qu'un jour je le retrouverais coûte que coûte. J'attends, sans attendre. Je continue à mourir, petit à petit. Intérieurement.

Maman : Quand vous étiez à la crèche, vous étiez inséparables. Toutes celles qui s'occupaient de vous nous en faisait la remarque à sa maman et moi quand on venait vous chercher. Vous jouiez ensemble sans arrêts. Vous faisiez les mêmes bêtises !
Rose : ... J'aimerais tellement m'en souvenir. C'est trop injuste de n'avoir que des photos pour se rappeler du passé, quand la mémoire, elle, oublie tout.
Maman : Mais moi je suis là pour te raconter pleins de choses. Comme les fois où je te posais le matin, et que lui te courrait tout de suite après pour te faire un gros bisou. Les amoureux inséparables on vous appelait.

Cette phrase me fit sourire. A la fois parce que je m'imaginais malgré moi la scène de ce moment dans ma tête, mais aussi le mot « inséparables », qui est ironique à dire aujourd'hui. On ne l'était plus, depuis des années.

Maman : Vous en avez fait des bêtises. Comme s'accrocher aux rideaux, ou démonter les lits du grenier, vous cacher dans les arbres... vous en avez bien profiter, on peut le dire !
Rose : On était des enfants, fallait bien en faire des bêtises, sinon vous vous seriez ennuyés !
Maman : Ahah, tu es toujours une enfant mon bébé !

Elle se mit à me faire des chatouilles. Cela me réchauffa le cœur. Heureusement que ma Maman était là pour me faire tenir le coup.

Je continuais à tourner les pages de l'album, pour m'arrêter sur une photo que j'adorais. C'était celle qui était dans le cadre de ma chambre sur ma table de nuit, qui m'empêchait parfois de verser des larmes et à d'autres moments le contraire...

On était petits, on venait à peine de commencer à marcher, et on se tenait par la main. On ne se regardait pas, mais on marchait droit devant, et ça me donnait l'impression à chaque fois qu'on allait continuer à marcher comme ça jusqu'à la fin, et passer par toutes les étapes de la vie de cette manière-là : ensemble, sans se lâcher. C'est pour ça que cette photo était pour moi une des plus importantes.

Maman : Cette photo... c'est celle qui est dans ta chambre ?
Rose : Oui. Je l'adore.
Maman : Moi aussi. C'est sa maman qui la prise. On était juste derrière, on parlait et à un moment on vous a regardé, on a craquées tellement vous étiez beaux ensemble à marcher main dans la main comme ça. Une photo c'était obligatoire là. Vous étiez trop drôles ! A parler comme si de rien n'était, comme si vous étiez mariés et que c'était nous les enfants. C'était adorable.

Je la regarda avec un doux sourire, et les larmes finirent par couler... de bonheur, en entendant ma Maman me dire ça.

Falling Out Of Love_ Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant