Chapitre 24

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Juste comme ils le voulaient, Fred et George firent presque tout ce qui était en leur pouvoir pour me faire regretter ma farce pendant les trois mois qui suivirent.

J'évitais de leur prendre quoi que ce soit, et je n'osais même pas toucher à de la nourriture dont ils s'étaient approchés tandis que je n'étais pas là.

J'en vins à regretter profondément d'avoir laissé échapper ma date d'anniversaire quand ils me la demandèrent, l'air de rien, pour afficher un sourire machiavélique quand je leur répondis.

Mais je leur en étais reconnaissante, car pendant ce temps, ils me faisaient oublier ma vraie vie. Ils me faisaient croire, même si ce n'était que pendant un court instant, que ma place était là. Que je n'étais pas juste une Moldue.

Mais tout redevint réel et je fus forcée de me rappeler qui j'étais réellement et ce que je savais, quand le jour de la troisième tâche fut arrivé.

La Salle Commune des Gryffondor était pleine d'élèves, tous parlaient avec excitation et essayaient de deviner qui allait être le vainqueur.

Et pourtant, j'étais là, tremblant à la pensée de ce qui allait se produire dans quelques heures. À l'idée que Voldemort allait revenir, pas seulement dans un livre fascinant, mais pour ruiner des vies réelles.

Mais malgré tout ça, j'essayais de me forcer à sourire quand je repérais Fred et George dans la Salle Commune, assis sur des fauteuils, essayant de se dessiner des drapeaux rouge et or sur leur propre visage, et échouant lamentablement.

« Qu'est-ce que vous pensez faire? » demandais-je en secouant la tête avec incrédulité, marchant vers eux.

« De l'art, » répondirent-ils ensemble.

« Vous appelez ça de l'art? » ricanais-je. « Au moins, George ressemble à quelque chose. Mais je n'ai aucune idée de ce que c'est que cette chose sur ton visage, Fred. »

« Oh, je suis désolé. Tu me vois tenir un miroir? » commença-t-il d'un ton sarcastique. « Oh, c'est vrai! Non. Ce drapeau est aussi bien que je peux y arriver, étant donné que je ne peux pas voir ce que je fais vraiment! »

« Un troll aveugle y serait arrivé mieux que ça! »

« Très bien! Fais-le, alors, si tu es si talentueuse! » Il me fourra la palette de peinture dans les mains. « Vas-y. »

« Parfait, » soufflai-je, et je pris la palette, m'asseyant sur l'accoudoir du fauteuil et me mettant au travail.

Fred resta aussi immobile que possible, tandis que j'essuyais la peinture de son visage avec un mouchoir, et je commençais à dessiner sur sa joue.

« Argh, je n'y arrive pas avec cet angle, » dis-je principalement pour moi-même, m'écartant.

Réfléchissant à un moyen d'avoir un meilleur angle, je me relevais de l'accoudoir et m'asseyais sur les genoux de Fred.

« Ferme les yeux, » murmurai-je.

« Q-quoi? » marmonna-t-il, les lèvres légèrement tremblantes.

« Et bien, je ne veux pas te mettre de peinture dans les yeux, » dis-je avec un haussement d'épaules.

« Oh... c-c'est vrai. » Il hocha la tête et ferma les yeux, hésitant.

Je pris un peu de peinture dorée et passais le pinceau sur son visage, terminant le drapeau.

Mais même si j'avais fini, je ne lui dis pas d'ouvrir les yeux. Je restais simplement là, le regardant avec une sensation dans mon estomac que je n'avais jamais ressentie auparavant.

Je pouvais sentir les battements de son cœur et à ce moment là, je réalisais que sa main droite se trouvait dans le creux de mon dos. Je sentit mon visage chauffer avant que je m'éclaircisse la voix et me relevait de ses genoux. Fred ouvrit les yeux, paraissant perturbé.

« Fini, » dis-je avec un hochement de tête embarrassé, reposant la palette.

Avec un dernier regard à George, qui nous regardait avec un air de choc pur, je dis que j'allais chercher ma veste dans mon dortoir, au cas où la météo se rafraîchirait.

Sans un regard en arrière vers la salle commune, je courus vers le dortoir, claquant la porte derrière moi et m'y appuyant avec horreur. Mon cœur battait si vite que j'avais l'impression d'avoir couru pendant des heures.

Qu'est-ce qui vient de se passer?


*****


Nous descendîmes tous vers le champ où la troisième tâche allait avoir lieu. Tout le monde était là, de Mr et Mrs Diggory à Bill Weasley et Mrs Weasley.

Je déglutis à la vue des parents de Cedric, et mon cœur se mit à battre encore plus vite quand je repérais Cedric lui-même.

Je savais que je n'étais pas sensée jouer avec le temps jusqu'à ce que Dumbledore ne juge que le moment soit venu, mais comme ils étaient doués d'une vie propre, mes pieds me portèrent vers l'endroit où Cedric se tenait, discutant avec ses amis.

Quand je l'atteignis, je levais ma main tremblante et lui tapotais l'épaule.

Cedric se retourna, m'adressant un sourire. « Bonjour. »

« Est-ce que je peux te parler une seconde? » Lançant un regard à ses amis, qui observaient d'un air curieux, j'ajoutais, « En privé? »

Paraissant confus, il acquiesça et me suivit quelques mètres plus loin, là où personne d'autre ne pourrait nous entendre.

« Écoute, Cedric... il faut que tu sache que... » Mais ma voix s'interrompit quand je croisais le regard de Dumbledore dans le lointain, et je le vis secouer légèrement la tête.

« Oui? » demanda Cedric, me faisant tourner de nouveau la tête vers lui. « Bonne chance, » dis-je avec un sourire forcé.

Je pouvais voir que Cedric était confus, mais il me sourit doucement. « Merci. »

Je revins vers les gradins où Fred, George et Lee m'attendaient, mes pensées toujours vers Dumbledore. Que savait-il qu'il ne me disait pas?

« Tout va bien? » demanda Lee alors que je m'asseyais, mais je ne répondis pas.

Quand la troisième tâche commença et que les quatre champions disparurent dans le labyrinthe, je ne pus simplement plus le supporter davantage. Je ne pouvais pas rester ici et attendre que le corps mort de Cedric apparaisse avec Harry.

Je sortis de l'endroit, ignorant les questions des garçons. Je me cachais parmi les arbres à l'extérieur du champ, là où je pouvais toujours entendre les bruits des acclamations.

Je veux rentrer à la maison avec ma famille, pensais-je désespérément, une larme coulant sur mon visage. Je ne pouvais pas supporter de rester là, maintenant que je savais ce que Voldemort prévoyait de faire, et pourtant, une partie de moi voyait qu'il était de mon devoir de rester. Je tremblais d'une peur que je n'avais jamais ressentie auparavant dans ma vie.

Je ne savais pas combien de temps je restais assise là, perdue dans mes propres pensées sombres, mais je me figeais sur place en entendant des hurlements horrifiés dans le champ. Et avec ça, je savais simplement.

C'était arrivé.

Moldue - Fred WeasleyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant