Chapitre 74

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« Hé, Lexi! » appela la voix. « Attends! »

Me retournant, je vis George qui se hâtait dans ma direction.

« Qu'est-ce qu'il y a? » demandais-je alors qu'il m'atteignait et s'arrêtait.

« La vrai question, c'est qu'est-ce qui t'arrive? » demanda-t-il en haussant un sourcil.

« Qu-quoi? »

« Laisse tomber, Hooper. Tu mens très mal. »

« Merci, » dis-je d'un ton sarcastique, et j'inclinais la tête.

« Ne fais pas l'andouille, » dit-il fermement, pointant un doigt d'avertissement vers moi. « Je veux te parler. »

« Où est Fred? »

« Je lui ai dit que j'avais laissé ma baguette dans la Salle Commune pour pouvoir venir te parler. »

Je poussais un soupir. « À propos de quoi? »

« À propos de ton comportement étrange depuis Noël. »

« Ce n'est rien. Je vais bien, » dis-je rapidement.

« Oh, oui? » dit-il, ne paraissant absolument pas convaincu. « Alors pourquoi tes yeux sont toujours rouges quand nous nous retrouvons pour le petit déjeuner? »

Je déglutis, baissant les yeux. J'eus l'envie soudaine de tout lui dire. À quel point j'avais le mal du pays et combien mes parents me manquaient, ce que Kreattur m'avait dit, et surtout, Sirius.

Je voulais pleurer librement sur le fait que je savais que j'allais perdre ce qui se rapprochait le plus d'une figure paternelle pour moi, mais je le gardais pour moi, et je déglutis une fois de plus.

« Je suis désolée si ça vous a rendu mal à l'aise, » dis-je d'une petite voix, évitant toujours son regard. « Je—je ne savais pas que vous aviez remarqué. »

« Écoute, il n'y a aucune raison de t'excuser, » dit George sincèrement. « Tu ne nous a pas rendus mal à l'aise. Tu nous a juste inquiétés. »

« Alors pourquoi Fred n'a-t-il rien dit? » demandais-je.

« Parce que, » soupira-t-il. « Mon cher frère dit qu'il ne veut pas franchir la limite et envahir ton intimité. »

J'ouvris la bouche, mais avant que je n'ai pu répondre, George me coupa la parole.

« Écoute, ça rend Fred malheureux de te voir comme ça. Et c'est étrange pour moi de le voir comme ça. Alors si il y a quoi que ce soit que l'un de nous puisse faire pour t'aider, dis-moi. »

Je secouais la tête d'un air hésitant, une boule dans la gorge. « Il n'y a rien que tu puisse faire. Il n'y a rien que je puisse faire. Et c'est exactement ça qui me trouble. »

« Alors on ne peut rien y faire, alors quoi? » dit George. « Écoute, le fait que tu sache des choses que nous ne savons pas te rend apparemment folle. Oublie-les! »

« Je ne peux pas, » soupirais-je faiblement. « Tu ne sais pas comment c'est... certaines personnes pourraient penser que c'est un don, ou souhaiteraient même être à ma place... mais ce n'est pas un cadeau, quand tu ne peux pas empêcher les choses de se passer, c'est une malédiction. Et même quand on change quelque chose, on a peur que quelque chose de pire se passe, par sa faute. »

« Tu vois? En voilà, des absurdités. »

J'eus un petit rire, secouant la tête.

« Tu nous ressemble beaucoup, à Fred et moi, sur beaucoup d'aspects, sauf sur un, » dit George.

« Et qu'est-ce que c'est? »

« Tu ne vis pas dans le moment, » dit-il en haussant les épaules. « Oui, oui. Des choses vont se passer. Et oui, nous n'y pouvons rien. Mais pourquoi nous rendre malheureux, au lieu de laisser nos nous du futur se débrouiller avec? »

« Je ne dirais pas ça si j'étais toi, » marmonnais-je faiblement, sentant mon cœur sombrer dans ma poitrine, mais il ne sembla pas m'entendre.

« Profite de l'instant et vis avec les gens que tu aime, tant que ça dure. »

Je me forçais à sourire, hochant la tête. « Merci, Georgie. »

« Je t'en prie, Professeur Rogguy, » dit-il en me tapotant la tête, et je riais.

« J'en ai assez de combattre ce surnom. »

« Très sage de ta part, » me sourit-il avant de me prendre dans ses bras.

Mais nous nous séparâmes quand quelqu'un hoqueta d'un air dramatique derrière nous. « Incroyable! Ma petite amie et mon propre frère! »

Nous éclatâmes de rire tandis que George et moi nous tournions pour voir Fred qui s'approchait de nous. George me fit pivoter et me poussa dans le dos vers Fred, me faisant tomber contre lui.

Mais au lieu de me relâcher, Fred rit et enroula ses bras autour de moi. C'était tout ce qu'il me fallait pour me sentir de nouveau calme.

Tandis que je lui rendais son étreinte, je vis George s'éloigner silencieusement en me lançant un clin d'œil.

« Tout va bien, Lex? » demanda Fred, s'écartant légèrement, mais ses mains toujours sur ma taille.

Je soupirais, hochant la tête. « Tu va juste me manquer. Je ne sais vraiment pas ce que je vais faire quand vous serez partis. »

« Continue! » dit-il joyeusement. « Tu es l'ambassadeur des farces, ici! Nous comptons sur Lee et toi pour continuer le chambardement quand nous serons partis. »

Je voulais lui dire que ce que je voulais vraiment dire, c'était que George et lui étaient les seuls raisons pour laquelle je ne devenais pas folle, parce qu'ils me distrayaient de mes pensées sombres.

Je voulais le supplier de ne pas partir, et même plus que ça, lui dire combien je voulais m'enfuir avec lui.

Mais je savais que je ne pouvais rien faire de cela. Je ne pouvais pas leur demander de rester, parce que je n'étais pas supposée changer quoi que ce soit encore. Et je ne pouvais pas partir avec eux, parce que j'attendais toujours le signe dont Dumbledore m'avait parlé.

Alors je ne dis rien, et j'eus un petit rire, me hissant sur la pointe des pieds pour l'embrasser sur la joue.

« Je ne vous décevrais pas, Mr Weasley. »

Moldue - Fred WeasleyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant