Diablement Vôtre. Tome I et II.

Chapitre XLVI.

  Le front appuyé contre la vitre du taxi, Yris se reposait enfin. Elle avait dû être au top niveau de 9 heures à trois heures du matin. Être témoin c'était plus physique et stressant que ce qu'elle pensait! En effet, elle avait organisé cette journée d'enterrement de vie de jeune fille de A à Z en quelques heures. Le thème était hippie chic, elle avait prévu dix couronnes de fleurs pour les filles présentes. Le matin, elles étaient arrivée en limousine chez Claire. Elles avaient fait le plus de bruit possible et avaient jeté des confettis dans toute la maison. Ensuite, elles avaient été au SPA. Avait suivi un restaurant. L'après-midi, elle avait déguisé la future mariée en fée et lui avait lancé des défis dans Lille. Puis, elles avaient enchainé sur un restaurant et enfin, la grande surprise d'Yris: la privatisation d'un magasin pour faire du shopping. Enfin, elles avaient bougé leur body dans les pubs de la "rue de la soif" de la ville. Et pourtant, malgré cette journée de folie, les pensées d'Yris s'étaient souvent retrouvés du côté de Lucian. Et là, qu'elle était très éméchée, il ne la quittait plus.

   L'alcool et le bonheur de cette journée dissipaient ses peurs. Il lui manquait déjà beaucoup et en cet instant, elle voulait le voir. D'autant plus que la veille, il avait ordonné à deux de ses guerriers de les ramener sur Lille. Il avait embrassé son fils, déposé un baiser sur la joue d'Yris mais jamais son regard n'avait croisé le sien. L'ignorance qu'il affichait lui avait tordu le ventre. Cependant, elle le savait, c'était de sa faute. Seule elle doutait de ce qu'elle voulait. Le comble était qu'en cet instant, elle avait besoin de voir l'homme qu'elle aimait. Et cet homme, c'était lui. Elle se demanda s'il la rejoindrait pour le mariage. Elle l'ignorait puisqu'il ne lui avait pas adressé un mot. Elle le méritait. Elle devait arrêter de lui souffler le chaud et le froid. Cette question l'empêcherait quand même de dormir. Malheureusement, ces quelques heures de sommeil étaient primordiales car cette nouvelle journée étaient celle des derniers préparatifs. Un infime espoir s'empara d'elle, elle déverrouilla son téléphone. Rien. Elle se rassura en se disant qu'en enfer, il n'y avait pas de réseau.

- Madame, nous sommes arrivés.

   Elle sursauta. Le chauffeur lui sourit dans le rétroviseur intérieur. Elle fit de même en lui donnant l'argent.

- Bonne nuit.

- Merci. A vous aussi. Répondit-elle en sortant du taxi.

   Le taxi démarra tandis qu'elle restait stoïque à admirer la maison devant elle. De retour chez maman et alcoolisée. A part son fils, son fiancé diabolique et le métier qu'elle pensait abandonner, rien n'avait changé en fait. Elle enleva ses escarpins rose Yves Saint Laurent. Ce n'était pas le moment de réveiller Lestan et Marianne. Son petit frère devait certainement être de sortie. Finalement, même avec sa vie sentimentale merdique, grâce à cette journée, elle se coucherait avec le sourire. En effet, lors de celle-ci, elles étaient redevenues de véritables gamines. Ne pensant qu'à faire de ce jour, une journée inoubliable. Vu le sourire de Claire, le pari avait été gagné haut la main! Pour ne pas gâcher cela, elle devait seulement éviter de croiser la photo de son père. Marianne ne parlait plus de lui mais elle avait insisté pour garder cette photo à sa place. Ce connard d'infidèle ne méritait pas ce geste d'attention. En effet, depuis ce sms qui avait bouleversé la vie de sa mère, il n'avait plus donné de nouvelles. Même pas à ses enfants. Etre en colère après lui l'énervait encore plus car cela prouvait qu'elle lui accordait encore de l'importance. En fait, même avec toutes ces déceptions, son absence permanente, il resterait toujours son père. On ne choisit pas sa famille. Elle fut interrompue dans ses pensées par la présence du guerrier derrière les arbres. Elle avait oublié que Marius s'était proposé pour les escorter durant ce séjour. De bonne humeur, elle décida d'aller lui souhaiter bon courage pour cette nuit. Par ailleurs, elle perdit son sourire en remarquant le visage du garde royal.