Diablement Vôtre. Tome I et II.

Epilogue.

34 ans plus tard:

    Les mains agrippées au bureau, les yeux fermés, il attendait que l'onde de choc passe. Une fois que cela fut le cas, il sourit de satisfaction et baissa la tête. La démon sortit de sous le bureau en se passant la langue sur les lèvres, le regard pétillant. Il perdit son sourire.

- Dégage.

   La femme parut surprise, puis elle fit une révérence et sortit du bureau. Il croisa les bras et pencha la tête en arrière.Toutes ces femmes avec qui il couchait, elles espéraient toutes la même chose: Qu'elle soit celle qui arriverait à approcher son cœur. Quelles naïves! Personne n'y arriverait. Pour rien au monde, il ne voulait finir comme ses parents. D'où le fait qu'il évitait autant que possible de croiser des humaines. Il ferma quelque boutons de sa chemises noires. Il détestait toujours autant les cravates. Il souffla, il en avait assez d'être tourmenté par le passé. Jamais il n'oublierait cette nuit horrible, lorsque son père s'était jeté dans le vide pour les protéger. Le plus rapidement possible il avait déployé ses ailes et s'y était jeté lui-aussi. Cependant, il n'avait pas réussi à le rattraper. Il n'avait pas été assez fort. Jamais il n'oublierait le cri qu'avait poussé sa mère lorsque son père avait rencontré la lave. Il l'entendait encore comme s'il y était. Du haut de ces sept ans, il n'avait pas réussi à la relever. Les yeux écarquillés d'effroi, l'avant du corps penché, le bras reposant dans le vide, elle était restée ainsi pendant des heures. Un mois après l'enterrement, elle continuait de passer ses journées au même endroit. Celui où elle avait perdu l'amour de sa vie. Lestan le savait, si elle n'avait pas ses enfants, elle s'y serait jetée elle-aussi.

   Donc, elle était restée à leurs côtés. Par ailleurs, elle n'avait plus jamais été elle-même. Bien-sûr était toujours cette mère aimante mais elle était brisée. En fait, elle avait perdu sa moitié et pour survivre, elle se consacrait à ses enfants. Elle était alors devenue sa régente jusqu'à ce qu'il soit capable de gouverner seul sur l'enfer. Il était devenu le roi des ténèbres à l'âge de 16 ans mais aujourd'hui il avait toujours autant besoin d'elle. Il y a huit mois, elle les avait quittés. Il ne s'était pas rendu compte qu'elle s'était doucement laissée mourir dès qu'elle n'avait plus réussi à supporter la douleur. Elle était la première immortelle à être morte de chagrin et ce à cause de l'amour. Il serra le poing. Yris l'avait abandonné. Même s'il se sentait coupable de ne pas avoir réussi à rattraper son père, il était en colère après elle. De plus le sort s'était acharné sur lui, à part la couleur de ses cheveux, celle de sa mère, il était le portrait de Lucian. C'était dingue mais il lui en voulait car avec son sacrifice, involontairement, il avait entrainé la femme qu'il aimait dans sa chute. Donc, non, pour rien au monde il ne tomberait amoureux. De toute façon, il avait déjà perdu la femme de sa vie. Il transplana dans le salon familial. Il s'assit dans le haut fauteuil rouge et posa les mains sur les accoudoirs. Il vérifia la pendule, comme d'habitude sa sœur était en retard. Il évita de regarder le piano à queue. Avant que leur bonheur ne soit brisé, il avait joué du piano. C'était la dernière fois qu'ils avaient tous été réunis. La porte s'ouvrit et Livia, dans une longue robe parme, fit son apparition. Elle lui adressa un magnifique sourire.

- Bonjour cher frère! Dit-elle en lui embrassant la joue.

- Bonjour.

     Il la regarda s'assoir dans le fauteuil face à lui. Délicatement, elle prit une tasse de thé. Elle était une très belle femme, toute en grâce, digne d'une princesse. Il admirait son optimisme sans faille ainsi que sa joie de vivre. Il ferait tout pour qu'elle ne les perde pas. D'où le fait qu'il jouait son rôle de grand frère protecteur à la perfection.