Chapitre 8 - Qui est cette fille ?

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Emilie fixait la télévision accrochée sur le mur lorsqu’elle aperçut la jeune femme qui s’avançait sans lâcher la poignée.

Emilie murmura "oui, entrez". A ces mots, le visage de Fanny s’égaya d’un large sourire. Elle redressa son buste penché en avant et referma aussitôt derrière elle.

— Bonjour Mademoiselle Duchêne. Je m'appelle Fanny, et je passe dans les chambres des malades pour leur apporter mon soutien. Je peux discuter un peu avec vous si vous le souhaitez ou bien simplement vous tenir la main, ce n'est pas grand chose mais ça apporte du réconfort. Vous voulez qu'on essaie ?

Emilie sourit et fit signe à Fanny de s'installer sur la chaise près du lit. Les deux femmes se regardèrent et échangèrent un sourire. Elles restèrent un petit moment à se dévisager, puis Fanny entama la conversation.

Elle demanda d’abord à Emilie pourquoi elle était à l'hôpital. Elles firent ainsi un peu connaissance et Emilie ne put s'empêcher de dire que l'absence de son amoureux, qui venait de repartir un peu plus tôt, la rendait triste et que la  douleur qui faisait surface de temps en temps ajoutait à la morosité de la chambre. Fanny, un indéfectible sourire plaqué sur le visage semblait aux anges. Elle joignit alors le geste à la parole et pour la réconforter de cette absence, lui saisit la seule main libre de ses mouvements. Une perfusion s’échappait de son bras droit, alors tout doucement, Fanny vint emprisonner la frêle main de la jeune femme alors que les rapides papillonnements de ses paupières préludaient l’amorce d’un sommeil réparateur. Quelques minutes passèrent ainsi puis, d'une voix affable, Fanny chuchota à Emilie qu'elle allait la laisser dormir. Elle se mit debout, en prenant soin de ne pas faire de bruit en se levant, puis elle lâcha d'un seul coup la main d'Emilie qui déjà dormait paisiblement.

Fanny, semblait vraiment heureuse du bienfait qu'elle venait d'apporter. Elle passa la tête hors de la chambre 805 pour s’assurer que personne ne la voyait, et prit la direction de l'ascenseur. Dans la cabine, elle salua d'un signe de tête un médecin qui quittait son service et farfouilla dans ses affaires pour reprendre possession de son cellulaire. Elle réafficha une nouvelle fois le message "Réquisitionner Carmin Paul", une hésitation semblait retenir son pouce qui balayait l’air de droite à gauche au-dessus de l’écran. Les lèvres pincées, elle appuya de toutes ses forces sur "effacer" comme si son doigt pouvait s’enfoncer dans le clavier tactile. L'icône de l’enveloppe se referma et posta le message dans les limbes du net.

La jeune femme jubilait.

L'audace du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant