Chapitre 71 - j'aurais pris un fantôme en photo

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— Eh mec, on n'est pas dans un James Bond là, on est dans la vraie vie, … Tiens à propos, je l’ai prise en photo, ta fille tueuse à gage, se moqua Olivier.

En même temps qu’il avait livré sa petite phrase sensée être rigolote, il fouillait sa poche à la recherche de son portable. Paul dévisageait son pote, incrédule, sans écouter ce qu’il disait. Il tenta cependant une explication.

— Je ne sais pas qui sont ces filles, mais je crois les avoir déjà croisées.

— Mais de quelles filles tu parles ?

Son impatience était à son comble. Il appuya encore plusieurs fois sur le bouton de l’ascenseur, sans prêter attention à Olivier, qui agitait son portable devant les yeux de Paul.

La magie opéra, l’appareil ouvrit ses portes à l’étage demandé. Les deux garçons filèrent en direction de la chambre d’Amandine. Dans sa chambre silencieuse, la jeune femme dormait.

Olivier regarda Paul avant de chuchoter :

— Bon tu vois, elle va bien !

Dans le couloir, une infirmière alertée par les bruits de pas des deux hommes accouru jusqu’à la porte de la chambre d’Amandine. Avec l’assurance que lui procurait son uniforme rose de soignante, elle apostropha les deux individus qu’elle avait vu un peu plus tôt se ruer dans la chambre.

Une fois qu’ils eurent décliné leur identité, elle consentit à leur révéler que oui, une jeune femme, qu’elles avaient l’habitude de voir dans les services, avait passé un petit moment auprès d’Amandine. La fille s’appelait Roseline, elle faisait partie d’une association qui venait en aide aux malades et apportait soutien et réconfort aux patients qui en faisaient défaut ou encore en l’absence de proches à leurs côtés.

La mine de Paul était toute déconfite. On lui avait déjà servi ce sermon.

Olivier regardait Paul toujours sans comprendre les craintes de son collègue.

— Fais voir la photo que tu as prise tout à l'heure… s’énerva Paul.

Olivier s’exécuta. Déverrouilla l'écran à la recherche de sa dernière prise de vue. Il ouvrit de grands yeux pour constater que le cliché était raté.

— Tiens… ben ça alors ! La photo est loupée, dit-il en élargissant l'image entre son pouce et son index.

Paul lui arracha son téléphone des mains, pour regarder à son tour. Effectivement, on pouvait voir les portes automatiques de l'entrée grandes ouvertes, mais personne n'apparaissait au centre sur la photo, ni fille, ni personne.

— Je ne comprends pas, rajouta Olivier, elle était en plein milieu des portes automatiques quand j’ai fais la photo, en plus à cette heure là, il n’y a plus grand monde…

Paul dévisageait Olivier.

— Quoi ? questionna Olivier ou l'inquiétude balbutiante donnait naissance à une sorte de terreur.

— S’il n’y a personne, comment la porte a pu s'ouvrir ? articula lentement Paul.

En questionnant de la sorte Olivier, il n'attendait pas de réponse. Il voulait qu'il lui fasse part de sa théorie, s’il en avait une. Parce que là, ce qu’ils vivaient dépassait l’entendement.

— Tu me dis que je n'ai pas raté la photo, mais que la fille n’apparait pas ? C’est ça, que tu es en train de me dire ? Tu plaisantes, là ?

Olivier riait jaune. Paul ne le quittait pas des yeux. Mais ne répondait pas non plus. Alors, Olivier, poursuivit son monologue.

— Tu sais que tu ne me fais pas rire du tout ! J'aurais pris un fantôme en photo ? T’es pas sérieux, Paul !

Olivier blêmissait au fur et à mesure qu’il interprétait les pensées de Paul.

Les deux hommes se taisaient. Ils reprirent la direction de la sortie, chacun, enfermé dans son mutisme, essayant de trouver une explication logique.

— Refais voir la photo… maugréa Paul.

Il zooma alors la photo autant que possible. Au milieu des portes grandes ouvertes, on distinguait parfaitement une zone plus floue, bien au centre, un peu comme si un champ électrique avait brouillé un signal. Tout le reste de la photo était très net. On aurait dit qu’un nuage de vapeur s’échappait par l’entrée.

Trois étages plus haut, c'était la panique.

Inquiétée par les résultats d'analyse des gaz du sang d'Amandine, l’infirmière de nuit bipa le médecin de garde. Le taux de CO2 montait à des sommets, alors que l'oxygène faisait défaut.

L'audace du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant