Chapitre 32 - Amandine à votre service

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Paul s’extirpa du lit trop grand pour lui. La vie reprenait aujourd’hui. Il n’avait pas d’autre choix que d’élucider le mystère Fanny et pour cela il lui fallait se faire violence. Maintenant il devait être présent auprès d'elle le plus possible, la décoder pour comprendre.

Il avait tourné et retourné la situation. Réfléchit à toutes les possibilités imaginables. La seule solution c’était de la coller, de pouvoir entrer chez elle jusqu’à ce qu’une parfaite confiance s’installe entre eux pour avoir les mains libres et fouiller sa vie. Ainsi, il finirait bien par découvrir quelque chose.

Une fois qu’il aurait découvert le secret que cachait Fanny, il reprendrait le cours des évènements et pourrait vivre son deuil.

Après avoir avalé un café qui finalement était nettement moins bon que celui que lui avait préparé la jeune femme la veille, il appela son patron.

— Audi véhicules neufs, Amandine à votre service…

La voix douce et chantante d’Amandine plaquait son éternel refrain dans les oreilles de Paul.

— Amandine ? C’est Paul.

— Paul, oh, bonjour, comment ça va Paul ? Marc nous a dit ce qui… Enfin il nous a expliqué. Si je peux…
Toutes mes condoléances, Paul.

Sa voix était tellement chaleureuse. Amandine était le genre de personne que tout le monde voudrait dans son entourage, présente mais pas pesante, efficace mais pas agitée, douce mais pas molle. En plus elle était rigolote, très sympa et jolie, ce qui ne gâchait rien. La fille parfaite en somme.

— Merci Amandine, tu es très gentille. Mais, je voudrais parler à Marc s’il te plaît ?

— Bien sûr, ne raccroche pas, je te le passe immédiatement.

— Paul ? Toutes mes condoléances mon gars. J’ai beaucoup pensé à toi. Je n’ai pas osé t’aborder aux obsèques… Tu avais l’air si…

— Oui, merci, j’appelai parce que… j’ai pas pensé, mes congés…

— Ne t’inquiète pas pour ça ! Olivier s’est occupé de tes clients, les livraisons sont faites. Il a les affaires en main. Prends le temps qu’il te faut pour te remettre…

— Merci Marc. Je te tiens au courant dès que je suis capable de reprendre mon activité. Mais laisse-moi au moins deux semaines, tu crois que ça va être possible ?

— Evidemment, tu es comme un fils pour moi. Alors tu ne t’inquiètes de rien, tu te refais une santé et quand tu te sentiras prêt à reprendre ton travail tu m’appelles. Ici, on a besoin de toi en forme ! Prends soin de toi, Paul. Courage.

Et il raccrocha.

Quelle chance il avait de bosser dans une boîte où l’humanité du patron était naturelle et où ses collègues se comportaient comme des potes. Ce n'était pas partout comme ça. Bien sûr il y avait la course à la plus grosse commission, mais jamais ça n’avait créé de tension entre Olivier et lui. En fait, c’était un peu chacun leur tour. Ils avaient fini par en faire un jeu. Celui qui l’emportait une année, offrait un restaurant étoilé à celui qui avait perdu et souvent l’année suivante, c’était l’inverse.

Leur entreprise fonctionnait bien parce que tout le monde ramait dans le même sens. Et ni les salariés, ni le patron ne travaillaient en solo. Personne ne sous estimait personne. Le boss, partageait avec ses salariés et ne faisait pas de rétention d’information pour conserver une supériorité bien mal acquise. Ils étaient une équipe et tout le monde s’y retrouvait. Autant eux que le grand patron, celui qu’ils ne voyaient qu’une fois pour les vœux de la nouvelle année, lorsqu’ils étaient invités, à la capitale, tous frais payés.

C’est vrai aussi qu’ils travaillaient dans un secteur où ils touchaient une clientèle plutôt très aisée, car les seuls véhicules qu’ils vendaient ne valaient pas moins de cent mille euros. Ici, il n’y avait pas de véhicules en dessous de la gamme A6, la gamme inférieure se situait plus bas, au magasin qu’ils disaient « public ». Eux ne recevaient que des clients sur rendez-vous et, le service véhicules haut de gamme ne parquait pas les voitures au vent et à la pluie, elles étaient toutes derrière la vitrine… Alors, tout était beaucoup plus facile.

* * *
*

Son shopping terminé, Fanny, se rendit à son Rassemblement dans ses vêtements sobres qui la rendaient parfaitement insipide et transparente. Et c’est tourmentée par l’inquiétude grandissante de son évaluation auprès de Yama qu’elle rejoignit son rendez-vous. Elle se tracassait de la manière dont elle allait se justifier auprès de Yama.

Car Yama était son père, son maître, son Dieu.

C’est à lui qu’elle rendait compte, elle et toutes ses collègues aussi.

L'audace du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant