Chapitre 14 - Aucune amélioration

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Stressé d’être pris la main dans le sac et éberlué par les noms qui s’affichaient, il referma le répertoire et replaça l’appareil à sa place sans avoir trouvé ce qu’il cherchait. Il était incapable de dire combien de temps s’était écoulé depuis qu’il avait commencé à fouiller. Sa découverte l’empêchait de réfléchir.

Il se saisit de la serviette de table et essuya son front et ses mains. La panique grandissait et il ne voulait pas être démasqué ; ce qui ne manquerait pas de mettre un point d’arrêt à son enquête. Stupéfait de ce qu’il venait de lire, il n’arrivait pas à en comprendre le pourquoi.

Tous ces noms célèbres dans son téléphone ? Qui était cette fille ? Quel rôle jouait-elle ?

Le couple assit à la table voisine le regardait. L’homme surtout qui essayait de capter une certaine complicité. Il l’avait vu regarder dans le portable de celle qu’il devait prendre pour la compagne de Paul, alors de là inventer la suite de l’histoire : le copain jaloux qui fliquait sa petite amie… Paul joua le jeu, opina de la tête et pencha un peu le visage en soulevant un sourcil coupable. Le coin de sa bouche s’étira d’un seul côté comme pour confirmer un sourire complice. Cela eu pour effet de renvoyer le couple à ses propres affaires. C’est à ce moment là que Fanny réapparut.

— Tu discutais avec nos voisins ?

— Euh, oui sursauta Paul, qui peinait à dissimuler son mal être tant l’importance de sa découverte le mettait à rude épreuve. Il ne pouvait chasser de son esprit  tous ces noms connus, ces personnalités décédées.

Ils terminèrent leur soirée à discuter de choses et d’autres. Paul n’était plus très enclin à l’écoute du récit de Fanny car trop affecté par la liste révélée par le portable et qui revenait sans arrêt à sa mémoire.

Tous ces noms de personnes connues, toutes décédées… Pourquoi avait-elle ça dans son téléphone ? A quoi cela lui servait-il ? Paul n’en connaissait pas la réponse, mais sûr que cette Fanny cachait des choses étranges qui dépassait la normalité de la petite vie étriquée de Paul.

Et pourquoi au milieu de ces noms de personnes célèbres étaient mélangé des noms d’inconnus ou encore celui du mari de Madame Mounard. Et son nom à lui qu’il avait bien vu un peu plus tôt et qui n’apparaissait plus.

Une vague d’angoisse lui étreint la poitrine sans doute assez pour que Fanny s’en inquiète.

— ça va ? Tu as l’air tout chose ?

— ça va, je te remercie, je suis un peu fatigué. Je crois que je vais rentrer, j’ai eu une dure journée aujourd’hui.

Des milliers de questions et aucune réponse. Cette soirée ne serait pas suffisante pour découvrir ce qui se terrait derrière la fameuse Fanny. Car il en était certain, elle dissimulait quelque chose et quelque chose de lourd. Pouvait-elle avoir accès à des informations concernant le destin des gens ? Et puis ses études de thanatologie. Ce n’est tout de même pas courant. Jamais il n’avait rencontré quelqu’un qui faisait de telles études. Il ne pensait d’ailleurs même pas que ça puisse exister.

Il allait devoir la revoir. Bien que partagé entre une certaine appréhension et l'envie de découvrir la vérité, cette jeune femme l’intriguait, l’intéressait, le préoccupait, piquait sa curiosité, lui faisait peur, et gagnait en importance. Et lui, il avait juste envie de retrouver sa vie avec Emilie et c’est tout. Le jeu qu’il se plaisait à jouer lorsqu’il était plus jeune, ne l’amusait plus aujourd’hui. Mais surtout, il avait juste l’impression que le dindon de la farce c’était lui.

La fraîcheur de la rue le rappela à la réalité. Fanny se tenait tout près de lui, elle attendait quelque chose, un autre rendez-vous, un baiser, une caresse.

Paul compris qu’il ne pouvait l’abandonner ainsi s’il voulait encore creuser les cachoteries de l’inconnue. Il glissa sa main sous les boucles auburn de la jeune femme pour dégager sa nuque et y poser un délicat baiser.

Lorsqu’il approcha son visage de son cou, un parfum de roses anciennes vient lui chatouiller les narines. Ce parfum l’hypnotisait. Fanny gloussa de plaisir au contact de la barbe piquante de Paul.

Ils allaient se revoir demain, devant l’hôpital, à midi…

Paul repartit à sa voiture, une impression mitigée, sa soirée le laissait perplexe. Et puis, pas de nouvelle d’Emilie, était-ce bon ou mauvais signe ?

Avant de s’engouffrer dans l’habitacle restreint de l’auto, il composa le numéro de téléphone de l’hôpital. Hélas, aucune information n’était de nature à l’apaiser, les nouvelles étaient identiques : « aucune amélioration ».

L'audace du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant