Chapitre 47 - Il faut isoler Paul

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Après le départ de l'hôtel particulier de Dhûmornâ, les deux belles se trouvaient un peu déstabilisées par la révélation que leur avait faite leur sœur.

Elle était amoureuse, c'était sûr. Et par amour, elle avait été jusqu'à tuer. Elle avait désobéit à Yama et si celui-ci venait à l'apprendre, sa colère serait terrible et toutes les recrues seraient traitées de la même manière.

Rohini et Saranyù s'étaient créées des vies rêvées. Elles pouvaient faire tout ce qu'elles voulaient. Elles n'avaient pas de limite. Et cette vie là, pour rien au monde elles n'accepteraient de la quitter. Mais les agissements de Dhûmornâ étaient de nature à faire cesser rapidement leurs prérogatives, mais aussi celles de tous les membres et de toutes les nouvelles converties.

Il fallait donc qu'elles aident Dhûmornâ à se sortir du pétrin dans lequel elle s'était engouffrée.
C'est Rohini qui prit la parole la première.

— Il faut qu'on l’aide ! dit-elle.

— T'en a de belles toi, répondit sèchement Saranyù. Et comment ? Concrètement, tu veux qu'on fasse quoi ?

— D'abord, Paul ne doit jamais apprendre qui est Dhûmornâ et par extension, qui nous sommes, ce que nous faisons. Le secret doit être gardé. On ne peut pas se permettre de griller notre couverture.

— Sauf que, ce type est trop proche de Dhûmornâ pour ne pas découvrir qu'elle possède un don étrange ! Et quand il aura découvert ça, il va se précipiter pour le raconter à la centaine d'amis qu'il doit avoir !

— Tu as raison. Il faudrait qu'on le rencontre, découvrir qui il est réellement et mener notre propre enquête sur lui.

— Oui ! Dhûmornâ nous a bien dit qu’elle nous le présenterait, renchérît Rohini

— C’est surtout qu’il ne faut pas traîner ! appelle-la pour qu’elle organise rapidement une rencontre.

— Ok, mais, si on fait ça, tu sais dans quoi on se lance ? Ça risque d'être dangereux. Est-ce que ce type en vaut la peine ? Et il faudrait peut-être qu'on explique notre plan à Dhûmornâ.

— Bien sûr que c’est dangereux, d’abord pour nous. C’est ce que Dhûmornâ a fait qui est stupide ! On doit se battre d'abord pour nous et pour Dhûmornâ aussi, lui c'est accessoire ! Il nous faut sauver nos fesses. Moi ça me plait ce que je suis devenue. Ma vie, enfin si on peut parler comme ça, est bien plus belle aujourd'hui ! Je suis une femme libre. Et même si cette liberté nécessite que je n’engendre jamais d'enfant, que je ne connaisse jamais l'amour, il me reste le plaisir et l’amusement. Tout ce que je n’avais pas quand j’étais humaine et c'est une faculté que je ne veux pas perdre, rajouta Saranyù.

— C'est vrai. Vu comme ça... Cela dit tu as vu comment elle est métamorphosée notre petite sœur triste ? Ce type a réellement l'air de la rendre heureuse...

— Mais pour combien de temps ? Combien de temps pour qu'il se rende compte qu'elle n'est pas tout à fait comme les autres, qu'elle n'est pas humaine.

— C'est vrai ce que tu dis, on va devoir l'isoler, lâcha Rohini. C'est notre seule chance.

— Je suis d'accord, mais ça va être un jeu de manipulation assez complexe. Nous allons mettre notre couverture en danger avant qu'il ne soit à notre botte...

— On doit le faire…,  pour Dhûmornâ. On peut le faire...

Rohini insista davantage sur le "on peut" pour lui donner le courage qui semblait lui faire défaut.

— Et si elle n'est pas d'accord ?

Rohini tourna son regard sombre vers Saranyù et prit son téléphone pour composer le numéro de Dhûmornâ.

Une trompette joyeuse claironnait dans le sac de Fanny. Son téléphone ! Jamais il n'avait émis ce bruit. Cette fois, pas de son lent de cloches fatiguées et tristes, mais plutôt une mélodie guillerette.

Elle se dirigea vers son sac, l'écran du portable indiquait : "appel entrant" et clignotait en vert.
Un peu inquiète, Fanny fit glisser son doigt pour décrocher.

Incrédule, elle dit "allo ?".

— Dhûmornâ ! C'est Rohini à l'appareil. Dis-moi, tu nous as un peu inquiétées tout à l'heure avec ton histoire de Paul... Ecoute, on a réfléchi avec Saranyù et pour t’aider il faut qu’on te voie pour te parler de notre plan, c'est la première chose. La deuxième, il faudrait que tu nous présente Paul dans les jours qui viennent. Tu crois cela possible ?

Il fallut un peu de temps à Fanny pour comprendre que son téléphone la mettait en relation avec ses sœurs. C'était tout nouveau. Enfin l'appareil devenait un moyen de communication qui ne lui intimait pas que des ordres. Et puis Rohini avait parlé tellement vite.

— Allô, oui Rohini… Eh bien, je ne sais pas trop. J'ai un peu réfléchi et je ne sais pas si c'était une bonne idée que je vous parle de Paul.

L'audace du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant