Chapitre 81 - Il n'était pourtant pas fou

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Sans attendre la réponse d'Olivier, Paul fouilla ses poches. La vidéo ! Il venait de se rappeler qu'il n'avait pas visionné la vidéo réalisée dans la secte, à l’insu de ses kidnappeurs. Une chance, ils ne lui avaient même pas pris son portable. Nerveux, ses doigts trop pressés avaient perdu leur agilité et effleuraient, sans arrêt, les mauvais widgets. Enfin, il trouva l’emplacement de sa vidéo.

Olivier le regardait ébahi et sans comprendre le comportement de geek de son collègue.

Sûr de lui, Paul appuya sur « lecture ».

La vidéo démarra sur un gros plan d’une gigantesque statue dorée de Bouddha. La vidéo durait plus de cinq minutes. Mais une photo aurait eu le même effet. Hors les flous de bougé des mouvements de Paul, il ne se passait rien dans ce temple désert.

Paul écrasa la touche "stop", dépité.

La fille, celle qui avait certainement mis fin aux jours d’Amandine, n’apparaissait pas sur la photo qu'Olivier avait prise, à la sortie de l'hôpital. La vidéo de Paul n’avait enregistré ni les filles, ni Fanny, ni l’espèce de gourou au masque peint en bleu…

Il n’était pourtant pas fou. Ces gens, il les avait bien vus.

Alors qui étaient donc toutes ces personnes ? Déjà, la nature de leurs activités était invraisemblable et louche, mais là, ça dépassait l’entendement. Lorsqu'un être humain est pris en photo ou filmé, en général, son image apparaît sur les photos et les vidéos… Il n'y a que les fantômes qui ne se reflètent pas dans les miroirs et dont la pellicule ne révèle pas leur image. Enfin, il paraît que c’était comme ça.

Au moment où son cerveau eut cette idée saugrenue de fantôme, il cessa sa mytho. Les fantômes n'existent pas. Dans quel monde évoluait-il ? Toutes ces histoires le faisaient tourner en bourrique, il en arrivait maintenant à déraisonner.

Paul tourna alors la tête vers Olivier, s’approcha tout près de son collègue et le serra fort dans ses bras.
Il commençait à avoir vraiment peur. Pour lui et pour les quelques proches qui étaient encore en vie. L'évidence se faisait jour. Ces filles avaient quelque chose à voir avec les décès qui s'enchaînaient à une vitesse folle.

— Olivier, lui dit Paul, en l'absence de directives de la hiérarchie, on va fermer l'agence. De toute façon, tu n'es pas en mesure d'assurer ton travail et moi non plus. Rentre chez toi. Je t’appelle un peu plus tard.

Paul n'avait pas jugé bon d'en rajouter une couche en lui dévoilant une vidéo qui ne délivrait que de l'inquiétude… Maintenant, il voulait retrouver Fanny, savoir si elle était bien rentrée chez elle, après que l'ignoble taré lui ait passé une corde autour du cou et peut être qu'elle serait en mesure de lui expliquer ce qu'était cette mascarade. Ou d'ici qu'elle ait subi le même traitement que Marc et Amandine… Et puis, à tout hasard, il fallait qu'il appelle rapidement ses parents.

Il s’installa derrière le volant mais son attention fut attirée par la petite boîte à gants qui, habituellement verrouillée, était cette fois grande ouverte.

Il fouilla l’intérieur. Retrouva un grattoir à givre, un double de clé ainsi qu’un porte-documents qu’il ne reconnaissait pas. Il se saisit du dossier et l'ouvrit sur le siège passager pour en étudier le contenu. Il y avait ses papiers, des photos de lui avec Olivier, et une tablette. Il ne se souvenait pas de ces photos et quant à la tablette, elle ne lui appartenait pas.

Il manipula l’appareil sous tous les angles, le tournant dessus-dessous, mais aucune indication d’appartenance n’apparaissait. Il maintint alors son index sur le bouton de mise sous tension. La tablette s'illumina et dévoila un fond d'écran noir parsemé d'étoiles sans requérir de mot de passe. Paul espérait qu'un glissement d’index vers le haut lui donnerait accès aux dossiers et applications contenus dans l'appareil. Le sablier de l’engin dessina une forme semblable à celle figurant sur la clé de voûte de la porte cochère du bâtiment de la secte puis laissa place à une large fenêtre dévoilant le nom de son collègue «Laublong Olivier».

Paul écarquilla ses grands yeux. Cette tablette pouvait-elle appartenir à Olivier ?

L'audace du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant