Chapitre 80 - Dans quel monde évoluait-il ?

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La veille, lors de son coup de fil à Paul, la femme de Marc avait parlé de la police New-Yorkaise qui avait retrouvé Marc... Paul s’était imaginé un film, davantage tourné vers un adultère au pays des puritains… L'affaire semblait beaucoup plus dramatique.

— Quoi ? Qu'est-ce qu’il a Marc ?  Hier, j'ai eu sa femme au téléphone... Il était pas perdu !

Les yeux rougis d'Olivier se plantèrent dans ceux de Paul pendant de longues secondes, avant que ses lèvres, sans bruit, ne miment l'indicible.

Paul, le regard fixe sur Olivier, recula jusqu'à sentir le fauteuil derrière lui accueillir sa faiblesse. Sa respiration se saccadait. Il n'était encore pas assez fort pour assumer une nouvelle de ce type. Cette information allait le terrasser.

Perdu dans les allégations de son collègue, il restait suspendu aux lèvres d’Olivier qui poursuivait ses explications avec peine :

— La po... lice... Ils... Ils l'ont... retrouvé... Il... Il était... mort…

Paul resta figé un instant, la bouche entre-ouverte, les oreilles qui raisonnaient encore des paroles hachées d'Olivier. Ses doigts fourmillaient. Comment une chose pareille était possible ? Il sentait ses forces l'abandonner.

Paul donna un coup de poing dans la porte.

— Comment ça mort, merde ? Qu'est ce qui s'est passé ?

— Sa femme ne m'a pas donné plus d’informations. Elle devait prendre le premier vol pour les Etats-Unis ce matin.

— C'est impossible… murmura Paul.

— Oui, Marc, Amandine… Emilie… Pourquoi Paul ? Pourquoi ? martelait Olivier.

Les dernières syllabes du mot se délayèrent dans ses spasmes et hoquets.

Lorsqu'il releva les yeux sur son collègue, celui-ci s'effondra, en larmes.

Paul le dévisagea encore, butant sur les paroles qu’il venait de prononcer à l’instant. Marc, Amandine, Emilie. Pourquoi mêlait-il Amandine à Emilie et à Marc. Amandine ? Il ne comprenait pas ce qu'elle venait faire, là.

Le spectre machiavélique d’un puzzle mortel avait organisé ses pièces.

— Amandine ? Tu as parlé d'Amandine. Tu as de ses nouvelles ? Comment elle va ?

La question finit d'abattre Olivier, méconnaissable tant la douleur affublait ses traits, il secouait la tête d’un côté et de l’autre. Ses yeux fermés ne parvenaient plus à stocker ses larmes prisonnières, et l’eau salée ruisselait sur ses joues. Il intensifia les mouvements de sa tête comme un fou qui abandonnerait la maîtrise de ses mouvements.

— J’ai eu sa mère au téléphone hier soir. J’ai essayé de te joindre après, mais j'sais pas où t’étais passé…
Paul comprit. Amandine venait d'allonger la liste des derniers disparus.

— Raconte-moi, ce qui s’est passé pour Amandine ?

— Insuffisance respiratoire. Sa mère ne m’a rien dit de plus. … Les antibiotiques n’avaient pas fait effet.

— Et la fille qui était près d'elle ? On en sait davantage ?

— Ben non… Répondit Olivier, énervé, qui ne pensait plus à cette fille du tout et qui, pour lui, n’avait aucun lien avec la mort d'Amandine.

L'audace du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant