Chapitre 65 - I love NY

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L'aéroport John Fitzgerald Kennedy, trop petit pour supporter l’énorme trafic généré par les allées et venues des avions du monde entier, obligea l’A380 d’Air France à longer longtemps la côte américaine avant de pouvoir se poser. Des centaines de pieds sous ses ailes géantes, la parade des appareils qui se succédaient sur les pistes d'atterrissage dessinait un ballet incessant de minuscules insectes luisants.

Les premiers pas de Marc et de Paul sur le sol Américain les conduisirent tout droit dans le hall de l'immigration où les sangles des barrières de délimitation les parquaient comme des bœufs. L'interminable attente jusqu’à la ligne jaune se poursuivit par les questions sur l’objet de leur voyage, la photographie, les prélèvements d’empreintes. Enfin, au bout d’une grosse heure, ils purent s’affaler dans un taxi jaune qui les transporta jusqu'à l'hôtel Pennsylvania, sur la trente deuxième.

L'immense hôtel défraîchi possédait l'avantage d'être situé en plein cœur de Manhattan. Times Square au nord, le congrès sur la sécurité, au sud. Aussi, ils ne s'attardèrent pas dans leur chambre d’autant qu’ils voulaient profiter de toutes les opportunités qu'offrait la ville.

Ils n’allaient pas beaucoup dormir pendant les heures à venir…

Après avoir revêtu une tenue un peu plus adaptée à leur activité, les deux amis sortirent d’un des huit ascenseurs qui vomissaient une foule de touristes à chaque ouverture des portes.

Le building, où se tenait leur salon sur la sécurité, se trouvait aussi sur la septième avenue, deux rues plus bas.

Un plateau gigantesque, perché au trente-neuvième étage, offrait aux exposants la possibilité de présenter leurs expériences et les résultats obtenus avec l'objectif de faire émerger leurs recherches. La finalité était évidemment commerciale, et pour faciliter la rencontre des équipes et favoriser le dialogue avec les acteurs "terrain", au-delà des conférences et des formations, des repas communs fournissaient le moyen de recenser des clients potentiels.

La demi-journée s'effilocha dans les allées et lorsqu'ils s’échappèrent enfin du salon le soleil couchant les enveloppa de ses rayons tièdes jusqu'au Madison Square Garden. A cette heure-là, ses rayons obliques déployaient leurs rouges et leurs oranges et illuminaient les briques des immeubles ; quant aux parois vitrées des gratte-ciels, l'embrasement provoquait un kaléidoscope flamboyant. Paul et Marc empruntèrent la High Line et longèrent cette ancienne voie ferrée jusqu’à son terme où ils s’assirent sur les marches, juste derrière les vitres pour flâner et se reposer un moment en admirant les voitures qui giclaient de sous leurs pieds.

Sur le vieux continent, au fin fond du centre de la France, Amandine, ensevelie sous sa couette, crachait ses poumons. Impossible dans ces conditions de se rendre au travail. Elle essaya de prévenir Olivier, mais sa gorge refusait de laisser sortir quelque syllabe que ce soit. Elle se résignât à lui écrire un SMS. Il fallait qu’il se débrouille tout seul vu que Marc et Paul étaient en déplacement.

Dès qu’Olivier reçut le message de sa collègue, il contacta un médecin pour qu'il se rende à son domicile et s'occupa seul de l’agence. La gestion des appels téléphoniques, la prise des rendez-vous et le pourvoi des commandes eurent raison de sa journée. Il fallait se rendre à l’évidence, il ne pouvait tenir l’agence tout seul.

En début d’après midi, Olivier passa voir Amandine à son domicile. Elle était arrêtée jusqu’à la fin de la semaine. Olivier devait prévenir son boss.

La nuit avait était courte, mais les deux collègues se retrouvèrent, dans le bar de l’hôtel, devant un petit déjeuner. La fatigue et le jet-lag diminuaient leur appétit, mais les fruits frais et les cookies maison leur redonnaient le sourire et quelques forces.

Alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie, le gigantesque hall de l’hôtel fourmillait, pourtant l’attention de Paul fût attirée par la maigreur d’une femme qui s’enregistrait au comptoir. Sa tenue vestimentaire, ses cheveux, lui rappelaient une vague connaissance.

Marc l’interrogea du regard.

Paul sourit et fit un signe de la main comme pour lui dire de laisser tomber. Mais le boss n’était pas dupe et devant le faciès inquiet de son ami, Marc lui demanda :

— Qu’est ce qui t’arrive ? On dirait que tu viens de voir un fantôme ?

L'audace du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant