Chapitre 84 - Un énorme chrysantème mauve

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La soirée était déjà bien avancée lorsque Fanny se réveilla de sa sieste impromptue. Elle allongea ses membres douloureux d'être restés repliés sous elle, sur son vieux canapé aux coussins délabrés.

L'obscurité avait envahi son studio. Elle reposa sa lecture sur la table basse et appuya sur l'interrupteur de la lumière avant de se diriger vers la porte d'entrée. Quelqu'un avait frappé.

C'était Paul qui rejoignait enfin Fanny. Il portait un pot de fleur dans lequel un énorme chrysanthème mauve s'épanouissait. Tout sourire, il embrassa la jeune femme étonnée.

— Bonjour Fanny, comment vas-tu ? … 'passé une bonne journée ?

— Bien… oui… Elle faisait un peu traîner sa voix. Elle était heureuse de voir son petit ami, mais elle avait du mal à se défaire du souvenir de son étrange réveil au temple. Et puis cette fatigue, qui l'avait faite tomber d'un sommeil lourd, une grosse partie de l'après midi, entachait un peu son empressement à le retrouver.

Elle proposa un café à Paul qui déclina, préférant enlacer le corps de sa jeune compagne, qu'il embrassa dans le cou et souleva jusque sur le vieux canapé usé.

— Tu n'aurais pas plutôt un petit verre de quelque chose d'un peu fort ? Un whisky par exemple ?

— J'ai, mais il ne va pas te plaire, je l'ai acheté à la petite supérette, en bas de la rue.

— Ça ne fait rien, en ta présence, tout est bon…

Fanny rit à l'empressement de Paul. Elle sauta de la banquette et cette petite gymnastique calma ses tensions.

Une tasse de café fumant posée à côté du verre de Paul, la jeune étudiante s'approcha de la table basse et déposa son plateau. Son amoureux n’avait pas levé le nez de sa tablette.

— Juste un instant, dit-il. J’ai un truc à faire et je suis toi.

Fanny prit sa tasse et ramenant ses pieds sous ses fesses, se lova, entre les coussins d'un côté et Paul de l'autre, avant de souffler sur le liquide noir revivifiant.

Paul tapotait sur l’écran, aux couleurs flashy, de la tablette. Depuis qu'il avait cet instrument, elle n’avait jamais osé lui poser la question de savoir ce qu’il faisait dessus. Alors qu'elle approchait le bout de son nez pour découvrir ce qui lui volait la pôle position, il plaqua sa bouche sur la sienne, alors qu'un écran de veille vint pigmenter l’écran et masquer son travail. Satisfait, il troqua sa tablette contre son verre et fixa la jeune femme dans les yeux.

Heureux de sa présence auprès de lui, il se demandait encore pourquoi il n’avait pas lâché prise plus tôt. Car, finalement, tout ce qui lui importait était d'être près de cette femme, qui avait su se rendre indispensable et avec qui tout était tellement plus simple.

L'audace du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant