Chapitre 61 - J'ai quelque chose à te proposer

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— Paul ? Mais je croyais que tu…

Amandine n’eut pas le temps de terminer sa phrase que Paul contourna le bureau de la jolie secrétaire et vint la saisir par les épaules pour déposer sur sa tempe un long baiser appuyé, empreint d’une véritable affection.

— Marc est dans son bureau ?

— Oui comme chaque matin… Je t’annonce ?

— Non surtout pas, je vais lui faire la surprise.

Paul frappa à la porte et sans attendre la réponse entra dans le bureau de son boss.

— Paul ! s’exclama Marc surpris. Il posa son crayon et se rua sur son collègue pour le serrer dans ses bras.

— Ce que je suis content de te voir. Tu reviens parmi nous ? Tu es sûr de toi ?

Marc tenait le discours à lui seul et ne laissait pas le temps à son collègue de répondre. Tout son être indiquait sa joie de revoir son employé et ami reprendre enfin sa place à l’agence.

— Assis toi, je t’en prie. Je te sers un café ? Un ristretto comme d’hab ?

— Je te remercie oui, j’ai pas beaucoup dormi.

— Oui j’imagine…

Marc baissa la tête, compréhensif, pensant aux heures douloureuses et d’insomnie que devait vivre son ami.

— C’est pas tout à fait ce que tu crois… Enfin, si, aussi, mais pas que… Paul n’arrivait plus à cacher son sourire.

Marc siffla doucement jusqu’à ce que ses sourcils soient assez proches l’un de l’autre pour qu’ils n’en forment plus qu’un seul. L’attitude de Paul l’inquiétait.

— Qu’est ce qui t’arrive Paul ? Tu sais que tu peux te confier si tu as besoin.

— Oui, je sais et aussi que tu ne vas pas me juger. Bon, je vais te la faire courte : j’ai passé la nuit chez une fille…

Marc le dévisageait avec des yeux tout ronds, alors que le visage tout entier de Paul s’éclaircissait. Sa bouche s’étalait d'une oreille à l'autre. Il ne prenait pas la peine de masquer son plaisir et était incapable de refouler un fou rire naissant.

— Tu me connais, ce n’est pas moi qui vais te faire la leçon. Si ça peut te faire du bien… Juste promets-moi de faire attention à toi. En tout cas, je suis content pour toi !

— T’inquiètes, je pense que ça va aller…

Ils avalèrent leur café sans que leurs yeux ne réussissent à se détacher l’un de l’autre. Les plis au coin de leurs paupières témoignaient de l’euphorie qu’ils avaient à se revoir. Marc masquait tant bien que mal sa joie à retrouver son ami et le voir reprendre goût à la vie. Mais il ne voulait pas non plus le choquer en s’étalant trop sur ses agissements, un peu précipités peut-être.

Marc aimait les filles. Il aimait toutes les filles sans distinction aucune.

Souvent, lorsqu’Amandine cherchait des documents dans son bureau, elle était, à plusieurs reprises, tombée sur des sous vêtements féminins qui n’auraient pas dû se trouver à cet endroit. Marc usait et abusait de son physique et de ses capacités pécuniaires, comme des voitures de luxe, qu’il utilisait comme arme incontestable pour piéger ses proies…

Ces trois atouts lui permettaient de changer de "cavalière" régulièrement. Sa seule qualité dans ce domaine c’est qu’il n’usait jamais de rapport de force. Le consentement des filles était exigé, pas de jeux de contrainte. Mais il n’avait aucune limite.

Cela le mettait parfois dans des situations cocasses mais qui ne s'étaient encore jamais retournées contre lui. Alors il profitait encore et encore.

Son sketch favori était d’emmener une fille au restaurant, à laquelle il demandait de retirer ses sous vêtements. Bien sûr la jeune femme devait porter une jupe ou une robe. Un fantasme comme un autre qui lui valut à plusieurs reprises d’empocher des ventes de voiture haut-la-main.

Ce fût le cas ce jour où, alors qu’il rentrait d’un restaurant, au volant d’un cabriolet plus bas qu’une formule un, et qu'un client arrivé en avance à son rendez-vous regarda avec attention le véhicule que Marc garait devant la concession. Le chaland tournait autour du véhicule, examinait la carrosserie lustrée, lorsque la portière de la jeune femme s’ouvrit. Pour se lever du siège, la pauvrette n’avait d’autre solution que de montrer son entre jambe dénudé tant l’ergonomie du véhicule était contrainte.

L'homme vira en quelques secondes de client potentiel à client ferme.

Sans doute, aujourd’hui encore, quand il ouvre la portière à sa femme il doit imaginer les cuisses fuselées au bout desquelles cette touffe dorée avait allumé le feu de son imagination et provoqué l’achat coup de cœur du véhicule.

Du coup, s’en était devenu un jeu, un sujet de pari. Et finalement tout le monde chez les garçons y trouvait un intérêt ! Marc ne revoyait que très rarement les filles, alors de là à savoir si l’aventure les avait également emballées, nul ne le sut jamais.

— Dis-moi Paul. J'ai quelque chose à te proposer. Tu me dis oui ou non. Voilà, je dois partir la semaine prochaine à New York. Il s'y tient un congrès sur la sécurité et le Siège nous demande d'y assister. Si ça te dit et que ça peut te changer un peu les idées, je t'emmène avec moi.

— Pourquoi pas. Tu sais ici, je n'ai plus grand-chose de prévu… Et comme tu dis, ça me changera les idées, une virée entre mecs…

— Bingo, ramène ton passeport demain, que je fasse préparer les Estas et ça marche je m'occupe des réservations.

Paul sourit. Un petit voyage à l’étranger serait sûrement de nature à lui redonner un peu de pep's. Enfin, le visage réjouit, il prit la direction de son bureau, trop longtemps délaissé, Amandine sur ses talons.

— Alors c'est vrai ? Tu reviens au bureau ? Je suis contente. Surtout si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas ! Mon bureau est dans le hall d'accueil… pouffa-t-elle.

Amandine s'en retourna à son poste, suivie par le clic-clic de ses hauts talons qui résonnaient sur le carrelage.

L'audace du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant