Chapitre 72 - Toujours injoignable

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Amandine se trouvait en insuffisance respiratoire grave. La surinfection bronchique, dont elle était atteinte, aggravait encore et endiguait ses fonctions respiratoires. La décompensation, qui n'allait pas manquer de se produire, engagerait le pronostic vital de la jeune femme.

Le médecin suivi d'une infirmière et d’une aide-soignante se pressèrent dans la chambre de la patiente. L'appareil de ventilation ne pouvait plus aider les muscles respiratoires défaillants.

Ils assistèrent, impuissants, aux derniers instants de la jeune femme.

Le médecin fit les vérifications habituelles, puis d'un air impuissant et dépassé, prononça la phrase définitive, "heure du décès...".

Tout le service était désabusé. Une aide-soignante couru dans le couloir, à la recherche des deux jeunes gens qui venaient de partir, mais elle ne réussit pas à rattraper les deux inconnus, que l’ascenseur avait déjà recrachés, à l’extérieur de l’hôpital.

L'équipe médicale sortit de la chambre de la défunte et l'infirmière referma doucement la porte derrière eux.

Le staff se retrouva un instant dans la salle de garde. Perdre un patient aussi jeune était toujours difficile pour le personnel. Ils avaient besoin de temps, pour reprendre leurs esprits et surtout pour analyser le pourquoi de la dégradation si soudaine de son état. Il fallait également faire la liste des prélèvements à réaliser, pour comprendre ce qui n’avait pas fonctionné, dans la médication mise en place. Le service tout entier réclamait des explications.

Un peu plus tard, deux aides-soignantes précédées d'une infirmière revinrent dans la chambre pour préparer le corps d'Amandine, pour sa famille, alors que le médecin de garde rejoignait son bureau, d’une démarche lourde, pour composer le numéro « en cas d’urgence » en sa possession, le téléphone des parents d’Amandine.

Paul et Olivier se séparèrent sur le parking et chacun reprit sa voiture, non sans qu’Olivier ait questionné son collègue sur "ces" filles, qu'il semblait le seul à ne pas connaître.

Paul était presque sûr que la fille qu’Olivier avait vu près d’Amandine était une des copines de Fanny. Ça concordait trop. La sensation de malaise, le prénom. Tout s’enchaînait. Et Marc qui restait injoignable. Et cette fille maigre qu’il avait entraperçu dans l’hôtel, à New-York, ici cette autre qui s’était approchée d’Amandine, et Fanny, qui errait toujours dans les endroits où des gens perdaient la vie…

Les fleurs, abandonnées un peu plus tôt, pendaient au bout de leur tige. Mais la motivation de Paul à en découdre avec la vérité ne s’arrêtait pas à ce léger détail. Il rejoignit le loft de son intrigante. Cette fille allait lui donner les explications qu'il attendait, de gré ou de force.

Dans son gigantesque appartement, Fanny accueillit son Paul avec toute la délicatesse et le charme dont elle était capable. Heureuse qu’il soit enfin de retour de New-York, elle s’éclipsa jusqu’à la cuisine avec ce gros bouquet de roses rouges.  Elle posa plein de questions sur ce qu’il avait fait dans cette grande ville magique, s’il avait eu le temps de visiter un peu, si son salon avait été intéressant, ce qu’il avait vu, ce qui l’avait le plus touché, pourquoi il rentrait aussi tôt. Elle posait les questions tout en disposant les fleurs de manières à ce qu’elles n’aient pas la tête trop penchée, mais ne fit aucune remarque sur le fait qu’elles avaient l’air aussi défraichies que si elles avaient fait le voyage depuis New-York !

Le naturel de Fanny permit à Paul de jouer le jeu de son hôte avec facilité et répondit à toutes les questions jusqu’à ce que son téléphone vienne déranger leurs retrouvailles et retarder l'interrogatoire qu'il se préparait à engager.

La maman de Paul, trop inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son fils depuis plusieurs jours réclamait de le voir. Dans la précipitation, Paul n’avait pas informé ses parents qu’il s’envolait pour les États-Unis et depuis son retour les choses s’étaient un peu précipitées.

Il s’excusa longuement auprès d'elle et jura tous les dieux du ciel que, oui, il allait bien.

La voix à l’autre bout du fil persistait dans son scepticisme.

Il s’agissait de rassurer une mère et la seule façon d’y arriver était quelle puisse voir son fils chéri en chair et en os.

Fanny tendait l’oreille et surprit les efforts de Paul pour calmer les appréhensions de sa mère et apaiser ses craintes. Elle lui susurra alors l’idée de les inviter à prendre l’apéritif. Ainsi son père, comme sa mère se rendraient compte, de visu, que leur rejeton se portait comme un charme. En même temps, cela lui permettrait de rencontrer les géniteurs de son Paul, également objets d'une machination, dont l’objectif était de les détruire.

Il fallait bien qu'elle les voit pour pouvoir organiser et procéder à leur réquisition.

L'audace du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant