Chapitre 68 - Le 230 Fith

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Si Marc avait été à l’origine de la découverte de la peau de Saranyù, la jeune femme avait maintenant pris les devants et s’intéressait au pantalon de Marc.

Le garçon ravi, se laissait faire et profitait du spectacle. Se faire prendre en main ainsi, à cette hauteur et avec autant de monde autour d’eux, ajoutait du piment à la situation.

Saranyù s’occupa tant et si bien de Marc qu’il se sentait défaillir. Heureusement que le mur lui maintenait le dos. Quand Sarah eut obtenu toutes les grâces, elle saisit sa main gauche et la tint fermement entre ses cuisses. Marc, en sueur, souriait, béat à la vue d'un petit sein dénudé qui remuait au rythme des à coups. Cette femme se livrait sans retenue, sans s’occuper de sa robe qui dévoilait un corps que Marc jugeait pourtant trop malingre.

Leurs vêtements réajustés, ils sortirent des toilettes pour rejoindre la terrasse à l’étage.

Assis sur les chaises d’un salon en teck, Saranyù avait enfilé un peignoir rouge et, ensemble, ils admiraient les couleurs changeantes des lumières de l’Empire State Building, qui ne se trouvait qu’à quelques blocs d’eux.

Saranyù commanda un cocktail alcoolisé alors que Marc se contenta d’une eau gazeuse, aux antipodes de ses habitudes. Mais, il était harassé par la sensation désagréable d’une fatigue soudaine et anormale. Le trouble produisait chez lui une vive inquiétude, car il avait bien l’intention de profiter encore de sa toute nouvelle partenaire.

L'heure était déjà bien avancée lorsque Sarah se tenait debout devant lui et semblait l’attendre. Les mots qu’elle prononçait, peinaient à atteindre ses oreilles. Il avait l’impression étrange d’être spectateur de sa vie, de n’être plus dans son corps. Chacun de ses mouvements était lourd et lui demandait une grande concentration, et lorsqu’il attrapait la taille de Sarah, ses doigts étaient comme du coton et ses sensations s’enfuyaient. Elle avait dû le droguer, il n’y avait pas d’autre explication.

Il suivit les pas de Saranyù jusqu’au bas du building. Mais c’est un taxi qui les ramena à leur hôtel.

Marc se retrouva allongé dans son lit sans souvenir, ni d’avoir payé le taxi, ni présenté sa carte de chambre à l’agent de sécurité devant les ascenseurs de l'hôtel. Quant à la jeune femme, aucune trace d'un éventuel passage dans sa chambre. Comme s'ils ne s'étaient jamais rencontrés.

Sa vision se brouillait, sans doute la drogue ajoutée au décalage horaire. Ou bien alors perdait-il connaissance ?

L’heure était déjà bien avancée lorsque la lumière, qui pénétrait dans la chambre de Marc, le sortit d’un sommeil irréel. Il n’avait pas récupéré tout son entrain et sa bonne humeur et ce matin le trouvait aussi épuisé que la veille.

Au prix de gros efforts, il réussit à atteindre sa montre. Il dût froncer les sourcils à plusieurs reprises pour que ses yeux daignent faire la mise au point sur les fines aiguilles. L'horaire tardif l'inquiéta. Comment avait-il pu dormir aussi longtemps ? Un café, même aussi mauvais que celui de l’hôtel, lui ferait du bien. Il rejoignit les lève-tard qui avalaient goulûment de mini produits de boulangerie, dont la technique de fabrication se rapprochait de celle de nos viennoiseries Françaises, mais qui avaient le goût de pain de mie.
L’air frais de la rue n’offrit pas non plus la résurrection attendue. Il descendit la 7è avenue, en direction du salon. Le flot des voitures, le hurlement des klaxons des ambulances sur l’artère immense saoula Marc, au point qu'il dût s'appuyer un instant, contre le mur d’un building. Il était proche de la syncope. Il reprit un peu ses esprits et vira dans la 31st street pour s’abriter de l’affolement qu’il subissait dans l’artère surpeuplée. Ses mains ne quittaient plus le mur. Elles étaient son seul atout pour ne pas perdre l'équilibre.
Il longea ainsi les buildings jusqu'à l'église des frères Franciscains, toute proche. Elle lui offrit le havre de paix dont il avait besoin. Il entra. Le silence à l'intérieur de la chapelle, entrecoupé par le craquement des bancs de bois sous le poids des fidèles ou des visiteurs, réveillait et calmait sa conscience.

Sa vision était brouillée, il s'assit dans la première rangée, sur le banc le plus proche. Son cœur s’accéléra et ses genoux glissèrent sur la barre de bois, sur laquelle les dévots s’agenouillent lors des prières. Ses mains se crispèrent et il se retint à la rampe qui proposait les missels et les chants des prochaines cérémonies.

Ses yeux s’ouvrirent en direction du cœur de l'église, désert à cette heure là. Il regarda ce décor simplissime quelques secondes, puis ses paupières se refermèrent définitivement dans le calme et la lumière diffuse.

Le cœur de Marc cessa de battre au 154 W 31st St, New York, État de New York.

L'audace du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant