SOUVENIRS #4

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Si je n'aimais pas les sports de balles, j'adorais la randonnée.

Elle me permettait de garder une certaine forme physique. Nous y étions d'ailleurs initié à l'école.

En dehors des frontières du village, à environ 45 minutes de calèche, on trouvait un mont plutôt haut, quelque chose comme 5 kilomètres au plus haut point, il me semble. Ce mont était couvert d'arbres et de forêts, la biodiversité y était très grande. Même en dehors des jours réservés à celà au niveau parascolaire, je m'y promenais souvent. Mon frère m'accompagnait.

Ce jour-là, je me souviens avoir gravi un kilomètre. Grand frère était "claqué" par son entrainement d'hier, il n'arrivait pas à me suivre. Je l'ai donc laissé derrière. Après tout, tant que je restais dans les limites, il n'y avait aucun danger. Et puis, j'avais 10 ans, je n'étais plus une enfant.

Cependant, je commençais à m'inquiéter quand je senti une autre présence dans les bois. Autre que celle de mon frère. Je tremblais en percevant les réflexions malsaines de la personne. Je voulu faire demi-tour. Manque de chance, j'ai trébuché et poussé un cri. Assez bruyant pour alarmer toute personne à 20 mètre à la ronde.

C'est ce qui arriva.

Un homme. Seul. Portant une tenue laisant apercevoir ses abdominaux. Une marque étrange y était dessiné. Je ne peux toujours pas l'identifier après tout ce temps passé.

Son regard me terrifia. Ce regard de jubilation comme s'il avait trouvé un trésor. Je compris tout de suite ses pensées. Il voulait jouer. Et venait de trouver un magnifique jouet.

Je fis quelques pas en arrière mais je n'eu pas l'occasion de partir. En un instant, il était derrière mon dos. Et il souffla sur mon coup ces paroles glacées.  《On ne t'as pas appris qu'il ne faut pas se promener seule dans les bois?》

J'aurais voulu crier mais aucun son ne sorti de ma bouche. J'ai tenté de m'échapper de son étreinte, mais j'étais trop faible. Je n'y suis pas arrivée.

Je sentis une masse froide entourer mes chevilles. Je n'ai pas baissé les yeux. Je ne voulais pas voir, pas savoir ce que c'était. J'ai fermé les yeux très fort en espérant que c'était un cauchemar.

L'homme a continué de tourner autour de moi, comme un vautour guête sa proie. Je le suivais des yeux, tentant de déceler le moindre geste suspect. Quelque chose qui m'aiderait à me sortir de là.

Il parla. Beaucoup. Longtemps. Expliquant que le monde était dangereux, qu'il était "navré" que je sois tombée sur lui mais que j'avais de la chance car un autre n'aurait pas été aussi clément. Il répétait que j'étais une gamine sotte et naïve. Même dans ce moment, mon côté suceptible restait actif. Ce furent les premières paroles que je prononçais. Je les regrette encore aujourd'hui.

《Je ne suis pas venue seule.》

Ça l'a intrigué. Il a parlé, réfléchi, cherché, pour trouver de qui il s'agissait. Il a trouvé. Et il a rit. Il a mentionné un de ses compagnons qui était avec lui. Il a admis que ce dernier pouvait être violent et imprévisible. Il a lancé que lorsqu'il trouverait mon frère, il ne resterait sûrement plus rien de lui.

C'est ce qui a tout déclenché. Ça a fait tilt dans ma tête, comme un signal d'alerte.

Il menaçait mon frère.
Il menaçait la seule personne à qui je me confiais sur tout.
Il menaçait celui à qui je pourrais confier ma vie les yeux fermés.

Ça ne m'a pas plu.

Je ne sais pas exactement comment, mais la situation s'est inversée. Soudain, c'était lui qui tremblait. La masse sombre et froide sur mes chevilles avait disparu. Et je n'avais plus peur. Plus du tout. J'étais furieuse. Et la seule chose à laquelle je pensais à ce moment, c'était de lui faire ravaler ses paroles.

J'ai fais un pas vers lui. Puis un autre. Il ne bougeait pas, tremblotant, begeyant des avertissements. Je me souviens avoir presque souri. Il avait peur de moi. D'une certaine façon, c'était satisfaisant.

Lorsque je suis arrivée à un mètre de lui, j'ai tendu ma main et ait serrée. Il a eu l'air de souffrir. Je ne sais pas comment j'ai deviné l'effet que ça allait avoir. Je le savais, c'est tout.

J'ai continué serré, puis j'ai lâché. Et j'ai recommencé un nombre innombrable de fois. Jusqu'àce qu'il se mette à genoux et qu'il me supplie d'arrêter. Qu'il implore mon pardon.

Je me rapelle avoir souri et m'être approchée de lui. D'avoir posée la paume de ma main sur sa poitrine. Et d'avoir accepté son pardon. À une condition.

Je préfère oublier cette condition.

Il a recommencé à se tordre de douleur alors qu'une lueur sombre traversait son corps jusqu'à moi. C'était étrangement agréable. Ça faisait du bien. Il semblait se débattre sans y arriver. Il voulait se détacher mais ne pouvait pas bouger. Il pouvait seulement hurler de douleur. Encore. Et encore. Et encore. Et encore. Et encore.

Jusqu'à ne plus avoir de voix. Jusqu'à ne plus avoir de cri.
Jusqu'à ne plus avoir d'énergie.
Jusqu'à ne plus avoir de vie.

Il est tombé au sol, immobile. Inerte. Et, c'est là que j'ai repris mes esprits. Que j'ai pris conscience de ce que j'avais fait. J'ai regardé le corps et l'ait agité. Je ne sentais rien émaner de lui. Plus d'émotions. Plus de pensées. Plus d'âmes. Plus rien. Il était vide. Complètement vide.

Et je n'entendais même plus le battement de son coeur.

J'ai secoué la tête, les larmes aux yeux. Je ne comprenais pas, ne voulais pas croire, pas voir la vérité. Je voulais tout effacer, tout inverser, tout oublier.

Mon frère est arrivé à ce moment. Il a hurlé qu'on devait partir tout de suite, qu'il avait réussi à fuir un type louche, et qu'il y en avait probablement d'autres. Il a figé en me voyant tremblante. En voyant le corps.

J'ai vu son esprit faire le lien. J'ai vu les connexions se lier dans sa tête. J'ai senti une pointe d'effroi monter dans son esprit. Mes larmes ont coulées.

J'étais un monstre, c'était certain.
Il s'était trompé.
Et les autres avaient raison.
Les mages étaient un danger.
J'étais un danger.
On devait m'enfermer.
Se débarrasser de moi.
Me...

J'ai senti des bras m'entourer. Des mains me caresser le dos. Une voix rassurante me parler à l'oreille. Je n'ai pas répondu. Juste continué à pleurer.

Il m'a pris sur son dos et a couru. Il n'avait jamais couru aussi vite. On est arrivé au bas de la montagne. Il a demandé de l'aide à la première personne qu'il a trouvé.

Les autorités ont été appelés. Deux personnes ont été retrouvées dans la montagne. Un vivant, et un cadavre. On nous a posé des questions, mais je ne m'en souviens pas. Mon esprit était brisé. Je me torturais, repassant en boucle les événements dans ma tête.

Un homme était mort.
Et j'étais son assassin.

Un pouvoir venant des étoiles - Tome 2  -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant