SOUVENIRS #10

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On dit souvent que faute avoué est à moitié pardonné.

C'est aussi stupide que de dire que la vérité est toujours récompensée.

Si c'était le cas, je serais encore chez moi, dans les bras de Dylan, et entourée de ma famille et mes amis.

Comme quoi, le monde n'est pas aussi rose que l'on nous le vend.

Et les gens ont en horreur la différence. Lorsqu'on leur bourre le crâne de principe discriminatoire depuis toujours, et qu'ils se trouvent en face des gens qu'ils ont appris à haïr, même remplis de bonnes intentions, ils gardent leurs préjugés et mauvaises pensées.

Ça c'est passé le lendemain de la semaine de mon quatorzième anniversaire. Une journée superbe. On avait été aux petits soins avec moi, j'étais sortie seule avec Dylan... le rêve quoi.

Rêve qui n'a pas duré.

La semaine a été tranquille, je profitais pleinement de mes quatorze ans qui m'ouvraient pleins de portes fermées avant cet âge. Je n'aurais pas pu prévoir ce qui allait se produire par la suite.

On était en plein après-midi. Il devait être 17h, tout au plus. Je rentrais chez moi, après être passée prendre une chocolatine à la boulengerie.

Je passais donc dans une rue, à cette heure peu achalandée, quand je vois un homme, la quarantaine je crois, et un gamin. 6 ou 7 ans, maximum vu sa bouille effrayé.

L'homme semblait s'en prendre à lui. Je m'étais rapprochée discrètement pour entendre la conversation. L'homme lui demandait de le suivre, et le gamin refusait en tremblant. Mes pouvoirs n'ont fait que confirmer ce dont je me doutais déjà : cet homme n'avait clairement aucune bonne intention.

C'est quand il a empogné l'enfant par le col du chandail que je me suis finalement décidée à réagir. Je lui ai tonné de le lâcher immédiatement et me suis rapproché.

L'homme m'a lancé un regard dédaigneux. Son sourire suffisant et son esprit reflétait les mêmes pensées 《Cette gamine ne peut rien contre moi.》

Il a d'abord essayé de me faire avalé qu'il devait garder l'enfant mais qu'il ne voulait pas le suivre. Puis, quand il a compris que je ne goberais jamais un pareil mensonge, il est devenu plus violent.

Il a secoué l'enfant en me provoquant. 《Et, qu'est ce que tu va faire, hein?》. Le gamin s'était mis à pleurer.

Je n'étais pas assez stupide pour prétendre pouvoir me battre à main nue contre cet adulte.

Donc, je me suis rabattue sur la deuxième option.

Je lui ai donné une deuxième chance de relâcher le garçon. Il m'a ri au nez. Mais il a très vite arrêté de rire.

J'avais appris à tétaniser quelqu'un, même si je n'y arrivais qu'en situation d'urgence.

Sa prise sur le gamin s'est relâché et je me suis mise entre eux. Je l'ai fixé dans les yeux et lui ai ordonné de partir maintenant.

Il a refusé et a tenté de me frapper. À peine m'avait-il touché qu'il me lâcha, comme si ma peau l'avait brûlé.

J'ai tendu le bras vers lui et j'ai serré, tout en tentant de garder la tête froide. Le dégoût qu'il ressentait envers moi, surtout quand il a compris ce que j'étais, me donnait la nausée.

Il m'a craché dessus. Enfin, essayé, puisqu'il a manqué sa cible. Ça n'a pas aidé sa cause.

Je voyais parfaitement qu'il rêvait de me voir morte au moment présent. Il s'apprêtait à sortir une arme, apparament dissimulé dans le sac à sa ceinture.

Je m'apprêtais à lui donner un coup suffisament fort pour l'assomer et fuir quand quelqu'un d'autre s'approcha. Son cri me sorti de mon état et me fit lâcher ma prise.

L'homme tomba sur le dos et pris un faux air terrifié. Il gémit.

《 C'est une... une magicienne...》

Le cri de la femme qui s'était pointé en ameuta d'autres. Ils formaient maintenant une foule. Tous s'étaient assemblé autour de l'homme. Il racontait une histoire stupide, invraisemblable. Il inversait les rôles, disant que je voulais agresser l'enfant et qu'il s'était retrouvé pris au piège quand il avait tenté d'intervenir.

J'ai bien tenté de me défendre, mais à quoi bon? Ce fut un échec total. On a éloigné l'enfant de moi. On m'a traité, à peine discrètement, de monstres. De démons.

《 S'en prendre à un enfant, n'a-t'elle pas honte?!》
《 Même les jeunes sont monstrueux. C'est pour éviter ça qu'on les donne aux autorités!》
《 En plus, c'est la fille qui se serait faite agressé dans la montagne. Je suis sûre qu'elle a menti et qu'elle est responsable de la mort de l'autre pauvre homme.》
《 C'est un danger pour notre village!》

Leurs voix s'élevaient. Leur haine m'étouffait. Tous ces sentiments négatifs me rendaient malades.

Les gens ont tenté de me lancer des pierres. Elles ont toutes été pulvérisées. Mon frère se tenait devant moi, brillait de son aura bleu/verte, le bras tendu. Il était en colère. Et cette colère ne m'était pas destinée.

《 Le premier qui la touche, je le dégomme, sans état d'âme.》

Les voix ont baissés, mais leur haine n'a fait que s'accroître. Elle s'est également dirigé vers lui. Je voulais disparaître.

Ce ne fut que pire quand je vis mes amis dans la foule. Ils avaient des expressions horrifiés.

Kelly me vit. Elle portait un air triste. J'ai vu le souvenir de sa cousine remonter dans son esprit. Elle semblait désolé.

Mais elle m'a rien fait. Elle a détourné le regard. Elle m'a tourné le dos.

Dylan me regardait aussi sans savoir ce qu'il devait croire. Son regard devint vite dur. Froid.

Mon coeur explosa en milles morceaux.

Mon frère me prit par le bras et se mit à courir en direction de la maison. Dès que nous sommes rentrés, il m'a sommé de ramasser quelques affaires. Et de faire ça vite.

Je lui ai obéi machinalement.

J'ai pris quelques habits de rechanges, deux trois autres articles personnels. Puis, j'ai vu ma boite aux trésors. Celle où je gardais tous les cadeaux des personnes qui m'étaient chères.

Je l'ai ouverte. Il y avait le bracelet d'amitié que m'avait offert Kelly il y a 7 ans. Le pendentif, un cadeau de Dylan. Et tout plein d'autres choses du même genre.
J'ai refermé le coffret.

Je ne l'ai pas pris.

J'ai terminé mes préparatifs, et j'ai rejoins mon frère au rez-de-chaussée. Soudain, je sentis une horde d'épée me poignarder. Les villageois. Leur haine. Mes yeux se voilèrent de larmes.

À nouveaux, Willyam me pris le bras. Nous nous enfuièrent par la cours arrière.

Nous avons couru longtemps, nos sacs sur le dos.

Je n'ai plus jamais remis le pied dans notre village.

Ce jour a signé la fin de mes années paisibles.

Un pouvoir venant des étoiles - Tome 2  -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant