CHAPITRE 49 (1/2)

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Quinze heures

PDV de Rose :

Je suis calmement allongée dans mon lit d'hôpital quand je reçois un appel de Victoire.

- Allô ?
- Allô ? Faut que... Je te parle...
- Euh... Pourquoi tu chuchotes ?
- J'ai une minerve...
- Hein ?
- Laisse-moi t'expliquer...
- Vas-y, je t'écoute.
- Romain... Il est... Il est...

Elle finit dans un souffle avant d'éclater en sanglots :

- Mort...

Mon dieu...

- Et il avait une fille en plus...

Mon dieu...

- Quand ?
- ... De quoi ?

Je regarde Paul qui est à côté de moi. Non je ne vais pas parler de mort comme ça, tranquillement devant lui en plus.

- À ton avis.
- ... Il y a trois heures...
- ... Et toi tu es où, là ?
-Commissariat... De Saint Denis.
- Nebout ?
- Oui...
- Tu peux venir ?

Silence.

- Nebout m'a dit oui... Mais...
-Non non, pas de temps avec les "mais". Je t'attends. À tout.

- C'était qui ? Me demande Paul.
- Victoire...
- Qu'est-ce qu'il y a ?
-... Rien...
-... Hum... Je ne te crois pas...
- Et bah tant pis.

Il reste debout, devant moi à me regarder pendant trente secondes puis se dirige vers la porte.

- Je te laisse.

Je reste dans ma chambre. Dans mon lit. Dans mes draps. Dans ma robe. Sous mes bandages. Sous mes pansements.

Je réfléchis... Romain... Romain... Romain... Celui qui l'avait embrassée ? Un infirmier qui était à l'hôpital où Victoire était gardée... Mon hôpital après mon agression à la gare... Une fille... Il avait une fille... Putain... Il avait une fille...

Une heure complète de silence après, la porte grince et laisse entrer Victoire en mon lieu de semi-vie. Bon ok, j'exagère... Même si je ressens encore beaucoup la douleur, je m'y suis habituée et je me remets assez vite de mes souffrances. C'est plus moralement que je vais mal. Mais j'essaie d'oublier en souriant.

Victoire se poste devant moi, regard baissé, tête baissée, épaules baisées. Elle ne bouge pas, ne parle pas. Elle regarde le sol, rien que le sol.
J'ose enfin lui demander :

- Câlin ?

Elle s'approche lentement de moi et me serre dans ses bras. Un câlin faible d'une personne qui est au bout... Mes blessures se font sentir mais tant pis, je laisse. Elle pleure sur mon épaule.

- Une fille... Murmure-t-elle.
- ... Quel âge ?
- ... Cinq ans a dit Charlie...

Cinq ans... Cinq ans... Putain cinq ans quoi... Il avait une fille de cinq ans... J'ai déjà connu un homme qui s'est pendu et avait une fille de trois ans... Je me demande comment la mère avait fait pour lui expliquer...

- ... Et sa femme ?
- Morte... Accouchement...

Mon cœur se resserre. La petite n'est pas gâtée par la vie... Orpheline à cinq ans. Le tableau de sa vie vient de s'obscurcir à jamais. "On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille"... Oui... Et quand on ne les a plus, on ne peut pas les remplacer... Mes yeux et mon nez me piquent. Je suis encore une fois au bord des larmes.

- ... Comment ça se fait que tu sois au courant en fait ? Tu sais comment il est... Mort ? Et puis...
- Tu te demandes pourquoi je chuchote et porte une minerve, ainsi que pourquoi j'ai les yeux éclatés avec des veines très visibles...
- Très glamour... Plaisanté-je pour calmer l'atmosphère lourde.
- Ok...

QUAND LE RIDEAU TOMBE  {FanFiction Mozart l'Opéra Rock}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant