CHAPITRE 77

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PDV de Rose :

Je vois Florent se rapprocher au loin... Il était parti où ? Je quitte Merwan, Solal et Mikele pour aller le voir. Je presse le pas.

- Tu étais où ? Demandé-je.
- Je marchais au bord de l'eau.
- Ah... Tu étais seul ?
- Euh... Oui.

Je me retourne furtivement et fais un rapide signe de main à Mikele pour lui demander de venir me rejoindre. Je me remets face à Florent.

- Tu es sûr ? C'est bizarre, je ne sais pas où est passée Victoire.
- Oui moi non plus, ajoute Mikele.
- Elle a reçu un appel et... Elle est montée à Paris voir Charlie. Mais elle revient demain, elle m'a dit !
- Ah ! Tu sais où elle est ! DONC tu lui as parlé ! DONC tu étais avec elle ! Conclus-je.
- Oui. Enfin...
- Non non non pas de "enfin". Vous étiez seuls tous les deux ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Rien absolument rien !
- Mais bien sûr...
- Rien du tout, assure-t-il.
- Wahou... Victoire a raison. Florent tu ne sais pas du tout mentir. Donc qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- ...
- Allez Flow ! Renchérit Mikele.
- ... On a marché ensemble et c'est tout.
- Ah oui ? Tu es sûr ? Sûr sûr sûr ? Moi je ne suis pas sûre que ce soit tout ce qu'il s'est passé, affirmé-je.
- ... Et on a regardé et analysé les étoiles.
- C'est tout ? Demande Mikele en fronçant les sourcils.
- Absolument.

Il ne dit pas toute la vérité.

PDV de Florent :

Je ne peux tout de même pas leur dire qu'on a failli... S'embrasser... Non non, j'ai dû le rêver...

Vingt-six Avril, 4h00, Bordeaux, couloir de l'hôtel

PDV de Victoire :

Je suis assise par terre, adossée au mur du couloir pour éviter de réveiller tout le monde. Je suis au téléphone avec le fuyard.

- Violet... Vous ne pouvez pas continuer à fuir, vous savez que c'est un délit.
- ...
- Violet, comprenez-vous maintenant ce que j'ai ressenti quand vous étiez à mes trousses ? Un criminel. Vous êtes traîté comme un criminel.
- ...
- Et je vous crois. Je pense sincèrement que vous êtes innocent. Mais vous cacher comme cela ne sert à rien ! Vous ne faîtes qu'empirer les choses !
- ...
- Oui c'est ça... En attendant pour le procès on fait quoi ? On n'a pas fini de tout régler. Il reste un petit truc pour l'enquête.
- ...
- Vous me compliquez la vie... Vous avez de la chance qu'EXCEPTIONNELLEMENT, je sois de votre côté.
- ...
- C'est ça. Au revoir ouais...

Je raccroche... Et je craque. Qu'est-ce que j'ai fait pour en arriver là... Seule au milieu d'un couloir au beau milieu de la nuit, à me morfondre. Je pense que j'ai rêvé sur le fait que Florent et moi avons failli nous embrasser. Je l'ai rêvé, impossible autrement.

L'enquête est fausse. Six mois de travail pour n'aboutir à rien malgré le travail acharné. Des gens sont morts. Mes parents, Romain, et moi ? Et moi... J'ai un mauvais pressentiment qui augmente au fil des jours.

Charlie ? Commissaire, tu parles... Même pas capable d'avoir une cellule qui reste fermée à clé !

Assise par terre, avec des bouts d'enquêtes par-ci, par-là, des photos, je me remets à sangloter. Je prends une photo de mes parents que j'ai retrouvé dans leur maison avant le cambriolage. Je pleure de nouveau et sans m'en rendre compte, commence à chanter en sanglotant :

- Dis-moi, dis-moi que tu m'entends, au moins que tu me vois... Qu'on a encore... Le temps... Dis-moi pourquoi... J'ai froid... Et toi, qu'est-ce que tu peux répondre... À cette vie qui... S'en va... Et toutes celles qui s'effondrent... Et vouloir encore... Ça... Dis-moi que toi aussi tu... Pleures... D'aussi fort que tu sois... Que... Tu ne comprends pas... Que tout ça... Te fait peur... Et nous... Qu'avons-nous fait de vous... S'il est vrai... Ce qu'on nous dit... Que vous parliez d'amour... Qu'est-ce qu'il en reste... Aujourd'hui... Qu'avons-nous fait de nous... S'il est vrai qu'on ait appris... à se parler d'amour...

Puis une voix termine à ma place :

- Qu'est-ce qu'on en a fait depuis...

Je sursaute, avant d'apercevoir Merwan dans l'encadrement de la porte en face de moi.

- Pardon Merwan... Je t'ai réveillé...
- Oui mais bon... C'est pas grave. Par contre toi, qu'est-ce que tu fais là, seule, à quatre heures quinze du mat à chanter et à pleurer ?
- ... J'en peux plus...

Il s'accroupit près de moi et me prend dans ses bras comme le ferait un père à sa fille.

- Pardon Merwan... Mais je ne peux pas te dire...
- Bien sûr que si tu peux ! Je suis ton ami !
- Je sais... Mais je ne peux pas...

On attend quelques minutes comme ça avant que je ne lui dise :

- Tu sais, ton plus beau rôle je trouve, était le Duc de Beaufort dans Le Roi Soleil.
- Tu trouves ?
- Oui. Pas que je ne t'aime pas en clown maléfique, ne t'en fais pas ! Mais je te préfère en Duc... J'adore tes chansons d'ailleurs.
- Contre ceux d'en-haut ? Propose-t-il.
- C'est contre ceux d'en-haut ! Continué-je. À mains nues s'il le faut !
- Qu'on gagnera notre place !

Et voilà comment je me retrouve à rigoler avec Merwan, à chanter du Roi Soleil dans un couloir à quatre heure trente du matin !

- Bien sûr... Tout ceci reste entre nous ? Demandé-je à Merwan.
- Entre nous ! Ce sera notre secret !
- Notre secret ! Bonne nuit Merwan ! Enfin, essaie de te recoucher !
- Oui.

Je me remets dans mon lit sans faire de bruit et pense à ce petit délire nocturne. Merwan a su me remonter le moral en un rien de temps !

Cela m'a rapprochée de lui, aucun doute là-dessus ! Tant mieux, car j'étais loin de lui ces derniers temps... Maintenant, dodo...

Vingt-huit Avril, Bordeaux, Hôtel, 11h30

PDV de Rose :

- Victoire... Tu sais, y'a un truc que je ne t'ai pas dit, lui annoncé-je, un peu stressée.
- Euh... Vas-y ?
- Dans un rêve que j'ai fait il y a longtemps, je...
- Tu ? Me force-t-elle.
- Je... J'embrassais Florent devant toi.
- ...
- Mais encore ?
- Toi, Rose Dujardin, tu embrassais Florent Mothe ? Et devant moi ?
- Bah... Oui ?
- ... Et tu attends quoi de moi ?
- Bah... Une réaction ? Ça ne te fait rien de savoir ça ? Enfin... Tu l'aimes quand même.
- ... Rose. Dans ton rêve tu as embrassé Florent comme ça, en moins de quelques secondes, sans amour. C'est exact ?
- Euh... Je crois que oui.
- Donc en quoi je devrais avoir une réaction. Tu t'attendais à de la jalousie ? M'interroge-t-elle en riant.
- Un peu...
- Bah non.

On ne peut jamais prévoir les réactions de Victoire. C'est énervant.

- En fait, reprend-elle, comme tu ne l'aimes pas, il n'y a aucune raison que je sois jalouse ! C'est comme si moi là, comme ça, j'embrasse Mikele devant toi ! Ça ne va rien te faire parce que tu sais pertinemment que je ne l'aime pas !

Euh...

- Et puis si tu es AMIE avec lui, ça ne devrait pas te poser trop de soucis, n'est-ce pas ? Oh tiens le voilà qui arrive justement ! Bonjour Mikele !
- Salut Victoire !

En rigolant, elle se dirige vite vers Mikele, et sans s'arrêter dans son élan, l'embrasse, s'arrête aussitôt, rigole et part en me disant :

- Tu vois ? S'il n'y a pas d'amour ça fait rien ! Allez, je vous laisse entre AMIS ! Non mais moi jalouse, je rêve... Continue-t-elle en partant.

...Elle... Et bien si Victoire, je... Ne prends pas les sentiments à la légère... S'il n'y a pas d'amour entre vous, pourquoi... Bref. J'ai beau me dire que Victoire me charriait et rigolait à propos de mon rêve, cette image d'elle qui embrasse Mikele est gravée dans ma mémoire.

- Que... Balbutie Mikele, sous le choc. Qu'est-ce qu'il lui a pris ?
- Oh rien ! Elle a voulu me prouver qu'embrasser quelqu'un sans sentiment ce n'est rien... Elle a fait le test avec toi pour me le prouver...
- Ah...

Silence.

- Pourquoi elle a dit qu'on était... "Amis" ? Reprend-il.
- Parce que je ne lui ai toujours pas dit et ce n'est pas prévu que je le dise à quiconque pour l'instant, murmuré-je.
- Pourquoi ?
- Je lui laisse la surprise de le découvrir toute seule.
- Mais c'est méchant pour elle ! Me reproche-t-il.
- Non... Je ne trouve pas tant que ça. Je veux juste que ça reste secret un maximum de temps...

QUAND LE RIDEAU TOMBE  {FanFiction Mozart l'Opéra Rock}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant