L'anniversaire.

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18 novembre 1969.

La salle commune des Serpentards était faiblement éclairée par la sinistre lumière verte du lac en dessous duquel elle se situait. Recroquevillée dans un fauteuil de cuir noir, l'unique élève encore éveillée tenait une lettre d'une main tremblante. Une cascade de long cheveux épais et sombres recouvrait sa nuque blanche, des mèches folles barraient un visage sur lequel on pouvait lire une profonde colère. L'aînée des sœurs Black avait reçu dans la journée une lettre de ses parents.

Chère enfant,

Votre père et moi-même vous souhaitons un bel anniversaire. Nous sommes fiers que la lignée des Black soit désormais représentée par une sorcière aussi douée que vous. Nous avons eu vent, par vos professeurs, que vous continuez d'exceller dans la grande majorité des matières enseignées à Poudlard. Nous n'en attendions pas moins, et vous prions de continuer à travailler dur.
Vous n'êtes pas sans savoir que cet anniversaire est particulièrement important, pour vous mais aussi pour le reste de notre noble famille. Vous êtes majeure depuis désormais un an et cette année est votre dernière à Poudlard, votre rôle en tant qu'aînée n'a jamais été aussi important. Nous connaissons votre tempérament, Bellatrix, aussi avons nous voulu vous faire part de notre décision le plus tôt possible.
Après un long entretient, nous avons convenu avec Arsenius Lestrange de vos fiançailles avec son fils aîné, le jeune Rodulphus. Nous vous prions de vous comporter dignement, et de faire honneur à votre famille. Les Lestrange sont membres d'une maison éminente, ce sont des individus très importants. Ne nous faites pas honte. Il est primordial, plus que jamais, que vous appreniez à vous comporter comme une femme.
Les fiançailles auront lieu pendant les prochaines vacances chez votre oncle. Votre tante Walburga a gentiment accepté de vous partager ses connaissances de maîtresse de maison. Aucun refus, aucun comportement déplacé ne sera toléré.
Nous plaçons tous nos espoirs en vous, Bellatrix. Ne nous décevez pas.
Nous nous reverrons pour Noël.

Druella & Cygnus Black.

Évidemment, à l'inverse de ce qu'avaient souhaité ses parents, la jeune Bellatrix, en lisant ces mots, avait explosé de rage et envoyé valser tout son déjeuner ; ce qui avait eu pour conséquence de plonger la totalité des élèves présents dans la Grande Salle dans un silence de stupéfaction. Depuis, elle n'avait pas prononcé mot et s'était contentée de serrer les dents. Il lui était impossible ce soir là de trouver le sommeil. Le nom de son promis résonnait encore dans son esprit. Rodulphus Lestrange. Ce sale gamin qui avait passé sa scolarité à se pavaner dans les couloirs de Poudlard, n'ayant pour seul atout que son nom, deviendrait son époux. Elle serait condamnée à n'être qu'une mère au foyer, esclave de son mari puis de ses enfants. Bellatrix ne voulait pas de cette vie qu'elle tenait en horreur. Elle refusait absolument de vivre à travers quelqu'un d'autre, de ne servir qu'à perpétuer un nom qui n'était même pas le sien, aussi noble était-il. Bien entendu, elle savait qu'il était de la plus haute importance que les sorciers de sang-pur préservent leur lignée, cela allait de soit, mais jamais il ne lui était jamais venu à l'esprit qu'elle pouvait être concernée.
La jeune sorcière était brillante, peut être même la meilleure de sa génération. Elle avait été préfète et préfète-en-chef de sa maison. Elle avait eu son permis de transplanage haut-la-main et comptait bien obtenir les meilleurs résultats possibles à ses ASPIC. Elle ne méritait pas de devenir une simple mère-pondeuse pour les Lestrange. Pourtant, elle savait qu'elle n'avait pas le choix. Elle était l'aînée des Black. Elle devait montrer l'exemple, et obtempérer sans rechigner. Elle devait accepter son destin.

****

L'imposant château était recouvert d'un épais manteau de neige, les élèves enthousiastes préparaient leurs valises dans les salles communes et se déplaçaient d'un pas impatient vers la gare de Pré-au-lard où le Poudlard Express les attendait pour les ramener à leurs familles. Tous abordaient des sourires joyeux sur leurs visages innocents. Tous, sauf Bellatrix. La jeune brune se traînait dans les couloirs de Poudlard, retardant au maximum le moment où elle monterait dans ce maudit train. Avec un peu de chance, elle raterait même son départ et passerait ses vacances seule à l'école. Même cette triste perspective lui allait mieux que ses fiançailles arrangées. Une voix d'homme la tira soudainement de ses pensées.

A Black Tale : Sisters of House BlackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant