» Chapitre 60 : Tête à claques «

958 65 16
                                    

   Lorsque je me réveille le lendemain matin, Michael n'est pas là et les couvertures de son côté du lit sont parfaitement bien tirées. Après avoir végété un petit moment les yeux fermés, je me lève et essaye de démêler l'élastique que j'avais encore dans les cheveux tout en me dirigeant vers la salle de bains.

   Un demi-flacon d'après-shampoing plus tard, je sors de la pièce en peignoir et retourne dans la chambre, où je m'arrête devant le dressing de Michael pour lui emprunter un t-shirt noir. J'aurais aussi pris un de ses joggings s'ils n'étaient pas tous au lavage, mais comme il n'en reste pas je me résigne et enfile le mien de la veille. Je retourne ensuite dans la salle de bains où je prends le panier à linge sale pour aller mettre une machine en route dans la cuisine.

- Tu as encore des trucs à laver? je demande à Michael, qui est en train de mettre la vaisselle d'hier dans le lave-vaisselle. 

- Tu peux rajouter le torchon de cuisine, répond-il tandis que je suis en train de mettre le linge dans la machine à côté de lui.

   Je prends le torchon qu'il me tend et le mets avec le reste dans la machine. J'avais probablement vu un peu trop large puisque le tambour est à peine rempli à moitié.

- Encore quelque chose? je demande en commençant à calculer le planning que ça donnerait si je mets les plaids du canapé à laver maintenant plutôt que le lundi soir comme je fais habituellement, à moins que je n'en profite pour changer les taies d'oreiller parce qu'on ne peut pas trop laver souvent les taies d'oreiller et que...

   Je me redresse pour aller chercher les plaids sur le canapé, mais m'interromps en voyant Michael enlever son t-shirt et le mettre dans la machine. 

- Ce n'est pas exactement ce que j'avais en tête, dis-je sans prendre la peine de le regarder dans les yeux, mais ça c'est... fait, je suppose.

- J'avais prévu de le mettre à laver ce soir de toute façon, se justifie-t-il innocemment. Tu es sûre de ne rien avoir sur toi que tu puisses sacrifier pour mettre dans la machine? 

- Juste pour la machine, hein? je demande en plaisantant tandis que je ferme la porte et lance le programme de lavage. 

- Pour moi aussi. 

- Vraiment? 

- Juste par souci de parité, en réalité. J'ai l'air fin si je suis le seul à moitié à poil, précise-t-il avec un sourire en coin. 

   J'essaye de paraître désintéressée en refermant le lave-vaisselle à son tour, mais mon sourire à moi doit certainement me trahir.

- Personne ne t'empêche d'aller te rhabiller, Michael.

- Pas même toi? me demande-t-il avec un air angélique qui me donne envie de prendre une photo pour en faire mon nouveau fond d'écran. 

   Je me mordille l'intérieur de la joue, puis lève finalement les bras au-dessus de la tête. Michael plisse un peu les yeux, l'air de se demander quelle mouche a bien pu me piquer, puis j'ai littéralement l'impression de voir une petite ampoule s'allumer dans son cerveau. Il attrape mon t-shirt par le bas avant de me le passer par-dessus la tête.

   * * *

   La deuxième fois que j'ouvre les yeux dans le lit ce matin-là, Michael est allongé en face de moi. Je porte un autre t-shirt noir, mais le jogging est entre temps porté disparu.

   Il y a quelques années, Ada m'avait appelée à la dernière minute un samedi de juillet pour me demander si je pouvais venir chez elle et garder Karl pour la journée. Je n'avais de toute évidence rien d'autre de très important prévu puisque j'y suis allée. Avec Karl, on a probablement passé la matinée à faire de la pâte à modeler - il était dans sa phase pâte à modeler à ce moment là -, puis comme tous les grands garçons de cinq ans, il a dit qu'il ne voulait pas faire de sieste parce que c'est pour les bébés juste avant de s'endormir en plein milieu sur le tapis du salon. 

[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant