» Chapitre 23 : Vampires «

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   Je cours, mais je ne vais pas bien loin.

   J'ai la tête qui tourne - je n'ai jamais eu de traumatisme crânien, mais je crois qu'à ce stade, il est probable que j'ai un truc comme ça. Et à cause du verre cassé, je me mets à saigner de partout, des mains, du visage. C'est exactement comme la fois où je m'étais ramassée sur du gravier en voulant échapper Polly et que je me suis retrouvée dans un beau pétrin parce que je n'avais pas mon médicament sur moi. Par chance, Michael n'avait pas été loin et avait pu m'emmener à l'hôpital, mais maintenant...

   Pas de Michael à l'horizon, juste moi déambulant dans les rues sombres de Birmingham, dans un quartier où je n'avais jamais mis les pieds de ma vie. Sans mon portable, qui a été réquisitionné par les «policiers» bien évidemment.

   Le seul point positif de tout ça, c'est que je ne crois pas être suivie. Peut-être qu'ils se sont dit qu'au point où j'en suis, j'allais mourir bien sagement toute seule et qu'un camion poubelle passant dans le coin allait retrouver mon cadavre au petit matin...

   Non non non non non. Ma vision commence à se brouiller, mais ce n'est pas le moment de baisser les bras. Je m'agrippe à un haut grillage faisant le tour de ce qui doit être une usine pour me donner de l'équilibre et essaye de continuer à avancer autant que possible. Peu importe où je vais.

   J'essaye d'avancer en direction de là où la lumière se fait plus vive. Plus de lampadaires, ça doit vouloir dire que le centre ville est par là, et le centre-ville, ça veut dire retour en terrain connu. A moins qu'il serait préférable que je fasse l'inverse? M'éloigner de Birmingham et me cacher dans les sous-bois le temps que tout se calme? Oui enfin d'ici là, j'aurais probablement saigné à mort, donc c'est...

   Tout à coup, j'entends une voiture s'approcher.

   Oh non. C'est fou à quel point même dans les pires moments, la vie trouve toujours un moyen d'en rajouter une couche.

   Peut-être que c'est juste un... facteur qui s'est levé tôt pour aller au travail. Un infirmier. Un éboueur. Quelqu'un qui aime faire des tours en voiture dans des zones industrielles la nuit.

   Mais l'étincelle d'espoir que je nourrissait s'éteint quand le véhicule ralentit jusqu'à s'arrêter juste à côté de moi.

   Ça y est, c'est la fin. Je suis même trop fatiguée pour pleurer. Tandis que j'essaye d'avancer comme je peux, je ne peux m'empêcher de penser que je n'aurais même pas été fichue de rompre avec Harrison avant ma mort. Ce qui voudra dire qu'il sera au premier rang à mon enterrement et que tout le monde sera là en mode «désolé pour ta perte, mec, ça doit être horrible d'avoir perdu son âme soeur» alors que ce n'est certainement, mais alors certainement pas...

   Une portière de la voiture s'ouvre. Adieu.

- Ne me faites rien, s'il vous plaît, je parviens à couiner entre deux grandes inspirations.

- Viens, Linn.

   Tatiana Petronova. Je tourne la tête dans sa direction et elle est là, sur le trottoir. Elle est seule et n'a pas d'arme à la main, mais a sûrement un couteau glissé dans sa chaussette et...

- Qu'est-ce que je vous ai fait? je demande en sentant que je vais soit tomber dans les pommes, soit pleurer, ou les deux. J'ai juste essayé de vous donner un coup de main - bon, dans le but de récolter quelques millions, certes, mais...

- Ce n'était pas censé se passer comme ça, soupire-t-elle en s'approchant de moi. Viens, il faut que je t'emmène en sécurité... Mon Dieu, c'est quoi tout ce sang?

   Elle essaye de me soutenir par le bras et je suis trop fatiguée pour réussir à protester.

- On va à la maison- promis, Linn. Si j'avais su qu'il allait se comporter comme il l'a fait, je n'aurais jamais...

[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant