» Chapitre 50 : Le plan «

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A 20h45, Michael n'est toujours pas revenu.

Cela fait une demi-heure pile que je me tiens à côté de Gina dans l'entrée. Elle a un petit Elio somnolant contre elle et moi j'ai un pistolet dans la main.

Je n'ai pas prononcé le moindre mot et Gina non plus. Une fois qu'elle avait fini de manger les chips, on était juste là, avec le ronronnement régulier du frigo comme seul arrière-fond sonore.

J'ai eu 30 minutes pour essayer de trouver une explication logique à ce qui est en train de se passer. 30 minutes, ça permet de réfléchir à beaucoup de choses différentes.

Tout ça a quelque chose à voir avec le père Hughes. Forcément.

Oswald Moseley peut être aussi.

Heureusement que Campbell est mort. C'est déjà ça en mois.

- Il est l'heure.

C'est Gina qui a finalement brisé le silence, à 20h46.

- On fait quoi? je demande en me tournant un peu pour lui faire face. Ce que Michael a dit?

- Bien sûr qu'on fait ce que Michael a dit, me répond-elle comme si je lui avais demandé si la Terre était ronde. Passe moi ton portable, j'appelle Thomas.

- On devrait peut-être attendre juste un peu, au cas où Michael...

- Seigneur, et c'est à toi qu'on confie un flingue? (Elle soupire et tend une main dans ma direction. Je sors mon portable de la poche de mon jogging, le déverrouille et lui tends.) Pourquoi il y a l'emoji avec les lunettes de Soleil à côté du nom de Thomas?

Dans d'autres circonstances, j'aurais probablement ressenti le besoin de me justifier en disant que c'était un truc qu'on avait fait avec Finn une fois pour rigoler, mais là je me contente d'hausser les épaules en la regardant porter le portable à l'oreille.

J'entends que ça sonne.

Et au même instant, c'est la sonnerie de la porte d'entrée qui se fait entendre. Un coup sec.

Gina fait un pas en arrière et resserre son étreinte autour d'Elio. Je sens ma main droite trembler. S'il s'avère que ça devienne nécessaire, je ne vais jamais de la vie réussir à viser quoi que ce soit.

J'inspire le plus lentement possible et cale la crosse du pistolet correctement dans ma main.

- Linn? C'est moi, se fait entendre une voix derrière la porte.

Mais ce n'est pas Michael. C'est Tommy.

- Où est Michael? je demande sans bouger.

- Avec Polly. Ouvre la porte, Linn, répond-il. Vous n'êtes pas en sécurité ici.

Gina me fait un signe de la tête pour que je m'exécute. Je ne lâche pas le pistolet et ouvre la porte de l'autre main.

Au moment où j'ouvre la porte...

Tommy se trouve de l'autre côté. Seul.

Pas de père Hughes ou de Mosley le tenant en otage pour qu'il les conduise à nous.

- Venez, dit Tommy en s'éloignant déjà dans la cage d'escaliers.

Ses cheveux sont trempés. C'est vrai, ils avaient dit à la météo qu'il allait pleuvoir toute la nuit. Demain aussi, je crois.

Je fais disparaître le pistolet au niveau de la ceinture du jogging avant de le suivre, Gina sur les talons. La lumière dans les escaliers est éteinte et même si le Soleil d'été ne s'est pas encore complètement couché, on n'y voit rien et à chaque marche que je descends, j'ai l'impression que ça sera le pas à côté qui me fera tomber par terre.

[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant