» Chapitre 20 : Marquis of Lorne «

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    Le reste de la journée se passe sans encombres - ce qui veut dire que Tommy n'a pas parlé avec Lizzie, ou qu'il a effectivement discuté avec cette dernière mais qu'il n'a juste pas survécu à la confrontation.

   Je commande un taxi pour 17 heures 30 - Meghan, comme j'ai pris l'habitude de le faire. Non seulement elle roule de façon beaucoup moins brusque que ses collègues, mais en plus, elle connaît des raccourcis pour aller absolument partout qui font souvent gagner un temps considérable. Et en plus, elle m'est sympathique et on discute souvent de tout et de rien quand on est bloquées aux feux rouges.

- Meghan, je la salue en montant à l'arrière. Comment allez-vous? On va au Marquis de Lorne, si possible.

- Comme si c'était fait, répond-elle en allumant le moteur.

   On roule en silence jusqu'à Birmingham et j'en profite pour répondre à un SMS de ma mère, dans lequel elle m'informe que la voisine du dessus a encore fait sécher son linge dans la cour de l'immeuble alors que c'est interdit par le règlement de la copropriété.

   Avec l'augmentation drastique de mon salaire ces dernières années, j'ai bien évidemment proposé à mes parents de les aider à s'installer quelque part d'autre - une petite maison, ou au moins un appartement plus grand dans un quartier plus calme, mais ils ont catégoriquement refusé. J'avoue que je n'ai été qu'à moitié surprise par leur réponse : on n'en parle jamais, mais je sais que s'ils voulaient vraiment mener un train de vie plus luxurieux, ils le pourraient. Après tout, après les magouilles des Shelby et des Solomons auxquelles était impliquée ma mère à la fin du siècle dernier, je me doute bien qu'ils ont encore des contacts à droite et à gauche, mais ils ont mis tout ça derrière une porte qu'ils ont bien l'air décidé à ne jamais rouvrir.

   L'important, c'est qu'ils soient contents.

- Meghan, dis-je au bout d'un moment, alors, vous avez eu des nouvelles de vos sœurs? Il fait beau en Australie en ce moment?

- Oh, c'est gentil à vous de vous être souvenue de ça. Oui, il y a encore des feux de forêts, mais ça se calme de jour en jour. Mon ancienne voisine m'a dit qu'elle avait entendu dire que les experts ont l'espoir que tout soit éteint avant la fin de la semaine...

   Elle continue à parler de l'Australie pendant le reste du trajet, et je ne peux m'empêcher d'être impressionnée par son parcours de vie. L'année dernière, elle a quitté l'Australie sur un coup de tête pour venir en Angleterre, sans un sou à son nom et elle a dû enchaîner petit boulot sur petit boulot pour pouvoir se payer la formation de conducteur de taxi. Je ne sais pas si j'aurais été capable de faire ça, tout laisser derrière et aller tenter sa chance à l'autre bout du monde. Certes, je suis bien partie à New York un peu à l'improviste comme ça, mais ce n'était pas toute seule et je n'avais pas la pression financière...

- Et voilà, madame Linn, annonce Meghan en se garant devant le pub.

- Merci beaucoup. A la prochaine - demain, si vous êtes dans le coin?

- A demain, dans ce cas.

   Je ferme la portière, puis resserre ma veste autour de moi. Il commence à faire très frais et je m'empresse de rentrer dans le pub pour profiter du chauffage.

   Le pub est assez rempli - pas autant qu'un vendredi soir, mais plus qu'un mardi matin - et je dois me faufiler entre quelques tables avant de dénicher un siège haut au bar.

- Et pour la demoiselle, ça sera quoi? me demande une voix que je reconnais immédiatement.

   Isiah se tient de l'autre côté du bar, un torchon jeté par-dessus l'épaule.

[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant