» Chapitre 65 : Respirer «

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- Salut.

- Salut.

   J'ai entendu la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer il y a au moins cinq minutes avant que Michael n'apparaisse dans la cuisine. Mon premier réflexe serait de descendre du plan de travail sur lequel je suis assise pour qu'il me prenne dans les bras pour me dire que tout va bien et que tout ira bien jusqu'à la fin des temps. Mais je ne bouge pas.

   Je remarque qu'il porte les mêmes habits que la veille. Il a oublié de boutonner un bouton au niveau de la poitrine et une fine bandelette de peau transparaît. 

- Tu fais quoi? me demande-t-il après un long silence durant lequel j'ai cherché son regard sans jamais le croiser. 

- Un gâteau, dis-je en faisant référence au moule rectangulaire que j'ai temporairement posé sur mes cuisses.

- En mangeant toute la pâte avant de le cuire? 

   Un regard vers la cuillère qui est dans le moule m'indique que j'ai effectivement mangé une bonne partie de la pâte, un peu plus que ce que j'avais prévu. 

- Oui, je réponds finalement. 

   Michael ne commente pas. Et ne me regarde toujours pas. Comment pourrait-il? Après tout ce qu'on a appris hier, il... est probablement dégoûté de tout ça. De moi. Pas de moi-moi, mais de moi-qui-est-tout-autant-la-soeur-de-sa-soeur-à-lui-que-lui-même-est-le-frère-de-sa-soeur-à-lui.

   Ca y est, c'est la fin. 

   Il va repartir à New York. Peut-être se remettre avec Gina - pas tout de suite parce que c'est Gina qui avait rompu avec lui, mais s'il a en tête de se remettre avec Gina, ils termineront ensemble. Avec deux ou trois sourires en coin... oui, le problème avec les gens comme Michael Gray qui sont... de marbre 99% de temps, c'est qu'il suffit qu'ils adressent une fois un signe qui serait en temps normal simplement considéré comme amical ou juste pas complètement antipathique pour qu'on se sente soudain complètement subjugué par le fait que nous, petite personne que nous sommes, avons réussi à avoir cet effet, ne serait-ce que pendant...

- Tu as dormi cette nuit? me demande-t-il en me faisant revenir à la réalité.

   Je lève la tête et mes yeux croisent les siens. C'est moi qui détourne le regard en premier. 

- Un peu.

   Ce n'est pas vrai, je n'ai pas dormi cinq minutes. J'étais trop occupée à resasser en boucle les événements de la veille, à me demander comment tout ça prenait sens. A réfléchir à comment tout ça évoluera.

   La conclusion à laquelle je suis parvenue est qu'il n'y a aucun sens à tout ça et que ça ne tournera pas bien non plus.

   Michael pose une sacoche sur la table de la cuisine et ce n'est qu'à ce moment là que je réalise qu'il la tenait en main depuis le début. Il l'ouvre, puis en sort une pochette en plastique transparente dans laquelle se trouve plusieurs feuilles.

- Par souci de... rigueur, j'ai refait des tests ADN. Pour savoir si... Si Megan est effectivement... 

   Il me tend la pochette, mais comme je ne fais pas le moindre geste pour la prendre, Michael hésite un instant avant de la faire disparaître à nouveau dans la sacoche.

- Alors, est-ce que Megan est effectivement?

- Megan est effectivement, confirme-t-il en fixant un point invisible sur le papier peint du mur. Et... j'ai aussi vérifié si nous deux, toi et moi... Dans la mesure où Polly a déjà...

   Il a vérifié si lui et moi, nous n'avions pas du matériel génétique en commun. Si son père à lui ne se serait pas avéré être le mien. Car après tout, est-ce qu'on est vraiment à une révélation de près?

[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant