» Chapitre 49 : Pringle's «

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- Tu veux les chips barbecue ou les autres? je demande à Michael depuis la cuisine en ouvrant un placard. 

   Comme je ne l'entends pas répondre depuis le salon, je prends ceux aux paprika et retourne le rejoindre. 

   Depuis qu'il a quitté New York pour Birmingham à plein temps, Michael loue un appartement au centre-ville auquel il n'a absolument pas touché à la décoration pour l'instant. 

   Comme son nouveau logement a l'avantage d'être à deux rues du mien, et bien... Disons le fait que je trouve cette proximité géographique comme un avantage en dit déjà pas mal, je suppose. Mardi soir, je suis resté chez Michael jusqu'à une heure trop tardive pour que ça vaille encore la peine de rentrer et... Disons simplement qu'on est désormais samedi et que je n'ai aucun moyen de savoir si mes plantes se portent bien depuis.

   Ce sont des plantes qu'il ne faut qu'arroser une fois par semaine, leurs jours ne sont donc pas en danger. 

   Lorsque j'ai mis les pieds dans le nouvel appartement de Michael Pour la  première fois, je n'ai tout simplement pas compris ce que j'avais sous les yeux : si on considère déjà qu'Arrow House est resté coincé une centaine d'années dans le passé, l'effet vintage de cet appartement-ci est encore plus renforcé du fait qu'il n'y a pas de cadres photos ou de jouets traînant à droite et à gauche comme chez les Shelby.

   Le canapé, en revanche, est tout neuf. Et... Michael ne s'y trouve pas lorsque j'arrive avec mon paquet de tuiles Pringles dont j'essaye d'ouvrir l'opercule alors que la petite languette vient de se déchirer sous mes doigts. Mince.

   Je m'apprête à retourner dans la cuisine afin de venir à bout de la chose avec un couteau, mais m'interromps lorsque je vois de la lumière venir dans l'entrée. Je fais quelques pas dans cette direction, puis ce que j'y vois m'aurait presque fait lâcher mes chips par terre.

- Bonsoir, Linn, me dit Gina Peretti sur un ton qui indique nettement qu'elle n'en a pas grand-chose à faire que je passe un bon soir ou pas. Michael, tu aurais pu me dire que tu avais de la visite.

   Lorsque Michael se retourne un peu vers moi, je vois qu'il a un bébé dans les bras. 

   Elio.

- Si tu avais prévenue que tu allais venir, répond Michael un peu froidement, j'aurais pu faire les arrangements nécessaires. Où est la nourrice? 

   Gina Peretti referme la porte de l'appartement derrière elle, puis y entre en passant à côté de moi comme si elle était chez elle. Elle pose son petit sac à main noir sur un buffet. J'essaye de ne pas penser au jogging gris et au t-shirt blanc de Michael qui me servent de pyjama, qui tranchent radicalement avec sa robe et ses hauts talons.

- Michael Gray, est-ce que tu voudrais bien m'expliquer pourquoi je viens de recevoir une menace de mort à 5 heures ce matin? (Elle ouvre son sac et en sort une lettre un peu froissée qu'elle tend à Michael.) J'ai cru à une mauvaise blague, mais peu importe qui a fait ça n'aurait pu savoir...

   Elle laisse sa phrase en suspens le temps que Michael parcoure la lettre du regard, tout en tenant Elio contre lui de l'autre. Elio bave un peu et Gina va lui tamponner la bouche avec le bavoir qu'il a au cou.

   D'un côté, je me sens vraiment de trop et ai envie de sortir un «bon c'est pas tout mais je vais peut-être vous laisser», mais de l'autre... des menaces de mort? Sérieusement? De la part de qui, cette fois-ci?

   Je serre un peu la boîte de chips sous mes doigts pour me rattacher à quelque chose.

- Qui d'autre a lu ça? demande Michael en rendant le papier à Gina. Ton père?

- Bien sûr que non! Tu me prends pour qui?

   Michael ferme les yeux un long moment et je n'ose pas briser le silence pour demander ce qu'il se passe, même si la question me brûle les lèvres. Lorsqu'il les rouvre, il tend Elio à sa mère et disparaît rapidement vers la chambre, avant de revenir une seconde plus tard.

   Un pistolet en main. 

   Pistolet qu'il me tend.

   A moi.

- Linn, il faut que tu restes ici et que tu les protèges s'il y a quelque chose.

- Quoi? 

   Gina et moi avons prononcé ce mot à l'unisson. 

   Michael me tend l'arme et je la prends néanmoins.

- Je sais tirer, se défend Gina en redressant Elio dans ses bras.

- Oui, mais Linn sait mieux le faire, répond Michael en enfilant sa veste dans l'entrée. Je reviens dans vingt, vingt-cinq minutes au plus tard. N'ouvrez à personne. (A ce moment, je crois qu'il va se retourner, mais il n'en fait rien.) Si à 20h45 je ne suis pas là, appelle Tommy, Gina. Linn a son numéro.

   Gina? Pourquoi c'est Gina qui doit appeler Tommy?

   Qu'est-ce qui est en train de se passer?

- Michael? insiste Gina d'une voix beaucoup moins assurée qu'il y a cinq minutes. Qu'est-ce que tu vas faire? 

- Quelque chose que j'aurais dû faire il y a longtemps.

   Il ouvre la porte et la referme derrière lui. Il a laissé les clés du côté intérieur et je m'empresse de fermer à double tour. 

   Super.

   Lorsque je me retourne, je vois que Gina est blanche comme un linge. C'est seulement maintenant que je remarque qu'elle n'est pas maquillée et que ses cernes sont au moins aussi grosses que les miennes les mauvais jours. 

   Tout à coup, elle cale Elio sur sa hanche avant de tendre une main dans ma direction. Sur le coup, je ne comprends pas trop ce qu'elle veut, puis je lui tends les Pringle's. Elle prend la boîte d'une main, la pose sur la commode, essaye de l'ouvrir avant de remarquer que la languette est cassée.

- Attends, je vais chercher un truc pour ouvrir... dis-je en me mettant en route vers la cuisine.

   Mais je n'ai pas besoin d'aller plus loin : elle poignarde l'opercule deux coups avec ses ongles rouges, puis en sort trois tuiles qu'elle avale presque d'un coup.

* * * 

Parce que ça faisait longtemps, petit message pour vous remercier de suivre cette histoire! Et pour vous dire que j'ai tellement hâte de publier les chapitres qui suivent, comme d'habitude il y en a qui sont mieux que d'autres mais il y en a certains dont je suis particulièrement satisfaite. 

Petit teasing pour la route (à lire d'une voix niaise et détestable) : ça faisait longtemps qu'il n'y avait plus eu de chapitre du point de vue de Tommy, non?

 

[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant