[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AU

» Chapitre 62 : ADN «

   Anna est ma fille à moi, dit mon papa. 

   Il y a cinq minutes, on apprend que la soeur de Michael n'est en réalité jamais morte et qu'elle vit pratiquement avec nous depuis genre un an. Et maintenant, c'est...

   Ca n'a pas de sens. Rien de tout cela n'a de sens - comment peut-on penser, à notre époque, que quelqu'un est décédé alors que ce n'est pas le cas? Il n'y a pas genre un million de papiers à remplir, un milliard de machins à déclarer quand quelqu'un meurt? Et un enfant de deux ans, en plus?

   Et maintenant, en plus de ça, mon père...

- Métaphoriquement, dis-je sans savoir si je dois le regarder lui ou Megan. Depuis que tu l'as rencontrée, tu... (Mon cerveau n'a jamais autant travaillé de toute ma vie.) Non, en fait, quand elle était petite - ça correspondait à l'époque de quand vous étiez encore proches des Peaky Blinders, donc quand Polly avait les mains pleines c'était toi qui t'occupais de Megan vu que le père de Michael était déjà mort et du coup comme tu étais tout le temps avec bébé Megan au fil des mois tu la considérais comme ta propre fille aussi et...

- Si seulement, Linn, m'interrompt ma mère avec un air mi-blasé, mi-crispé. Mais non, c'est littéralement son père biologique. Tu es content de ce que tu fais à notre Linn, Peter?

   Mon père me regarde avec le même air désolé que la fois où il était arrivé en retard à mon spectacle de fin d'année de CE2 et qu'il avait entièrement loupé mon grand solo de danse qui consistait à passer devant tous les autres enfants sur la scène, habillée en jaune de la tête aux pieds, pour écarter les bras et faire comme si j'étais le Soleil qui annonçait que dans notre petite pièce de théâtre, une journée s'était écoulée. 

   Je lui en avais voulu de ne pas avoir vu mon grand début sur les planches, mais je lui en ai encore plus voulu d'être arrivé à la dernière minute et d'avoir essayé de me convaincre que «mais si, pupuce, j'étais là - tu as très bien fait le Soleil, je suis très fier de toi». Si j'avais effectivement été un Soleil hors pair sur scène, je n'aurais certainement pas réalisé la subergerie, mais dans la mesure où j'avais été un Soleil plutôt nul qui a loupé à deux reprises le bon moment pour m'avancer sur le devant de la scène, la Linn de 8 ans n'était pas dupe. 

   Je suis tombée de haut, ce jour-là. Je crois qu'avant cet incident, je n'avais pas vraiment intégré le fait qu'un de mes parents ait pu me mentir à moi. Mentir à la voisine du deuxième lorsqu'ils affirmaient que non, ils n'ont pas vu ce qui est arrivé aux pots de fleur dans l'entrée dans l'immeuble (alors que c'était moi qui les avais cassés en tombant dessus en rollers), ça oui. Mais à moi...

- C'est une blague? je demande finalement en le regardant. 

- Exactement ce que j'ai demandé moi aussi lorsqu'on me l'a annoncé, renchérit ma mère à voix basse sur un ton amer.

- Oh, donc maman vient aussi juste de l'apprendre? Et toi tu le savais depuis...

- Ta mère l'a su avant même qu'Anna ne naisse, répond calmement Polly. 

   Super.

   Fantastique. 

   J'ai envie de vomir. 

   Ce n'est pas possible.

   Pendant un long moment, personne ne dit rien et je sens que tous les regards sont braqués sur moi - sauf celui de Tommy, qui est occupé à se resservir un généreux verre de whisky. 

   Même Michael est en train de me regarder.

   Michael ne devrait pas être en train de me regarder. Il devrait être en train de fixer sa soeur, être en train de se demander comment il a pu vivre si longtemps sans savoir qu'elle était encore en vie, pas de réfléchir à...