- Je t'avais dit que c'était un con, Linn.
Le ton d'Harrison n'est pas plein de reproches quand il dit ça. Au contraire, il a l'air sincèrement touché par le fait que des années plus tard, Michael arrive toujours à venir faire le bazar comme ça.
Assise sur le bord du lit, j'ai posé la tête sur l'épaule d'Harrison et il a passé un bras derrière mon dos de façon à pouvoir faire passer quelques mèches de mes cheveux entre ses doigts.
- C'est pas que lui, dis-je en me redressant un peu. C'est toute cette crise économique - d'accord, il nous a fait perdre des milliards, mais même s'il arrivait à tout regagner, avec l'inflation il faudrait compter des années en plus pour pouvoir égaliser tout ça et entre temps, les orphelinats...
- Tes orphelinats vont s'en sortir, m'interrompt-il doucement. Et pas juste parce que je sais que tu sacrifierais tout ton salaire juste si ça pouvait leur acheter des jouets pour Noël - une des nombreuses choses que j'aime chez toi -, mais aussi parce que je suis sûr que Tommy Shelby et les autres... Soyons honnêtes, il suffit qu'ils vendent une de leurs résidences secondaire aux Baléares et c'est bon, tous les orphelins du pays ont à manger pour les cinquante prochaines années.
- Oui, les orphelinats, c'est une chose, mais... tiens, le projet développement durable qu'Ada voulait présenter à la prochaine réunion de famille? A la poubelle, direct. Le programme «Shelby Company Limited divise par deux ses émission de CO2 d'ici 2030»? Poubelle.
- Linn, ce n'est pas de ta faute si le capitalisme, c'est nul! C'est ce que tu avais dit, tu t'en souviens?
Je ne peux m'empêcher de sourire en entendant sa remarque. Au lycée, en première, on devait une fois présenter les différents courants de pensée économique et j'étais tombée sur le marxisme. A la fin, la prof m'avait demandé ce que je pensais personnellement de notre capitalisme actuel après avoir fait des recherches sur les travaux de Marx et la seule chose que j'avais trouvée à répondre sous le stress, c'était une sorte de bégaiement qui signifiait «le capitalisme, c'est un peu nul».
Je me souviens de cette anecdote car c'était le jour où le Harrison Lloyd, un des gars les plus populaires de ma classe, m'avait fait parvenir un petit papier en cours d'anglais sur lequel était écrit : «le capitalisme c'est nul, mais est-ce qu'aller au cinéma samedi avec moi le serait aussi?».
Et oui, il lui en fallait peu à Linn, 16 ans.
Parfois, je me demande ce qu'il se serait passé si nos noms de famille n'avaient pas été proches dans l'alphabet. Lloyd et Pritchard, dans le groupe numéro deux des cours de maths, histoire et d'anglais. On n'aurait pas été dans la même classe, il ne m'aurait pas invité au cinéma, on ne se serait pas retrouvé à regarder ce film d'auteur danois que j'avais trouvé plutôt ennuyant mais qui correspondait totalement à ce qu'était Harrison. Il n'en avait rien à faire de mettre des chemises hawaïennes toutes l'années quand la mode était aux pulls Adidas, il n'hésitait pas à interrompre le prof de littérature pour lui expliquer que pour lui, telle ou telle oeuvre de Virginia Woolf ne s'interprétait pas forcément de telle ou telle manière...
Il n'en avait rien à faire de ce que les gens pensaient. Pas dans un sens insolent, loin de là - il avait sa vision des choses, sa façon d'être et cette façon d'exister qui lui était propre impliquait qu'il respecte celle des autres. Jamais un mot plus haut que l'autre, c'était impossible de ne pas l'adorer.
Une fois, une amie à moi a dit qu'Harrison Lloyd était au lycée Winston Churchill ce que Britney était à la musique pop et c'est une comparaison qui m'a longtemps marquée. Même ceux qui n'écoutent pas Britney savent qui est Britney et c'était pareil avec lui.
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[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AU
Fanfiction[ Ceci est la suite de l'histoire "Michael Gray » Peaky Blinders AU", il est nécessaire d'avoir lu le premier tome avant de commencer celui-ci! ] Quatre ans plus tard... [ Fin du résumé ] → NOUVEAU CHAPITRE tous les mardis et samedis ! (généralemen...