» Chapitre 39 : La cerise sur le gâteau «

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- Ma mère te transmet le bonjour, dis-je à Tommy en guise de salutation. 

   Il ne lève pas les yeux du document qu'il est en train de lire tandis que je prends place sur un fauteuil devant son bureau. Une fois assise, je réajuste un peu ma veste en jean pour me donner un peu de consistance.

- Linn. Tu travailles le dimanche, maintenant? 

- Je reviens d'un petit brunch très intéressant avec ma mère. Tu sais ce qu'elle m'a raconté?

- Je suppose que tu vas me dire ce qu'elle t'a raconté, répond-il sur un ton désintéressé.

   Je veux bien être gentille, mais là... Comme il a l'air plongé dans sa lecture, j'attrape le document d'une main et le retourne sur la table, dans le but de lui faire comprendre que... Que je ne viens pas sur mon lieu de travail le dimanche comme ça juste parce que je n'ai rien de mieux à faire.

- Je ne vais pas te dire ce qu'elle m'a raconté, Tommy, puisque je suppose que tu en sais déjà plus que moi. Je... qu'est-ce qui s'est passé, le soir où vous êtes allés trouver Harrison? Et... non, en fait, je crois que ma question c'est plutôt : qu'est-ce que ma mère a à voir avec tout ça? 

   Bien sûr, ma mère ne m'a pas explicitement dit qu'elle avait un rôle à jouer dans cette affaire, non. Mais lorsqu'au cours du repas, elle a mentionné avoir été à Birmingham justement le jour J - soi-disant pour aller rendre visite à une ancienne collègue, puis qu'elle a posé quelques questions beaucoup trop anodines sur Harrison que j'ai commencé à aligner les pièces. 

   Ma mère n'a jamais été fan de Harrison. Pas au lycée et encore moins quand on s'est remis ensemble par la suite. Parce que c'est la seule personne sur terre - Michael mis à part - qui sait ce qu'il m'a fait la première fois. Donc ses «et sinon, tu as eu des nouvelles d'Harrison depuis votre rupture?», prononcés exactement sur le même ton que quand elle pose des questions dont elle sait parfaitement la réponse, mais qu'elle ne peut pas s'empêcher de poser quand-même.

   «Linn, il était pas trop difficile le contrôle de géographie?» quand elle savait pertinemment que je n'avais pas révisé quoi que ce soit, étant trop occupée à traîner avec Harrison le week-end au lycée.

   «Alors, ça s'est passé comment?» le lundi matin quand une collègue lui a raconté la veille qu'elle allait à un rendez-vous galant et que ma mère savait pertinemment que cette collègue et son dulciné n'étaient pas du tout compatibles et avaient certainement passé une soirée des plus ennuyeuses. 

   Tommy enlève ses lunettes et les pose sur le bureau.

- Ta mère est assez grande pour prendre ses propres décisions, dit-il finalement. Je ne lui ai pas demandé de venir, si c'est la question que tu me poses. Mais est-ce que je lui ai dit de partir? (Il soupire et s'adosse contre le dossier de son fauteuil.) Non. 

- A quel moment... (Je dois prendre sur moi pour ne pas gesticuler avec mes mains pour illustrer mon propos.) Tommy, on se croit où, là? J'apprécie la façon dont tu t'es occupé du cas Harrison - même si je n'avais rien demandé, mais là n'est pas la question -, mais... Enfin, ma mère n'est pas comme vous, ce n'est pas parce qu'elle insiste qu'il faut lui passer un couteau ou je sais quoi et...

- Pas comme vous..., répète Tommy à voix basse.

   Je vois que cette remarque semble plus l'amuser que le contrarier. 

- Non, elle n'est pas comme vous, dis-je en insistant sur chaque syllabe. . Elle... a son train-train quotidien à Londres, son bureau, ses collègues, tous les jours le même rythme qui est très loin de... casquettes avec des lames de rasoir, du fait de boire du whisky dès le petit-déjeuner, de la violence, de meurtres occasionnels, de pots de vins dispensés pour cacher les meurtres, de...

[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant