[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AU

» Epilogue Second «

- Vous avez de la moutarde? (J'attrape deux de la demi-douzaine de tupperwares qu'Isiah a dans les bras avant que tout ne s'écroule sur le seuil de la porte.) J'ai oublié la moutarde et pour les merguez, ça ne va pas du tout sans. Du ketchup à la limite, mais la moutarde c'est mieux. (Le temps qu'Isiah et Finn entrent, je tiens la porte ouverte contre mon épaule.) Ce sont les merguez végétariennes de chez Tesco, celles qui étaient en promotion «un acheté, le deuxième paquet à -68%».

- De la moutarde avec des merguez? intervient Polly en entrant à leur suite, tout aussi chargée qu'eux. Seigneur, tout ce qu'il ne faut pas entendre...

- Ca sonne pire que ça l'est, lui assure Finn par-dessus son épaule.

   Une fois dans la cuisine, Finn et moi rangeons les tupperwares dans le frigo pendant qu'Isiah et Polly vont rejoindre les autres sur la terrasse. Arthur, Tommy, Lizzie, Ada et Ben - le colonel Younger, compagnon d'Ada depuis plus d'un an - sont arrivés un peu plus tôt dans la journée et la dernière fois que je les ai vus, ils étaient tous assis autour de la table en train de débattre vivement d'un sujet particulièrement périlleux : le lancement ou non d'une nouvelle collection de produits dérivés des Peaky Blinders.

- Ils parlent encore de ça? me demande Finn tandis que je m'obstine à essayer de coincer deux tupperwares dans le bac à légumes du frigo alors que ça ne va clairement pas rentrer.

- C'est toujours la même chose : tout le monde est pour sauf Tommy et... (Au même instant, un «il faudra me passer le corps pour que je donne mon accord pour que ma tête se retrouve sur des mugs!» de Polly se fait entendre.) ... sauf Tommy et Polly, comme d'habitude.

- Il n'est pas réellement question que la tête de Polly se retrouve sur un mug, ou bien?

- Le projet, c'est juste de lancer notre propre production de casquettes-chapeaux-je-sais-jamais-comment-ça-s'appelle typique des Peaky Blinders. Avant, Ada a présenté un PowerPoint montrant que plus la famille est connue, plus la production de ces casquettes-chapeaux augmente dans le monde et je suis entièrement d'accord avec elle quand elle dit que tant qu'à faire, autant qu'on ait notre part du gâteau. 

- Pas de mugs avec nos photos dessus? 

- Pas de mugs avec nos photos dessus, répète Polly en revenant dans la cuisine à grandes enjambées. Où est Michael? (Elle me prend le seul tupperware qu'il me restait à caser dans le frigo des mains et le pose sur le plan de travail.) Laisse, les gars vont le faire. Viens un moment, Linn, il faut qu'on parle.

   Sans attendre ma réponse, elle sort de la cuisine et marche jusqu'à l'entrée. En la suivant, je me demande ce qu'elle a bien de si grave à m'annoncer pour qu'on sorte de la maison, mais elle s'arrête finalement devant la porte fermée. Elle croise les bras devant la poitrine et se retourne vers moi.

- J'ai entendu dire que Gina avait quelqu'un dans sa vie, maintenant.

   Son ton est si sérieux que pendant une seconde, j'ai presque cru qu'elle venait de m'annoncer que quelqu'un était mort.

- Oui, dis-je quelques instants plus tard. Oui, un Benny quelque chose... Benny Watts, je crois. C'était assez bizarre, en plus : juste avant que Gina ne nous en parle, on avait regardé un documentaire sur les échecs à la télé avec Michael - ce qui est assez étrange en soi parce qu'on regarde presque jamais de documentaires, et là ça parlait justement des plus grands joueurs d'échecs de notre époque et il y avait justement au moins quinze, vingt minutes qui étaient dédiées à Benny. Ce qui a fait que c'était un peu chaotique, la première fois qu'on a dîné avec eux : à un moment, Benny a parlé d'un truc extrêmement spécifique de sa carrière et j'ai rien trouvé de mieux à dire que «oh oui, ça je savais déjà, je l'ai vu à la télé», mais à part...