[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AU

» Chapitre 28 : Money Drop «

   Bien sûr, je n'ai pas laissé Michael se défiler comme ça - «coucou Linn finalement j'ai le cash, par contre dis rien à personne ça m'arrangerait», comme si! J'étais prête à insister pendant tout le chemin du retour si nécessaire, mais il n'aura mis que quelques minutes à m'expliquer dans les grandes lignes la situation.

   Quelqu'un, dont il ne peut pas me dire le nom sous prétexte que ma sécurité et celle de relativement tous les Shelbys soit en danger, l'a forcé à faire comme si l'entreprise avait perdu des milliards pendant la crise. Des concurrents qui refusaient d'être les seuls à avoir l'air idiots? Voilà ma théorie, mais Michael n'a rien dit de plus. 

   Et je le crois. Bien sûr que je le crois. Il n'a aucune raison de mentir, et même s'il ne dit pas la vérité... et bien, comme il m'a fait littéralement jurer de ne rien raconter à personne, je n'aurais pas l'air cruche si c'est le cas.

   Je ne sais pas quoi faire de cette information. Ada et moi avons passé ces derniers mois à ajuster tous les comptes de l'entreprise de manière à pouvoir assurer à toutes les actions caritatives un financement adapté, mais si 26,8 milliards s'ajoutent à l'équation... Bon, tout n'ira pas pour les orphelinats, je ne me fais pas d'illusions, mais je compte bien sécuriser une bonne poignée de millions de tout ça. 

   Voilà, tout est donc réglé. Si Michael a menti, on a quand-même un plan d'action qui tient la route et à part ma dignité, rien ne prendra un coup et s'il dit vrai... c'est Noël en plein mois de Mai. Même si on n'en serait pas là en premier lieu sans ses magouilles et histoires obscures.

   La seule question qui reste sans réponse, c'est... pourquoi me le dire? Je ne vais rien pouvoir modifier dans les comptes de toute façon, donc... Quoi, il a donc tout à coup besoin de se racheter une nouvelle conscience? Quatre ans après, il s'est réveillé un matin et a dit à sa secrétaire comme ça «hm, tu te souviens de Linn? Oula ouais ça date, mais maintenant que j'y pense, j'étais peut-être quand-même un abruti, faut éventuellement que je me rachète des points de Karma?»? Ou bien maintenant qu'il a un fils, il s'est rendu compte que ça lui tenait à cœur d'être un bon exemple pour sa progéniture? 

   Qu'il me ramène les milliards. Le reste, ça sera entre lui et le bon Dieu, comme on dit. 

   Quoi qu'il en soit, toute cette histoire ne m'aura pas empêché de mener mon petit train-train quotidien le reste de la semaine, et la suivante aussi. Réunions le matin, réunions l'après-midi... En deux semaines, j'ai passé beaucoup plus de temps dans la même pièce qu'Oswald Moseley qu'il n'est recommandé pour toute une vie. 

   Mais je n'ai pas vraiment le choix. En plus d'être le nouvel allié politique de Tommy, Moseley a exprimé le désir de contribuer un peu plus à la vie de Birmingham et envisage la construction d'un centre d'accueil pour jeunes en difficulté - qui devra porter le nom «Foyer Oswald Moseley», rien que ça - et mon rôle est donc de lui présenter nos politiques de gestion et de le convaincre que la Fondation Grace Shelby est l'organisation idéale pour sous-traiter son projet. 

   Mais ça n'avance pas et ça n'avance pas. J'ai beau lui proposer de visiter nos orphelinats pour qu'il puisse visualiser le truc, ou lui présenter des Power Point par milliers que je réalise juste pour ses beaux yeux... A part des regards on ne peut plus insistant et des «mais je suis sûr, ma chère, qu'on finira par trouver un terrain d'entente» en fin de réunion, rien. 

   Et alors même que je m'apprêtais à l'envoyer voir ailleurs une bonne fois pour toute, Ada a eu la bonne idée d'inviter le prêtre Hughes à Arrow House en renfort, afin de voir si une présence religieuse réussirait à faire signer Moseley. 

   Et comme la vie est loin d'être un long fleuve tranquille, Ada est en déplacement à Manchester ce vendredi-là et je me retrouve à devoir animer toute seule cette réunion, en compagnie de deux serpents qui feraient trembler de peur le reptile de la Genèse.