» Chapitre 34 : Professeur Layton «

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   Nous avons longé le chemin sinueux dans la forêt pendant une éternité. Assez naïvement, je partais du principe qu'une fois que les... affaire avec Campbell allaient être résolues, Aberama et Jordie allaient réapparaître à un moment ou à un autre avec leur roulotte, mais non. Quand j'ai demandé à Polly s'il ne valait pas mieux leur passer un coup de fil pour venir nous chercher, elle m'a simplement répondu que la téléphonie mobile n'était pas encore un concept adopté par les Gold.

   Campbell est mort.

   C'est donc à pied que nous sommes retournées à Arrow House. Pendant plus de deux heures, par une nuit noire.

   La nuit, il fait nuit dans la forêt. Vraiment nuit. Pas comme dans la ville, où il y a toujours un lampadaire de quelque part. Non, ici, il fait nuit. La lune est à peine là pour éclairer un peu.

   Au début, j'ai utilisé la lumière de mon portable pour essayer de ne pas me briser le cou par dessus chaque racine, rocher, caillou ou brindille, mais j'ai rapidement abandonné le projet et me suis contentée de suivre Polly dans l'obscurité.

   Il est mort.

   Il fait nuit, on est au milieu de la forêt, il fait froid. J'ai mal aux pieds - je ne crois plus que puisse mettre encore une fois ces maudites Converses de toute ma vie. En plus, je crois qu'il y a du sang dessus. De toute façon, j'ai du sang sur mon t-shirt, sur mon gilet, sur mon jean, sur mes cheveux et certainement encore sur mes mains et sur mon visage. 

   On vient de laisser un cadavre au milieu de nulle part à je ne sais combien de kilomètres ici. Ne manque que la pluie et c'est bon, on a un combo gagnant. Mais non, il ne pleut pas et sans que je ne comprenne trop pourquoi, ce détail... m'énerve, littéralement. Je crois que de toute ma vie, je n'ai jamais autant espéré qu'il pleuve. Que l'Univers pleure un peu lui aussi.

   Polly ne prononce pas le moindre mot durant notre voyage. Je crois qu'elle a pleuré en silence pendant au moins une petite partie du trajet, mais rien n'est moins sûr. 

   Il ne pourra plus jamais faire de mal à qui que ce soit.

   De mon côté, je suis beaucoup trop fatiguée pour pouvoir ressentir la moindre émotion. Si je m'allongeais sur le sol, je crois que j'arriverais à dormir jusqu'au prochain siècle au moins.

   Et finalement, quand mes jambes ont tellement adopté le rythme que je crois que je serais capable de marcher jusqu'à l'autre bout du pays comme ça, je vois un fin rayon lumineux apparaître à l'horizon.

   Ce sont des phares. Une voiture qui vient vers nous. Le chemin est tellement étroit qu'elle a à peine de la place pour garder les quatre roues sur la route.

   C'est une Kangoo. Elle s'arrête juste devant nous.

   C'est la Kangoo des écuries. Grise, mais pas n'importe quel gris : gris clair pailleté, comme dirait Curly - en réalité, c'est juste de la peinture avec un effet métallique, mais pailleté, ça sonne mieux de toute façon. 

   Non pas qu'on y voit vraiment la couleur, de toute façon.

   Ce que j'arrive à apercevoir à travers le pare-brise, en revanche, c'est que c'est Michael qui est assis au volant.

   Michael qui apparait au milieu de la nuit dans ce que Curly appelle la Kangoo à paillettes. Nous récupérer après que Polly ait achevé Campbell. Je ne sais même plus ce que je fais de ma vie à ce stade.

   Polly ouvre la portière du siège passager et s'installe à l'intérieur et je l'imite à l'arrière. Au moment où je referme la portière, Michael redémarre et je dois m'accrocher comme je le peux à la sorte de tablette qui est contre le siège avant pour ne pas voler dans tous les sens.

[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant