[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AU

» Chapitre 81 : Toi et moi «

   Toutes les bonnes choses ont une fin. Une semaine après le mariage - notre mariage -, le quotidien a repris sa routine habituelle. J'ai rendu les clés de mon ancien appartement avant-hier et je me suis définitivement installée chez Michael - ce qui ne faisait pas vraiment de différence en soi, mis à part que j'ai pu le regarder galérer à retirer le petit machin de papier où il y a écrit le nom sur la boîte aux lettres afin que le GRAY soit remplacé par un PRITCHARD & GRAY. 

   Au travail, rien n'a changé non plus, si ce n'est que je n'ai toujours pas pris l'habitude de réagir lorsque quelqu'un appelle madame Gray - même si je n'ai pas pris le nom de Michael, tout le monde semble penser que c'est le cas. Parfois, je corrige les gens en précisant que non, c'est toujours Pritchard et parfois, je laisse couler. Parce que même si je tenais à garder PRITCHARD sur ma carte d'identité et sur tous mes papiers officiels, j'aime bien la façon dont Linn Gray sonne et je sais que Michael aussi...

    ...même si ça fait pas mal de désordre dans la paperasse d'avoir désormais trois GRAY différents recevant du courrier à Arrow House. En une semaine, Polly a dû me faire transmettre au moins une dizaine de lettres qui m'étaient destinées et qui étaient arrivées à son bureau et Michael tout autant. Et de mon côté, c'est exactement la même chose - ce matin, j'ai...

   Une lettre de Solomons Industries pour Polly qui m'attend sur mon bureau, trois venant d'Amérique pour Michael et seulement une qui était vraiment pour moi. Pour LINN PRITCHARD, de la part du tribunal de Birmingham.

   Du tribunal de Birmingham.

   Mon Dieu, je n'y croyais plus. Je fais rouler ma chaise de bureau jusqu'au tiroir où est rangé mon ouvre-lettres et sens mon rythme cardiaque s'augmenter un peu tout à coup. Cela fait maintenant des mois que j'avais déposé plainte contre Oswald Mosley pour harcèlement sur le lieu de travail et je n'avais pas eu de nouvelles depuis...

   Depuis que Tommy avait annulé ma plainte, estimant que le devenir et la sécurité de ses employées femmes n'importaient pas autant que les relations commerciales et politiques avec Mosley.

   J'hésite à laisser l'enveloppe fermée. Si c'est simplement pour m'informer que ma plainte n'aboutira à rien, je n'ai pas besoin de lire ça noir sur blanc pour savoir que si Thomas Shelby a dit non, le tribunal de Birmingham dira non. Je pose la lettre sur un coin de mon bureau, range l'ouvre-lettre et fais glisser ma chaise jusqu'à mon ordinateur ouvert, prête à entamer cette matinée de travail...

    ... ou pas. Avant d'avoir eu le temps d'ouvrir ma boîte mail, j'attrape à nouveau l'enveloppe et en déchire l'ouverture maladroitement avec un doigt. Je déplie le papier. Une seule feuille, sur laquelle est marquée en noir sur blanc que j'ai rendez-vous le 23 du mois au tribunal afin de témoigner contre Oswald Mosley.

   Quoi? Qu'est-ce que...

   Je me lève et sors de mon bureau en trombe, la lettre à la main. Mon cœur tambourine dans mes oreilles tandis que je descends les escaliers d'une façon qui ferait certainement dire à Linda que je ne dois pas courir dans les escaliers parce que ça donne un mauvais exemple aux enfants.

   Mais les enfants ne sont pas là. Ce qui est là, en revanche, c'est ce courrier qui ne fait pas sens puisque jamais la juridiction de la ville n'oserait s'opposer à une décision du grand Thomas Shelby.

- Tommy? dis-je en débarquant dans son bureau sans avoir toqué. Qu'est-ce que tu as dit au tribunal?

   Il ne lève pas les yeux de l'écran de son ordinateur. Je reste plantée une dizaine de secondes dans l'entrée de la pièce, puis soupire en refermant la porte derrière moi.