» Epilogue Premier «

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   Trois ans plus tard.

   Tommy avait raison. Cinq mois pile après ma dernière convocation au tribunal pour l'affaire Mosley - que j'ai gagnée, soit dit en passant -, Michael et moi avons quitté définitivement Birmingham.

   Mais pas pour Londres ou pour New York, comme Tommy l'avait suggéré.

   Pour Mobberley.

   Cela fait deux ans que la petite maison tout au bout de Meadowsweet Road est à nous. Un ancien corps de ferme en briques qui avait été transformé en habitation à la fin des années 80 et que nous nous rénovons petit à petit à notre goût. Bon, on a en réalité payé des travailleurs pour qu'ils la rénovent à notre place parce qu'au delà de changer une ampoule, ni Michael ni moi ne sommes très portés sur les activités manuelles, mais c'est ça l'idée : de construire quelque chose qui nous plaît. 

   Une grande cuisine avec un demi-milliard d'objets électroménager parce qu'en ce moment, Michael aime beaucoup cuisiner. Une Wii dans le salon - le premier truc que j'ai acheté pour la nouvelle maison. Avec Just Dance, bien sûr. Au rez-de-chaussée, mon bureau qui donne sur le jardin par de grandes baies vitrées et celui de Michael à l'étage. En haut, il y a notre chambre à nous, une chambre d'amis et une pour Elio, bien sûr. 

   De toutes les pièces, c'est celle sur laquelle Michael a passé le plus de temps. Là où pour choisir la couleur des murs du salon, il a à peine regardé le beige que j'avais repéré avant de donner son accord, choisir la couleur parfaite pour la chambre d'Elio nous a coûté pas moins de quatre visites au magasin de peinture, dont deux en compagnie d'Elio au cas où, du haut de ces deux ans, il aurait eu un avis très tranché sur la question.

   Et c'est finalement ce qu'il a eu - pendant que je le tenais, lui et ces 12 kilos sur ma hanche, Michael lui a montré successivement plusieurs couleurs sous le regard légèrement impatient du vendeur de Brico Dépôt. Au final, Elio a choisi le même beige que celui du salon - exactement le même - et j'ai noté mentalement que ça serait sympa que ce petit passe chez l'ophtalmologue un de ces jours, juste pour être sûrs que tout va bien chez lui.

   Pour l'instant Michael et moi restons à Mobberley de mai à août, puis de décembre à février. Le reste de l'année, on est à Londres, où, contrairement à ce que Tommy avait prédit, on continue toujours encore sagement de travailler pour Shelby Company Limited. Est-ce que cela va changer un jour? Peut-être, peut-être pas.

   Au début, Elio restait avec nous une semaine par ci, une semaine par là. Pas tant parce que Gina ne pouvait pas se passer de son fils - au contraire, elle a une vie professionnelle au moins aussi active que nous et ce n'est que justifié qu'elle ne soit pas la seule à devoir élever Elio. Et puis au fil du temps, il est resté de plus en plus longtemps avec nous, jusqu'à passer les quatre derniers mois d'été sans voir sa maman une seule fois. 

   Au début, c'est Michael qui s'est presque exclusivement occupé d'Elio. Je mentirais si j'affirmais que ces premières semaines n'ont pas demandé un certain temps d'adaptation. D'un côté, je n'avais pas envie que cela soit Michael qui doive se lever à chaque fois qu'Elio pleure la nuit, mais de l'autre... et bien, j'ai eu un peu du mal à trouver où je me situais par rapport à Elio. J'avais toujours l'impression d'en faire soit pas assez ( où j'avais peur qu'Elio grandisse en me considérant comme le cliché d'une méchante belle mère qui l'aurait délaissée), soit trop (où j'avais peur d'outrepasser ma place puisqu'Elio a déjà une maman).

   Maintenant, ça va mieux. Grâce au temps, mais surtout grâce à un bon nombre de séances de psychothérapie où j'y allais parfois avec Michael, parfois seule pour pouvoir mettre un peu de l'ordre dans mes pensées. Une fois, Gina y est même allée avec moi (de sa propre initiative, parce que je crois qu'elle en avait un peu marre de devoir me répéter qu'elle trouvait très bien que je soie impliquée dans la vie de son fils et que pour ce qui la concerne, Elio pourrait m'appeler par autre chose que juste «Linn» que cela ne la dérangerait pas (mais j'aime bien juste «Linn» et Elio a presque réussi à prononcer mon prénom correctement donc on va en rester là).

   Maintenant, ça va beaucoup mieux. Il y a quelques mois, quand Michael est tombé malade et n'a pas pu aller à la séance d'aqua baby du jeudi après midi, c'est moi qui suis allée patauger avec Elio à la piscine municipale du village d'à côté. Et... bien sûr, c'était un peu étrange de me retrouver dans ce groupe de mamans. Je m'y étais préparée mentalement, prête à répondre par  des «non, c'est celui de mon mari» comme d'habitude. Mais comme tout le monde du groupe d'aqua baby semblait déjà connaître un peu notre situation familiale (et beaucoup de détails très spécifiques sur Elio, au passage, parce que s'il y a bien quelque chose dont Michael est capable de bavarder pendant une éternité même avec des presque inconnus, c'est des aventures de la paternité), ce n'a pas été nécessaire. Ce jour là, à la piscine, je crois que j'ai eu pour la première fois en public l'impression que nous n'étions pas «Elio et la femme de son père», mais juste «Elio et Linn, deux humains qui ont trouvé que l'eau de la piscine était particulièrement chlorée et qui ont eu les yeux qui piquent pendant toute la séance».

   Et le chlore mis à part, j'ai beaucoup aimé.

* * *

Comme le titre l'indique, c'était donc le premier épilogue ; un second épilogue sera publié samedi! (avant que vous n'ayez le cœur brisé à l'idée de ne plus jamais lire quelque chose sur les Peaky Blinders de ma création (laissez-moi rêver svp), pour ceux que ça intéresse on enchaîne comme dit sur une histoire avec ♥Tommy♥ (je sais pas pourquoi je mets des ♥cœurs♥ autour de Tommy parce que pas pour vous spoiler mais ♥Tommy♥ ne mérite certainement pas ces cœurs dans cette nouvelle histoire (oui je maîtrise très bien l'art du teasing et alors)))


[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant