» Chapitre 22 : Scotland Yard «

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Mes parents vont me déshériter. Polly va me tuer. Isiah va me massacrer.

Enfin tout cela se passera dans l'optique que je ne décède pas dans ce trou à rat entre temps. Au beau milieu de la nuit, les policiers nous ont transféré Finn et moi jusqu'au poste de police, un vieux bâtiment aux façades claires délabrées dont je n'aurais jamais deviné qu'il s'agisse d'un repère pour les forces de l'ordre. Finn et moi avons été séparés et ce sont deux policières qui m'ont escortées jusqu'à... ma cellule?

C'est une grande pièce vide, dont les murs recouverts de peintures de cartes du monde laissent penser qu'il devait s'agir d'un ancienne salle de classe. Etant donné qu'on n'a pas monté d'escaliers, je suis au rez de chaussée - ou au premier étage, mais en tout cas pas très haut du sol. Et pas de barreaux ni rien. Vraiment étrange. Et en plus, je ne sais pas trop comment ils pensent le truc mais si je voulais, je pourrais clairement me pendre avec les câbles de la seule lampe accrochée au plafond, ou encore avec les poignées des fenêtres... Ou pire, qu'est-ce qui m'empêche de casser une vitre - ça m'étonnerait qu'on soit sur du verre incassable - et de m'en servir comme arme contre les policiers?

J'espère que Finn va bien.

Ce n'est pas dans ce genre de pièce que j'enfermerais un Peaky Blinder. D'accord, je suis probablement tout en haut sur l'échelle des Peaky Blinders les moins dangereux de tous les temps, mais... qu'est-ce qu'ils en savent, peut-être que je cache bien mon jeu?

Ou peut-être qu'ils ont vu mon bas de pyjama en flanelle et qu'ils se sont dit que j'allais être une détenue facile. Est-ce que je suis une détenue? A partir de quand est-on vraiment prisonnier? Est-ce que Finn est loin d'ici?

A partir du moment où on ira pendant 10 ans en prison parce qu'on a volé des Fabergé. 10 ans? Peut-être plus, moins? Est-ce que le système judiciaire britannique est comme l'américain, où il suffit parfois d'avoir assez d'argent pour pouvoir acheter sa caution et sortir de prison?

Est-ce que quelqu'un payerait ma caution? Elle est de combien, ma caution? Est-ce que j'ai une caution, au moins?

Mais avant que je n'ai le temps de calculer combien de Pounds peut bien valoir ma liberté (est-ce que j'aurais un bracelet électronique, alors?), j'entends des pas s'approcher dans le couloir. Oh non, je préférais encore attendre dans l'ignorance!

La porte s'ouvre - nuance, la porte s'ouvre sans même qu'il y ait eu de bruit de clé avant, ce qui veut dire qu'elle était ouverte tout ce temps et que... oui, ma liberté ne se tenait qu'à une poignée de moi! Bon, je n'aurais sûrement pas réussi à sortir du bâtiment de toute façon, mais rien que le fait que...

- Miss Pritchard.

C'est un homme - assez âgé et assez grand qui entre dans ce qui me fait office d'une cellule. Une cellule? Dans une cellule, il y aurait eu des toilettes, au moins! Il est habillé en civil et a une chaise dans une main et une canne dans l'autre. Il pose la chaise puis s'assied dessus. De mon côté, je ne sais vraiment pas où aller et reste près du mur où sont les fenêtres.

- Permettez-moi de vous présenter, inspecteur en chef Campbell, Scotland Yard. Vous nous donnez du fil à retordre, Miss.

Ce n'est pas ce que j'aurais instinctivement dit, je crois que j'ai jusqu'à là été une détenue relativement calme, mais c'est sûr que le fait de participer à un vol de Fabergés corse tout de suite un peu mon profil...

- Je connaissais votre mère, à l'époque, poursuit-il sur le ton de la causette. Un remarquable petit bout de femme, vraiment. Dès que j'entends quelqu'un dire d'un chien qu'il est «petit et hargneux», je pense à Rivka. Si elle savait où vous vous trouvez actuellement, ça lui briserait le cœur.

[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant