[ TOME 2 ] Michael Gray » Peaky Blinders AU

» Chapitre 1 : Ça va être une catastrophe «

Trois mois plus tôt

- Ça va être une putain de catastrophe.

En une seule phrase, Arthur a parfaitement résumé la situation. Ça va être une catastrophe économique, une des pires - si pas la pire depuis le crash boursier de 1929. Celle de 2007 aura l'air d'un jeu d'enfant à côté.

Cela fait quelques temps qu'à la télé, ça parle beaucoup des cours de la bourse qui ne font que chuter et chuter depuis deux mois. Mais les économistes qui passent tour à tout sur les plateaux télévisés s'accordent tous sur un point : si la courbe descend, c'est pour mieux remonter juste après.

Sauf qu'apparemment, la courbe ne va pas remonter de sitôt, si l'on en croit les sources que Tommy a dans le gouvernement britannique.

- Tu n'aurais pas pu prévoir ça, Linn? me demande Arthur. Avec ton diplôme de l'université, et tout? Qu'est-ce qu'on doit faire, d'après toi?

Je sens tous les regards de l'assemblée familiale se braquer sur moi, à l'exception de Tommy, assis à l'autre bout de la longue table ovale, qui est plongé dans un document qu'il lit depuis avant. Au moment même où j'ai commencé à travailler pour Shelby Company Limited il y a deux ans de cela, j'ai vite compris que ma place au sein de la direction de l'entreprise n'était pas relativement bancale parce que je ne suis pas de la famille, mais plutôt parce que contrairement à eux, j'ai une formation universitaire. J'ai beau répéter à tort et à travers à Arthur que rien ne vaudra jamais les années de pratique qu'ils ont derrière eux, quand ça coince au niveau finance, je crois qu'ils s'attendent toujours encore à ce que je réussisse à sauver le bateau.

- Je dirais qu'il vaut mieux écouter ce que la source de Tommy dit. Si vous voulez, je peux jeter un coup d'œil aux prédictions des courbes, mais je pense pas en savoir plus que ce qui est écrit.

Tommy aligne les documents qu'il a sous les yeux et les tends à Polly, assise à sa droite, pour qu'elle me les transmette. Je les prends et feuillette rapidement le tout : une vingtaine de pages avec à peu près autant de graphiques à l'intérieur. En haut et en bas de chaque page, le mot CONFIDENTIEL est écrit en caractères gras.

- Tu me diras ce que tu penses du deuxième graphique de la page 7, commente Tommy au moment où je remarque quelques annotations faites sur ledit graphique. A vérifier, mais il me semble que le taux de change des dollars australiens n'est pas très bien prédit.

- Ça veut dire quoi?, demande Arthur. Que la situation est peut-être moins grave?

- Au contraire, Arthur. Si j'ai raison, ça veut dire que c'est encore pire. (Tommy soupire, puis se passe une main sur le visage.) Bon, on a fait le tour de tous les sujets importants? Parfait, je déclare cette réunion...

- Il y a encore quelque chose, intervient Ada au moment où Tommy se lève de sa chaise pour quitter la pièce. C'est à propos du futur orphelinat de Manchester, il faudrait... (En voyant que son frère est toujours encore en train de partir, elle perd patience.) Tom, ce n'est pas parce qu'il y a une crise économique que tout à coup, tous les orphelins du pays vont miraculeusement disparaître.

- Heureusement que non, répond-il en enfilant son manteau, parce que sinon, il ne resterait que Linn et Polly dans cette pièce. Ada, tout ce qui a à voir avec nos activités caritatives, c'est avec Linn qu'il faut voir.

- Je sais, mais c'est par rapport à...

- Va voir avec Linn.

Et sur ce, il quitte la pièce en laissant la porte ouverte derrière lui.

Super.

Comme d'habitude, Arthur l'imite quelques secondes plus tard. Ada se lève et vient poser son ordinateur portable à côté de moi, avant de venir rapprocher sa chaise de la mienne afin qu'on puisse probablement voir ce qui coince du côté de l'orphelinat de Manchester. J'espère qu'elle ne va pas m'annoncer qu'il y a eu une baisse des cotisations gouvernementales, parce que non seulement on a déjà perdu près d'un tiers de nos dons mensuels à cause de la crise, alors si c'est ça en plus...