Déviants

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À l'instant même où je présentais les faiblesses de mes sens à Armin, une troupe de soldats galopait vers nous. Sur les vestes je vis les insignes des trois unités confondues, il se tramait quelque chose... Erwin avait-il découvert une information cruciale ? En parlant du major, celui-ci arriva à la fin de la troupe, le regard sombre : 

« Nous avons été prévenus d'un sombre incident ! Un village est attaqué à l'est de Sina ! L'état d'urgence est sonné ! Rassemblement immédiat de tous les effectifs pour une expédition imminente ! » Ordonna le major en lançant un fumigène dans le ciel. 

Alors le bruit que j'avais entendu tout à l'heure serait lié à... Cette histoire ? 

Les troupes n'eurent que peu de temps pour préparer ce qu'il fallait pour partir en expédition, la générale Hange accourut vers moi, me signalant de me préparer aussi. Elle me cria tellement fort dans les oreilles que je doutais de la performance de mon ouïe pour l'opération à venir. Malgré l'agacement de se faire gueuler dessus gratuitement, je décidais de me porter volontaire sur une tâche de manutention avec mon titan, le regard d'Hange fût si insistant que mon âme aurait pu trépasser à la minute même :

« Soldats ! Nous avons été mis au courant d'une attaque de titans dans un village, celui-ci abrite une trentaine de villageois, il est de notre devoir de ne laisser personne périr ! Cette opération doit être terminée avant ce soir ! Je compte sur vous, en avant ! » 

Le major semblait concentré, presque ailleurs. J'ignorais les raisons néanmoins, quelque chose me disait qu'il avait acquis un détail que seul les autres généraux tenaient en secret. Une chose m'intriguait, pourquoi envoyer la moitié de nos effectifs sur cette mission ? Nous parlions d'un village non ? Était-ce le choix le plus judicieux de risquer la perte d'autant de soldats pour ça ? De plus, à en juger par le bruit que j'avais entendu tout à l'heure, il avait éclaté non loin de la forêt est, nous serons donc obligés une fois dans la forêt de délaisser nos montures pour nous assurer une sécurité par la manœuvre tridimensionnelle... Non vraiment, cette opération clochait. 

... 

Dans une hâte sans précédent, nous parvenions à la lisière de la forêt, de là, nos groupes d'affectations se définissaient par la présence de nos généraux, ou pour nous, de notre caporal. En entrant dans cette immense étendue végétale, un souvenir me vint, celui de mon combat contre Annie dans la forêt du territoire Maria. Sacrée dérouille que je m'étais pris ce jour-là... 

Précipitamment, nous vîmes la main droite du caporal se dresser comme pour nous donner l'ordre de nous arrêter : 

« Ce n'est pas pratique cet itinéraire. Faites demi-tour, nous longerons la forêt. De là, si nous sommes attaqués, nous pourrons facilement atteindre les arbres. 

— Caporal, que faites-vous du reste des troupes ? Livaï soupira d'agacement à la question de Connie.

— Je suis votre chef d'escouade, à vous. Mes collègues conviendront eux-mêmes de ce qui pensent être la meilleure tactique. Je dis : nous contournons les bois. Maintenant. »

Et de cette consigne pourtant simple et directe, je sentis une pointe de doute dans la voix du caporal. Je me gardais de le relever, car observer notre caporal hésitant ne présageait rien de bon. Lui qui s'en tenait toujours à des indications claires, aujourd'hui il doutait de la pertinence de notre action. Pour autant, c'est ce que nous fîmes, contourner les bois, Erwin le vit et approuva notre initiative. 

En observant autour de moi le décor environnant, je me disais que nous pouvions tomber rapidement sur des titans, des titans déviants qui plus est. Si cette situation se présentait, il nous serait compliqué d'anticiper leurs mouvements, mais les arbres resteraient notre meilleur atout. 

Aussi, je n'ai pas bien compris pour quelles raisons le major Erwin avait-il insisté sur le fait que notre expédition devait durer pas plus d'une journée, quelle était notre menace ? Bordel ! Je n'y comprenais rien ! : 

« Ne quittez la formation sous aucun prétexte ! Eren ! Si tu continues de fixer le vide comme ça je te fais courir après ton canasson ! » S'excéda le caporal d'un ton menaçant. Ne comprenant pas dans la seconde le sens des mots de notre chef, je vis Sasha serrer les dents en m'incitant de me redresser droitement sur mon cheval. 

Je rêve... Pourquoi s'acharnait-il sur moi ? Jean gobait bien plus les mouches que nous tous réunis ! Peu importe, si je ne souhaitais pas me faire ramasser par le seul humain capable de menacer l'humanité par sa seul présence, j'avais plutôt intérêt à obéir. Étrangement, même si je représentais présentement un soldat engourdi aux yeux de Livaï, de ma position, je vis un caporal se démener pour que l'on puisse tenir la barre, nous ne devions pas nous disperser. Ne pas respecter ceci exprimerait une insolence innommable envers le caporal, surtout que, nous n'atteignions pas encore le niveau idéal auquel nous aspirions. Livaï le savait et se gardait de nous le partager pour ne pas détruire notre foi. Notre équipe demeurait désordonnée dans nos pensées communes, je pouvais encore parier le départ de certains si un nouveau poste dans l'armée se présentait à eux. La recherche incessante de vivre dans de meilleures conditions restaient les motivations de chacun, nos moyens pour atteindre ce stade de vie eux... Restaient personnels, peut-être même faiblement synchronisés. 

Alors que je me perdais encore dans mes pensées, mes sens s'aiguisèrent quand j'entendis un grondement sur le sol. Oh non, ce tremblement ne venait pas de nos chevaux, le pas était bien trop lourd :

« Heu... Caporal ? Interpellais-je en zieutant derrière moi. 

— Oui Eren, ce ne sont pas des chevaux. Tenez-vous prêts, une horde de titans est en train de foncer droit sur nous, déclara Livaï d'un ton neutre.

— Le grondement est puissant caporal ! S'inquiéta Connie en donnant désespérément des coups de talons sur les côtes de son cheval.

— Et ton cheval n'avancera pas plus vite Connie, arrête de le torturer. Eren, qu'entends-tu ?

— Q-quoi ? Pourquoi vous me demandez ça ?

— Va savoir... »

Brusquement, sans nous y attendre, trois titans sortis de nulle part chargèrent sur nous, ils sortirent tels des spectres des bois, cavalant comme des furies. Derrière eux, galopait à toute allure le reste des soldats, tous furent envahis d'une énergie fiévreuse, qui apparemment, les rendait plus déterminés que jamais à abattre du titan. Non vraiment, cette mission me surprenait en tout point. Alors que nous tentions de reprendre notre souffle du fait de cette embuscade, d'autres titans se déchaînèrent derrière l'armée. La course de ces titans n'avaient rien de prévis, il détalaient en zigzague et ce fût grâce à ce détail que je compris que nous avions affaire qu'à des titans déviants.

Tous déviants... Étrange :

« Caporal attention ! » 

Livaï bifurqua in extremis son cheval pour éviter un titan d'une dizaine de mètres qui, bordel,  avait atterri devant lui ! Avait-il été lancé ? Par qui ? Comment ?! Nous assistions à une première dans toute l'Histoire des titans... Les déviants étaient capables d'utiliser leurs semblables pour attaquer ! Ces lourdauds eurent la décence d'esprit d'acquérir une telle technique de combat ? Surprenant...  Mais putain qu'est-ce qu'on était dans la merde ! Par souci pour mes camarades, je me permis de voir les étendus des dégâts de cette attaque, le constat fût rude, un bon quart des chevaux avaient été renversés, beaucoup de cavaliers avaient été mangés par les titans. Dont des nouvelles recrues... Alors Erwin ordonna enfin qu'on s'accroche aux arbres aux alentours, de là, il nous était plus qu'urgent d'envisager un plan d'attaque. Une horde de déviants se précipitait sur nous, dans une telle précipitation que nombreux titans se cognèrent dans les troncs d'arbre. Ceux-là devaient certainement être incapables de se stopper correctement... Ils restaient des déviant après tout.


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Ce que nous avons ignoré.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant