Le crépuscule laissait entrevoir des couleurs ternes dans le ciel, cette monochromie constante ennuyait les soldats, certains chuchotaient que la grisaille présageait un mauvais évènement, de ceux qui pourraient sérieusement compromettre des semaines de travail.
Les prémonitions n'étaient pas ce à quoi Eren croyait, il écoutait généralement ses racontars d'une oreille discrète, sans trop y prêter attention. Cependant, ce soir, il sentit que l'ambiance générale au sein de l'armée se développait de manière anxiogène. Quand un soldat se mettait à partager ses théories sur les futures actions des chefs commandants, un autre sur-argumentait en sous-entendant que quoiqu'ils décident de faire, les murs étaient foutus.
Encore une fois, Eren les écouta sobrement, sans prendre part à aucune théorie. Il y avait des pensées qui le travaillaient bien plus que de connaître le dernier coup foireux de l'armée, effectivement, Eren était pris depuis quelques heures, de violents souvenirs en flash qui n'étaient pas les siens.
Eren eut rapidement compris qu'en ayant acquis son titan, il serait en mesure de pouvoir récupérer des souvenirs appartenant à la vie de son père, et bien qu'il ne l'est toujours pas accepté d'avoir hérité d'un tel fardeau de la manière la plus inhumaine qu'il soit... Il continuait de respecter l'héritage de son père en laissant ses vagues de souvenirs l'envahir. Ce soir, Eren se questionnait sur la faculté des titans, existaient-ils d'autres titans comme lui et Annie ? Il ne sut comment exprimer cela néanmoins, il eut l'intime conviction que l'origine même des titans cachait un bien lourd secret.
Au même instant où le jeune Jäger lutta pour ne pas se laisse engloutir par ses songes, Mike, le général le plus expérimenté du Bataillon – après sans doute le commandant Dot Pixis – entra en trombe dans le réfectoire en demandant avec insistance la position du caporal Livaï :
«... Et aussi il faudrait que Connie Springer me suive d'urgence ! Connie Springer je répète ! » S'époumona le général.
Des regards désorientés fixèrent à l'unisson le soldat rasé, lui qui depuis vingt minutes se souciait que d'une chose, que Sasha ne lui pique pas son dîner. Mike reconnut bien là l'espièglerie des deux camarades, il se demanda en les voyant, si ces deux jeunes gens seraient capables de ressentir une once d'inquiétude à l'anonce même du jugement dernier... :
« Connie Springer, c'est bien toi ? Interpella le châtain en posant délicatement une main sur son épaule.
— G-général ! Pardon ! Oui c'est moi ! Que puis-je faire pour vous ? Connie se redressa promptement du banc, saluant strictement son supérieur en ingurgitant sa dernier bouchée.
— Effectivement oui hum... Tu dois me suivre au bureau d'Erwin, pardonnes moi pour ce dérangement.
— Tout de suite général ! Cria Connie en gesticulant dans tous les sens pour retrouver sa veste de bataillon. Toi là ! Fais en sorte qu'elle ne touche pas à mes affaires ! J'ai toujours la dalle, elle doit toucher à rien, compris ?! Connie empoigna violemment la cape d'un bleu sur sa rangée en pointant grossièrement la chasseuse, qui se goinfrait des plats de la table.
— Heu ! P-pourquoi moi ?! Le pauvre jeune homme tremblait face à l'embrasement du jeune Springer, il n'avait jamais vu Sasha de sa vie et la seule impression que la chasseuse lui envoyait, semblait peu rassurante, quasiment, effrayante.
— Connie, excuses moi mais nous devons vraiment y aller, reprit Mike en fixant la scène d'un air intrigué.
— Général ? Appela Eren.
— Oui ?
— Le caporal est au mur Sina, j'ai entendu Hange lui demander de faire une ronde.
— Hein ? Hange à quoi ? Peu importe, merci Eren. Sur ce, passez une bonne soirée jeunes gens. »
Les deux hommes s'en allèrent du réfectoire, Mike dût être obligé de tenir Connie par la manche pour le dissuader de se retourner pour défier son amie. Au fond de lui, Mike remerciait les puissances divines de ne pas lui avoir donné l'idée d'avoir de gamin, les soldats lui donnaient déjà pas mal de fil à retorde.
...
Historia se tenait là, devant cet immense vitrail derrière le trône dans lequel elle siégeait à longueur de journée. Ce cette vue panoramique sur la capitale et plus largement, sur le district de Stohess, elle se répétait que sa place devait être auprès de ses amis, autour d'une partie de jeu de cartes en train de piailler sur les moindres sujets risibles qu'un groupe d'ami pourrait avoir. Depuis son couronnement, Historia tenait majestueusement son rôle de reine, la population avait vu en elle une bonté de cœur, qui tous les jours, prouvait aux citoyens des murs sa légitimé à aider son prochain. Historia se faisait du souci pour la nouvelle génération, elle s'engageait à garantir qu'ils ne manquent de rien. Son altruisme n'avait d'égal que sa douceur. Pourtant, dans son for intérieur, Historia continuait de croire que tôt ou tard, cette vie au sein des trois murs ne durerait pas, d'une manière ou d'une autre... Ymir en était le premier présage, elle le sentit.
Du côté du caporal, les nouvelles lui parvinrent de toutes parts. D'un côté l'équipe d'éclaireurs qui avait été chargée de s'assurer que les villages ambiants soient en sécurité, revint avec une découverte déconcertante. Cette découverte eut un lien avec Connie, le soldat originaire d'un village nommé « Ragako », à l'ouest de la capitale. Alors que l'équipe de repérage ne soulevait aucun incident, ils tombèrent des nues en découvrant un titan inactif, coincé dans la charpente d'une maison. Suite à une identification avérée, l'équipe put confirmer que cette maison fût bien celle qui appartenait à la famille de Connie Springer.
À cette nouvelle dévastatrice, il se terra dans sa chambre jusqu'à ce qu'on lui autorise à aller voir de ses propres yeux le titan... Qui, d'après les descriptions faites par les soldats, pourrait se trouver être la mère de Connie.
Eren avait suivi le général Mike et son ami Connie dans la plus grande discrétion possible, il avait entendu l'intégralité des rapports concernant la situation du titan à Ragako. Une vague de frissons lui parcourut l'échine quand il réalisa que si les propos des soldats s'avéraient justes, la mère de Connie qui était humaine, s'est bel bien faite transformée. Tout lui poussait à croire que cette malédiction de devenir un titan... Lui avait été destinée délibérément. Il en jurerait. Eren scanda cette ultime question dans sa tête : qu'en était-il de tous les titans qui depuis des années maintenant, attaquaient les murs ? Ce postulat qui affirmerait que les titans pourraient être d'anciens humains... Provoqua une vague de démence dense et brève chez Eren. Dans une ruelle, à l'ombre de tout regard, il se mit à rire. D'abord de nervosité, puis son rire devint frénétique, atroce et rauque.
Il péta mentalement les plombs :
« Eren ? » Fit une voix grave dans son dos.
La première fois il ne l'entendit pas, sa démence évoluait à mesure que ses poumons se contractaient sous l'effet du rire. Une quinte de toux s'empara de lui, il manqua de s'étouffer par sa propre douleur thoracique :
« Eren oh. »
Cette fois-ci une poigne ferme agrippa son triceps, le compressant à son maximum pour pouvoir le faire réagir :
« L-Livaï ?! Eren prit peur et se reculant d'un bon mètre du noiraud avant de reprendre ses esprits.
— Un grand mec comme toi qui se marre tout seul dans une ruelle sombre, permets moi de te dire que ça frôle l'horreur.
— Pardonnez moi... J'ai... Vrillé. En quelque sorte.
— Toi t'as des choses à évacuer. Ne me dis pas non, tes yeux sont assez flippants pour dire le contraire. Viens, suis moi. »
Sans vraiment donner le choix à une autre réponse que « oui » pour Eren, le caporal lui ordonna de le suivre dans un endroit calme, qui ne provoquerait – du moins il l'espérait – aucun état de crise chez le semi-titan.
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Ce que nous avons ignoré.
FanfictionA JOUR !! Il y a cent ans, l'humanité a connu la peur et l'humiliation de vivre comme du bétail enfermé dans des murs d'enceinte de cinquante mètres de haut. La terreur de n'être qu'une espèce dominée. Les seuls à voir ce vaste monde sont les...