Ce que nous avons ignoré.

Interrogatoire

Deux semaines s'étaient écoulées depuis les funérailles du jeune Springer. Les membres de l'escouade faisaient du mieux qu'ils pouvaient pour répondre le plus justement possible aux requêtes de leurs supérieurs. La douleur était réelle mais ne devait pas prendre le dessus sur l'avenir.

Un vacarme alarmant interpella Sasha et Jean, une voix en colère semblait gronder du sol, quel humain insensé pouvait être autant en rogne à une heure aussi tardive ? Les cris de la personne au sous-sol ne cessaient pour le moins du monde, ça en devenait presque angoissant.

« Jean ?

— ... Toi aussi tu te demandes quel monstre ils ont encore enfermé en bas ?

— Ça fait deux heures que ça dure, c'est insupportable ! Cria la chasseuse en se tirant les mèches de cheveux. 

— Je suis sûr que c'est la folle, je l'ai vu descendre en début d'après-midi et elle n'est jamais remontée.

— Hange  ?

— Ouai c'est ce que j'ai dit Sasha. 

— À qui elle parle comme ça tu penses ?

— À elle-même, qui sait ?

— Sois sérieux deux s'condes ! La curiosité de Sasha reprit le dessus, elle brûlait d'envie de descendre au sous-sol mais seule, hors de question, Jean ! Viens avec moi !

— Oh non n'y penses même pas !

— On ne va pas entrer dans les cellules, promis on écoute simplement à la porte.

— Ton plan est vraiment à chier.

— Tant pis, j'y vais toute seule ! Se décida la plus jeune en engageant le pas. 

— Sasha ! Sasha oh ! Attends-moi ! »

...

Des bruits de métal se faisaient entendre au fur et à mesure que les deux compagnons descendirent au sous-sol, la voix criarde de la générale pouvait presque faire trembler les murs tellement elle s'acharnait sur la détenue . 

« Oh puis cesse de marcher à quatre pattes ! Relève toi ! » 

Sacha et Jean ne surent comment réagir devant le spectacle qui s'offrait devant leurs yeux. Hansi Zoë se trouvait à imiter la gestuelle de la détenue de manière exagérée pour la dissuader d'agir ainsi. D'un point de vue extérieur, il était aisé de penser que la personne déviante était la générale à la queue de cheval ébouriffée.

Hange avait débuté l'interrogatoire à la première heure de l'après-midi et la voilà toujours en train de soutirer des informations militaires à la prisonnière. La discussion n'avait rien de joviale, elle s'exerçait dans un ton menaçant et désordonnée. Les deux commères observèrent les mouvements atypiques de la prisonnière, celle-ci paraissait plus à l'aise à quatre pattes que ses deux jambes. Le jeune homme ne l'exprimait pas mais il n'en était pas moins terrifié, jamais il n'avait vu une telle femme, aussi étrange était-elle.

L'interrogatoire d'Hange avait l'air interminable, peut-être parce que celle-ci appréhendait les ripostes de son vis-à-vis, et pour éviter le maximum de désagrément - comme une transformation de titan en plein milieu de la ville - Hansi faisait tout pour captiver l'attention de la détenue pour qu'elle ne se concentre que sur elle. Il ne fallait pas oublier qu'elle possédait un titan puissant, il suffisait qu'elle s'inflige une morsure à sa chaire pour provoquer le chaos total dans les remparts. Cette différence de puissance démesurée faisait paniquer la générale mais elle s'efforçait de ne pas faiblir. C'est vrai, au fond elle se le demandait : quelle était la vraie mesure de ses adversaires ? Elle voulait avoir la possibilité de le vérifier par elle-même via des expériences, quitte à mettre sa vie en péril.