Ce que nous avons ignoré.

Stratégie foireuse

La saison hivernale était passée, tous les titans du district de Trost ainsi que ceux de Shinganshina avaient été tués. Les routes se reconstruisaient, les champs se re-cultivaient, les habitations retrouvaient des foyers. 

Nos entraînements n'avaient plus rien d'une promenade de santé, je devais réussir à enchaîner quatre transformations de titans dans un intervalle réduit. Autant dire que le résultat de la quatrième tentative demeurait semblable à un demi, d'un demi titan... Ça craignait. Pourtant je pigeais la nécessité de réussir à se transformer rapidement, par exemple, dans le cas où je serai assailli de plusieurs titans, les copies que j'aurais créé pourraient servir de leurres pour distraire les autres. Théoriquement ça en jetait mais concrètement, je m'épuisais à créer ne serait-ce qu'un double de moi-même avec mon durcissement. 

Du côté d'Armin, il avait réussi à faire deux transformations depuis l'obtention de son titan, cela relevait du miracle. Il restait réticent à l'idée d'utiliser le Colossal lors d'un conflit, il disait d'ailleurs que s'il devait le faire apparaître, ce serait en cas de grande nécessité... Là ou les dialogues ne suffiront plus. Armin a toujours privilégié cette manière de procéder, bien que je n'ai pas totalement l'impression qu'il ait encore compris dans quelle situation nous étions.  Il restait persuadé que tout conflit méritait un espace de communication pour des négociations à l'amiable, son utopie restait incompris de la majorité... 

Aussi, nous nous étions rendus au-delà du mur Maria, nous avions vu la mer, cette étendue d'eau salée à perte de vue... 

Alors que je pensais me trouver bienheureux d'avoir enfin atteint le large, je gardais un sentiment d'amertume sur tout ce que nous avions vécu jusqu'à lors. Je ne me réjouissais pas d'avoir subi autant de perte pour une liberté dont nous n'étions pas certains de gagner. L'océan demeurait si grand que je me sentais infiniment insignifiant. L'ennemi nous guettait de l'autre côté, leur capacité de frappe devait qui sait, être cent fois meilleure que la notre ? Nous possédions quoi nous pour riposter ? Deux titans et des bouteilles de gaz ? Non, je persistais à croire que nous n'étions pas prêts pour un affront direct contre eux. 

Nous étions là, à contempler les merveilles que nous n'avions jamais vues, là où une civilisation entière se préparait à décimer nombreuses de nos vies. Je n'avais pas le cœur à profiter des bienfaits de la nature, mon plan pour sauver l'humanité m'était plus accessible que jamais et peu importe si personne n'approuverait, ma tactique de frappe restait la même. 

Nous devions agir. 

... 

« Je refuse, c'est un non catégorique Eren. N'y penses même pas. 

— Pourquoi ?! Reiner et Bertholt ne se sont pas gênés de nous espionner durant toutes ces années ! Je pense qu'il est temps de leur rendre la monnaie de leur pièce. De quoi vous avez peur ? Hein ? Je ne demande pas de commanditer un assaut de front, je veux seul-

— T'es bouché ou quoi ? C'est non ! Cria notre major en écartant ma demande écrite à la main. 

— Je crois que l'idée n'est pas si déconnante que ça, objectivement... 

— Oh vous ! N'en rajoutez pas commandant !

— Je m'oppose à cette idée également. Annonça sèchement mon amie d'enfance. Pour elle, l'inverse m'aurait étonné, c'est encore s'il elle acceptait que j'aille chercher du bois dans l'enceinte de Maria tout seul.

— Au contraire, c'est peut-être notre chance, imaginez pouvoir observer l'ennemi au cœur de l'action, dans leur milieu le plus personnel. J'avoue ne pas comprendre votre réticence, Eren a raison, le trio ne s'est pas gêné de nous espionner... Ce qui nous a valu des remparts en moins, de nombreuses morts et une guerre sur le dos. Vos arguments sont invalides pour moi, laissez Eren faire la mission de repérage. Je l'accompagnerai pour éviter le drame.