Respires, tout se passera bien

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Pendant qu'Eren arrangeait nos tenues, je fixais imperturbablement les faux visas de séjour :

« C'est toi qui a réfléchi à nos prénoms ?

— Malheureusement non. Jean a insisté pour s'en charger, parce que môssieur souhaitait prouver son implication pour la mission. Il a l'impression d'être aussi utile que la serpillière du réfectoire, ce qui n'est pas faux c'la dit.

— Il faut qu'il arrête avec cette histoire de réputation, on ne lui demande pas non plus de créer le dernier monument des remparts. Il se met trop de pression, surtout pour nous pondre des prénoms aussi cons... « Sennah », vraiment ?

— Saches qu'il s'agit d'un anagramme Livaï...

— Oh... de « Hannes » ?

— Tout juste. Au fond, il s'est bien creusé, merci l'capo.

— Mmh, je ne peux rétorquer. Tiens, pendant que t'étais en train de barboter dans la baignoire, je réfléchissais à la manière dont nous pouvions approcher un représentant de l'armée. L'argentier a parlé des forces militaires mais ici je ne vois aucun camp, pas même d'infrastructure de défense. Nous sommes en plein milieu des quartiers riches, les détenteurs des titans ne sont pas ici.

— Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Je suis d'accord, nous ne sommes pas dans le camp militaire mais les titans pourraient très bien se cacher dans la population.

— Tu penses vraiment que les détenteurs des primordiaux se pavaneraient sans surveillance dans cette métropole ? Non, il faut que les militaires les aient à l'œil, c'est évident. D'ailleurs heu, on a beau se couvrir de tous ces artifices, ceux qui ont croisé nos chemins pourraient nous reconnaître, non ?

— Probablement ! Ma face doit être fichée dans tous les bureaux de l'armée mais la tienne, qui pourrait te reconnaître ?

— Tu te rappelles de cette femme, celle à quatre pattes ? Sa bouche se bloqua en « O », assurément qu'il avait oublié cette femme, l'inverse m'aurait étonné.

— La détentrice du Charrette, bien sur ! »

Tout d'un coup, on tapa à la porte, nos visages se figèrent dans l'espace d'une demi seconde :

« T'as appelé le service de ménage Livaï ?

— Absolument pas, pourquoi je ferai ça ?

— C'est qui alors ?

— Comment tu veux que je sache ? Attaches toi les cheveux, mets tes lentilles, je vais ouvrir. »

J'ouvris la satanée porte, quelle fût la surprise quand je vis cette femme soigneusement apprêtée, cette dernière était accompagnée de deux gamins d'à peu près du même âge tous les deux :

« Bonsoir madame, vous cherchez quelqu'un en particulier ?

— Pardonnez mon dérangement, êtes-vous le couple de mécènes dont avait parlé l'argentier ?

— Il semblerait. Vous avez besoin de quelque chose ?

— Je vous informe respectueusement que vous êtes conviés au gala de bienvenue organisé par ma famille, ce soir, à l'hôtel de la ville.

— Nous en sommes flattés cela dit, votre famille se nomme... ?

— Oui pardon ! Nous sommes le clan Teyber. Ma famille tient particulièrement à vous accueillir, dois-je leur répondre que vous serez de la partie ? Mon frère aîné Willy est un mordu de l'art contemporain, vous pourriez lui présenter quelques-uns de vos travaux à l'occasion ? P'tain ça craignait, il manquait plus qu'ça ! Eren, t'es un homme mort.

— Bien entendu, mon partenaire et moi serons heureux de converser de notre art. Comptez sur notre présence madame...

— Lara, Lara Teyber.

— Bien. Nous nous voyons tantôt au gala madame Teyber. Merci de l'attention que vous nous porter, j'en ferai part à mon, mari. »

Je la gratifiais d'une brève salutation puis refermai la porte. « Mon mari », putain, on aura tout inventé pour sauver nos miches :

« Eren ! Bordel Eren je vais te tuer !

— Alors ?! C'était qui ?

— Cesses de sourire, tu te rends compte que rien ne va ? On ne peut pas être mariés ! C'est à peine si j'arrive à retenir nos prénoms, si on nous demandait comment nous nous sommes connus, tu peux être sur que-

— Respires, personne ne nous le demandera, c'est bien trop personnel. Dans le cas contraire, laisses moi parler de notre magnifique vie conjugale, je suis un excellent conteur.

— On nage en plein délire là !

— Regardes cette ville Livaï, elle respire l'indécence, l'excès. On ne pouvait pas se présenter en tant que simples marchands d'oranges quand même. T'avais raison de me voir comme tel et tu verras, tu t'y feras à ce rôle. D'ailleurs, je trouve que le mauve est une couleur qui t'irais parfaitement ce soir.

— Et toi le rouge sang, qu'en dis-tu ?

— Très drôle, j'me marre. Va te relaxer, je ne peux avoir un mari aussi aigri, ça ne fait pas convivial !

— Je t'emmerde Jäger ! » Je partis dans la pièce sanitaire en m'assurant qu'il ne me suive pas.

Il fallait que je me noie dans la baignoire... Ou dans la douche ? Tch, plus rien ne m'importait à ce stade.

...

Mmh, même si cette baignoire apparaissait comme étant la meilleure découverte depuis le début de notre séjour, elle ne suffisait pas à me faire calmer de la supercherie qu'Eren. Lui qui était avachi dans le canapé du salon, un livre en main, paresseux du moindre mouvement :

« Que lis-tu ?

— T'es calmé ?

— Ça dépend, tu as d'autres idées de merde ou pas ?

— Mmh, j'en conclue que non. Livaï je t'en prie, tu ne vas pas tirer la gueule toute la mission ?

— J'en sais rien, mon corps se met déjà en alerte alors que nous avons rencontré personne. Mon instinct se trompe rarement, je veux vraiment que tu fasses attention Eren. Le fait que tu endosses le rôle si aisément me met mal à l'aise je t'avoue... C'était comme si tu n'étais pas né au bon endroit. Comment tu fais pour t'adapter aussi rapidement ? Quand tu apprenais à devenir un soldat du Bataillon t'y mettais pas autant d'énergie et ne me dis pas l'inverse.

— Cette comparaison est totalement désabusée et malvenue et tu le sais. Les temps ont changés Livaï. Sérieusement, acceptes que je puisse apprécier cette mission. J'adore le fait d'endosser ce nouveau rôle, façonner une vie que nous n'aurons jamais. Au fond, ça me permet de m'évader... De tous ces souvenirs.

— Ne t'évades pas trop Ren, je veux pouvoir te récupérer à tout moment, okay ? Nous ne sommes pas certains de revenir vivants.

— Ta sollicitude me touche mais aies confiance en nous. De toute façon, on ne compte pas crever ici ? Si ? Tu comptes mourir ici ? Moi non. Avoua-t-il d'un air plus que déterminé, de ce qui me mettait du baume au cœur.

— Mmh, préparons nos présentations. T'aimes jouer non ? Je te laisse commencer. »

C'est alors que débutait une séance de théâtre improvisée avec Eren, autant dire que c'était lui qui tirait les meilleures répliques. Il était vraiment très doué dans ce qu'il faisait, il m'impressionnait. Sa délicatesse dans ses mots me touchaient, oui, probablement qu'il parviendra à duper les Mahr, je croyais en lui. 

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 12 ⏰

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