Ce que nous avons ignoré.

Pour toutes les vies

Le silence... Pour les frères et sœurs tombés au combat, pour le respect d'une aube sans pareille  pour l'Humanité et par-dessus tout, pour la rage et l'abnégation qu'à représenter Eren durant toute ce chemin.

Au sommet du mur à nouveau, le crépuscule éclairait une dernière fois les visages des survivants. Sans connaître la moindre raison et ne souhaitant pas la connaître, Livaï remerciait le ciel pour l'immobilité du camp adverse. Le Bestial n'a pas été vaincu, pas même éraflé par une seule lame du major Mike, qui comme nombreux cœurs, tomba au combat... Pourquoi s'être lancée dans une telle entreprise si l'ennemi ne comptait pas anéantir la totalité du Bataillon ? Pourquoi avoir permis l'accès à une cave qui risquait de donner des avantages à la population des murs ? De son côté, Armin ne réfléchissait plus à de telles théories depuis la disparition d'Eren, tout se passait devant ses yeux sans qu'il ne ressente le moindre intérêt. 

... 

Un grondement retentit au pied du mur, le vacarme montait si haut que le Bataillon comprit que sans doute, vivait-il ses derniers instants.  Les lames abîmées et les visages épuisés, tous se préparaient à l'ultime assaut. La poigne du Ackerman se serra, quoiqu'il puisse advenir du reste de son escouade, il se promit de tous les protéger. 

Un sifflement strident résonna dans les airs, celui-ci ressemblait à celui d'un faucon, Jean détestait ces oiseaux et se couvrit instantanément le visage. Là, devant eux, de manière abrupte, un corps tomba du ciel, lancé par une force qui ne pouvait qu'être titanesque :

« Nooon ! Eren ! » Le corps glissa dans une marre de sang pour atterrir aux pieds de la jeune Ackerman, puis, un détail macabre tiqua le caporal... 

Eren leur avait été rendu certes, aussi brutalement que du bétail de la plus basse qualité qu'on ne donnerait même pas à manger aux porcs. Le visage d'Eren était écharné de tout son côté droit, les muscles de son visage furent visibles à l'œil nu. Ses quatre membres lui avaient été sectionnés ainsi que sa langue accrochée aux lacets de sa chemise. Ce spectacle nauséabond horrifia Sasha, elle qui n'avait jamais rien vu d'aussi immoral, pas même lors d'une chasse. 

L'unité eut à peine le temps de comprendre les enjeux de cette situation qu'un titan apparût, il s'agissait du Mâchoire. Sa venue fût rapidement suivie de celle du Cuirassé, qui sur son épaule tenait un homme aux lunettes rondes, peu vêtu. Le visage marqué du Cuirassé encore meurtri exprimait toute l'amertume ressentie dûe la perte de son partenaire de toujours, Bertholt :

« Soyez certains qu'il s'en remettra ! Sa régénération est plutôt impressionnante d'ailleurs ! S'exclama l'inconnu aux lunettes. Remettez nous le corps de Bertholt pour qu'il puisse reposer en paix et nous vous rendrons Eren. 

— Qu'est-ce que tu racontes le macaque ? Il est là, à nos pieds. Mikasa, prends Eren. »

À l'instant où Mikasa voulut s'exécuter, une flèche se planta dans sa paume, elle eut été lancée par ce mystérieux blond à lunettes :

« Eren ne se réveillera pas. Donnez nous le corps de Bertholt. 

— Aucun de nous ne vous l'en empêche, le corps de votre ami se trouve là-bas, dans les décombres. Nous ne profanons pas le corps de soldat tombé pour son idéal. D'un geste de tête discret, les deux leaders se comprirent, ils se respectaient malgré le cadre anarchique autour d'eux.

— Eh ! C'est moi que tu regardes là, pourquoi Eren ne peut pas se réveiller ? S'énerva le caporal, préparent sa dernière lame qui était prête à dégainer.

— Il n'est pas avec nous, son esprit divague. Il ne vous entendra pas, pas même avec toute la puissance sonore du monde. »

Erwin comprit, le poids de cet échange était là, l'acte final de cette bataille. Le major comprenait l'abnégation d'Eren, les sacrifices de tous ses amis et par dessus tout, le prix d'une liberté durable :