Le fiasco fût total. Ymir avait été récupérée par les forces ennemies. Sans aucune preuve certaine, Hava affirma avoir aperçu Reiner à la sortie de la capitale, tenant fermement une seconde personne capuchonnée. Ymir était repartie... Sans aucune garantie de retour de notre part. Aucun de nous savait où se planquait ces traîtres de Reiner et Bertholt, prendre l'initiative de les poursuivre maintenant reviendrait à auto-saboter les effectifs de l'armée, déjà bien faiblarde.
Effectivement, après l'échec de cette nuit, nous comptions dans nos rangs plusieurs soldats s'étant rebellés contre la couronne et par extension, contre le corps armé lui-même.
D'aucun spéculait que certaines consciences eurent jugés pertinent de se tenter guider par les idéaux des ennemis. Je n'avais pas assez de mot pour décrire cette ridicule décision, leur insuffisance morale n'avait d'égal que leur ingratitude. L'ennemi n'avait fait preuve de clémence à aucun moment, quand il frappait, il le faisait pour de vrai. Qu'est-ce que bordel les « rebelles » pouvaient bien trouver à leur manière d'agir ? Leur désespoir était si grand que ça ? Les intrigues que je tentais de résoudre se perdaient dans l'impertinence des actions humaines...
Je me résolvais au sort d'Ymir, pas à celui du peuple des murs.
« Eren ? T'es toujours vivant ? Ouvres les yeux gamin. »
Le peu de sonorité qui sortit de la bouche du caporal me suffisait à regretter ma survie en ce monde. Qu'est-ce qui voulait encore ? M'engueuler pour les non-dégâts que je n'avais pas fait hier ? Je ne m'étais pas transformé, car décimais une ville entière pour dégommer à l'aveugle une cible dont j'ignorais son apparence me paraissait un peu exagéré. Je savais au fond de moi que Reiner s'était déplacé jusqu'ici mais l'affronter au prix de combien de vies innocentes ? Non, cette nuit n'aurait pas été le bon moment :
« Ouvres les yeux je t'ai dit.
—... Mmmh... Dites, ça vous arracherait le derche de m'appeler par mon prénom ? Et seulement par mon prénom ? Ma question fût rhétorique, il fallait qu'il la ferme.
— J'vais te le dire.
— De ? Pourquoi vous avez la même sympathie qu'une grand-mère en fin de vie ? Vous avez raison, j'suis bien curieux de savoir. Dîtes, vous faîtes quoi là ? »
Livaï s'assit sur mon matelas, détachant ses lanières d'équipement avant de poser paresseusement sa tête sur le mur derrière nous.
« Tu permets ?
— Généralement on le demande avant mais... 'Puis on s'en fout. Vous v'nez faire quoi dans ma piaule ? J'vous signale que c'est toute l'armée qu'a foiré cette nuit, pas seulement moi.
— Je ne suis pas venu ici pour te descendre Eren, détends toi.
— Et comment ? En ayant le mec le plus flippant des murs à mes côtés ? À tout moment vous me latter la gueule donc permettez moi de douter un peu. Livaï fronça le regard avant de relever la commissure droite de ses lèvres. Il souriait là ? Non, ça là, ça ne ressemblait en rien à une expression joviale, ce type n'en était pas capable. Caporal, venez en aux faits, vous voulez quoi ?
— Un bordel. »
Putain, ça aussi il ne réussissait pas à le faire ? Composer une phrase entière avec un putain de verbe ? Qu'il ne compte pas sur moi aujourd'hui pour lui soutirer les informations, dont j'ignorais leur totale nature d'ailleurs...
« J'crois que je ne vais même pas relever... Je me redressai de mon matelas en prenant bien le temps d'ignorer mon supérieur. L'ignorance était le meilleur des mépris non ?
— Non Eren... J'veux dire, hier soir, l'établissement était un ancien bordel. Enfin, une partie... Puisque les chambres elles se trouvent... Dans la ville souterraine.
Disons plutôt, que nous étions dans le salon de « plaisance ».
— Heu capo', je ne voudrais pas freiner votre soudaine prise de parole mais...
— Si le sujet te gêne je ne continuerai pas. Désolé pour le désagrément Eren. »
Il se releva du lit dans un silence de plomb, laissant sur le matelas son empreinte qui affaissait la surface moelleuse. Attendez ? C'est tout ? Il se résignait réellement à poursuivre ? Lui qui venait de faire tout ce satané chemin pour me déranger ? Le culot :
« C'est tout ? Vous laissez tomber ? J'ai connu plus combatif.
— Il n'est pas toujours judicieux de déballer son amertume au premier venu. Ce que je suis en train de faire est purement égoïste et complètement déplacé, je n'aurais même pas dû commencer. Laisses tomber, on s'en fout bien de ce lieu.
— Oh que non, vous m'aviez menacé par ce seul argument hier pour que je me bouge le cul, croyez moi que vous ne partirez pas de cette piaule avant de m'avoir déballer vos peines. Me taper le rôle du confident ne m'enchante pas des masses mais le pire encore, c'est que je risque de m'en vouloir si je ne vous permets pas de poursuivre. Donc ? J'peux pas vous laisser dans cet état. »
Livaï plissa les yeux :
« Quel état ?
— Celui dans lequel vous arrivez parce que vos sentiments prennent le dessus. J'veux pas être responsable de ce surplus émotionnel, tout ce que je peux faire c'est de vous écouter en tentant du mieux que possible de ne pas vous énerver. Du moins, davantage. Même si encore une fois... Nous ne sommes même pas amis. Quelle genre d'amitié se baserait sur le vouvoiement ? C'est si impersonnel...
— Tutoies moi. Je t'en prie, ne tire pas cette tronche Jäger, nous savons pertinemment que tu me casseras suffisamment les pieds pour n'être qu'un « subordonné ». Quitte à rendre nos interactions plus simples, tutoies moi. J'dis pas que nous devenons amis, te méprends pas. Néanmoins... Je dois reconnaître qu'au fils du temps, ta capacité de réflexion et de communication me font apprécier la personne que tu deviens. Tu restes un gosse, mais moins merdeux. Ca te va ?
— Wow c'est... La vache, ça c'est d'la décla ! Tout va bien caporal ? »
Ni une ni deux, je fus déséquilibré par un croche-pied du noiraud, je n'eus pas le temps de reprendre mon souffle qu'un poignard se dressa à quelques millimètres de mes iris :
« Sans déconner caporal ! Tuer ses nouvelles relations n'est pas très courtois !
— Bordel fermes la Eren... J'commence déjà à regretter.
— Voyez-vous ça, le capo est gêné de mon aisance en sa présence ! Tu pensais que je continuerai de me chier dessus ? Livaï, tu viens de me donner la parfaite preuve que tu n'es pas totalement dépourvu de sentiments amicaux envers d'autres êtres humains, pour moi c'est le meilleur jour de la semaine ! »
Il passa nerveusement une main dans ses cheveux de jais, laissant apparaître une expression plus grave, il examinait la pièce dans avec une attention particulière. Stressait-il ? Franchement j'espérais que ce soit le cas ! Pour une fois que nous échangions les rôles ! Ce petit homme demeurait un être composé sensiblement des mêmes rouages techniques que moi, fascinant ! Donc, supposant que Livaï soit un être se rapprochant le plus possible d'un humain, un humain possédant toutes sortes de sentiments – allant du plus grisant au plus écœurant – cela voulait dire que ouai, il était réellement en train de créer une relation avec un autre humain ? Moi ?
Non vraiment... C'était légendaire.
À 95 %, je fus certain que Livaï était un humain vulnérable ! Il me fallait encore exercer des tests sur lui pour me prouver qu'il ne faisait pas semblant, après tout je restais crédule et jeune, tout le monde avait potentiellement les capacités de créer un lien avec moi. Reiner lui-même avait exploré ses talents de manipulateur à la perfection sur moi à l'époque...
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Ce que nous avons ignoré.
FanfictionA JOUR !! Il y a cent ans, l'humanité a connu la peur et l'humiliation de vivre comme du bétail enfermé dans des murs d'enceinte de cinquante mètres de haut. La terreur de n'être qu'une espèce dominée. Les seuls à voir ce vaste monde sont les...