Toujours trop lents, trop silencieux. Les sabots des centaines chevaux trahissaient perpétuellement notre position, comme si c'était cela le plus regrettable... Notre stratégie de déplacement m'enrageait, à chaque nouvel ordre de repos qu'annonçaient les généraux, je pariais mentalement sur les soldats susceptibles de mourir en premiers. Affligeant.
Sérieusement, à quoi ça rimait ? Notre survie se basait sur notre unique force de conviction pour le combat que nous menions, comment pouvions-nous être aussi arrogants de croire que tout se passerait selon les calculs d'Erwin ? Erwin, Erwin et toujours Erwin... Je ne comprenais décidément pas la dévotion du caporal pour cet homme, quand bien même il prouvait devant l'humanité qu'il était le meilleur génie de sa génération, les erreurs n'épargnaient personne et c'est ce qui lui a valu la perte de son bras autrefois :
« Dîtes les gars, vous pensez que nous allons enfin rencontrer des titans ? Eren tu crois que tu pourrais en détecter ? Demanda Sasha en baillant, prise d'une lassitude totalement partagée.
— Mes capacités sont plus complexes Sasha, respectes moi un peu. Je ne suis pas un ridicule « détecteur » de titans ambulant. Si c'était aussi simple, crois moi que nous serions pas en train de faire tout ce cirque. D'ailleurs, évitons de prononcer nos prénoms, Erwin pense que ça pourrait nous desservir si un espion nous suivrait. » C'est d'ailleurs là la seule évidente que je partageais avec le major...
Depuis le décès de Connie, Sasha n'a jamais trop portée de considération aux futurs plans du Bataillon, elle y restait pour nous, pour le respect des souvenirs qu'elle a créé durant toutes ces années à nos côtés. Elle nous répétait sans cesse que les vrais guerriers détestaient la guerre, à ses dires, je ne pus être plus d'accord avec elle. Malheureusement, le monde n'était pas fait ainsi et l'extermination que nous subissions n'a seulement servi qu'à raviver la rage de certaines âmes prêtes à se battre pour ce que nous valions. Le Bataillon portait depuis toujours ce fardeau... :
« Merde ! Attention ! Deux titans devant ! Stop ! » Hurlais-je en tirant sur la bride de mon cheval.
Le groupe se stoppa brutalement, freinant les chevaux le plus durement possible pour éviter les collisions avec les substances que nous transportions. Face à cet arrêt prématuré, les chuchotements des soldats s'élevaient dans les airs, dévoilant – si ce n'était pas déjà clair – notre position aux ennemis. Qu'il se manifeste ou non, il était désormais impératif pour le Bataillon d'atteindre Shiganshina le plus rapidement possible. L'important restait que nous puissions traverser les bois sans essuyer de pertes lourdes, les arbres qui nous entouraient devaient nous servir d'atout en cas d'attaque d'une horde. En zieutant autour de moi, je reconnus le champ de jonquilles au loin, celui qui s'étendait sur trois hectares à la sortie du district. Nous n'étions plus très loin du district, enfin !
Le général Mike s'approcha avec précaution des deux géants qui nous barraient la route, ceux-là dormaient les yeux ouverts en étant dans une position, semi-assise. Le problème ? C'est qu'à cause de leur grande taille, ils nous barraient le chemin, nous ne pouvions plus passer sur le sentier principal. Erwin comprit rapidement que notre trajectoire s'allongerait de quelques heures, perturbant à nouveau son timing je suppose.
En soi, nous aurions eu le choix de sortir de ce pétrin avec notre équipement tridimensionnel, nos chevaux en l'occurrence... La cavalerie était primordiale, nous n'abandonneront pas nos chevaux :
« Est-ce que t'as un plan l'génie ? Je t'entends pas beaucoup depuis des heures, un problème ? Questionna d'un ton provocateur le caporal en se joignant à son escouade.
— Je réfléchis caporal, aussi insultant que puisse être vos remarques...
— Tch. » Nous y revoilà, ce vouvoiement de misère qui n'effaçait en rien nos ressentiments envers l'autre.
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Ce que nous avons ignoré.
Hayran KurguA JOUR !! Il y a cent ans, l'humanité a connu la peur et l'humiliation de vivre comme du bétail enfermé dans des murs d'enceinte de cinquante mètres de haut. La terreur de n'être qu'une espèce dominée. Les seuls à voir ce vaste monde sont les...