Pour la première fois depuis le début de notre conversation, je fus incapable de répondre quoique ce soit. Que ce soit cynique ou non, la nostalgie du caporal me dépassait, sa peine m'envahissait :
« Tu n'es pas obligé de répondre Eren, je ne t'en voudrais pas si tu n'as rien à me dire. Ce sujet est particulièrement intime et met les gens mal à l'aise. En règle générale, le fait qu'une femme puisse monnayer son corps pour subvenir à ses besoins les plus primaires relève de l'indécence la plus extrême. 'Fin, aux yeux de notre chère société. Je ne saurai jamais si « Olympe » comme il l'appelait, avait eu la possibilité de choisir un autre moyen de vivre mais... Ma mère elle, a fait de son possible pour me donner la chance de survivre. Elle est décédée à l'âge de mes sept ans, à l'époque je ne comprenais pas que l'on pouvait fermer les yeux sans jamais les rouvrir. Vivre dans la ville souterraine est un véritable parcours du combattant, là-bas tout est sale, les rues, les bâtiments... Les gens. Cette bonté de cœur dont tout être humain devrait faire preuve, et bien cette notion là, je ne l'ai acquis qu'au moment où je suis entré dans le Bataillon. Le bien et le mal n'est pas inné pour tous. Disons que, certains naissent à la surface plus que d'autres. La couronne n'a pas hésité à longtemps exploiter cette différence de vie entre nous. »
Le caporal eut raison, le néant des uns était le terrain de jeu des autres. Mon père répétait ces mots quand il désapprouvait les actions de notre – imposteur – de roi. Jusqu'à présent je n'avais jamais réellement compris la portée de ses mots, jusqu'à cet instant. Merci Livaï :
« Je sais que tu n'aimes pas attirer la pitié et je te promets que ce n'est pas ce sentiment que je ressens envers toi mais... Avec tout le respect que j'ai pour toi caporal, je suis profondément désolé que tu ressentes cela. Cette souffrance de ne pas avoir connu la femme qui t'a donné la vie. Pour moi... Il n'y a rien de pire que de ressentir le souvenir étroit de la personne qui nous a mis au monde. »
Ma compassion engloutissait tous les autres états psychologiques qui me tressaillaient. Il serait arrogant de ma part de rapporter son anamnèse familiale à la mienne, car nous n'avions rien en commun hormis la perte de notre mère. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de compatir à cela, à son histoire...
« Livaï il faut que je te dise... »
Ses yeux grisés reprirent une lueur plus sombre, il revêtit à nouveau ce visage neutre, imperturbable. Le visage d'un homme qui avait tout traversé et qui ne se laisserait plus atteindre aussi tragiquement par la perte d'un proche. Livaï connaissait la perte d'un être cher, il la craignait et vivait avec résilience sa propre vie :
« Après que nous ayons terminé cette discussion Eren... J'irai te proposer mon nouveau programme d'entraînement. »
Un léger sourire s'affichait sur mon visage, sa remarque me détendit, car Livaï prouvait qu'il restait toujours fidèle à lui-même : combatif.
« Volontiers ! Si tu es de la partie bien sur, tu en as aussi besoin, je t'ai trouvé lent sur le terrain ces derniers jours ! » Dans le mille ! Il était si facile de l'agacer, je commençais à y prendre goût. Ce qui importait réellement aujourd'hui, c'était que je prouve à Livaï que je restais un esprit fort dans un corps robuste, ça, ça me donnait de la niaque !
Certainement que les mots de ma mère ce jour là, le jour de ma venue au monde... Ne furent destinés qu'à moi, son fils, son plus beau accomplissement en ce monde.
« Est-ce vraiment si vital d'être spécial ? Personnellement je ne le pense pas une seconde. Mon fils est parfait tel qu'il est. Je me fiche totalement qu'il surpasse les autres ou non. Il n'a pas besoin de devenir un homme illustre ou un homme de sciences. C'est tout à fait inutile, il est déjà si mignon ! À mes yeux, il a déjà accompli bien assez... Il nous a fait le bonheur de venir au monde, je ne peux rien lui demander de plus. »
Tels étaient les mots de ma mère, ceux qui résonnaient en moi à chaque fois que son visage réapparaissait la nuit, quand aucune lumière ne parvenait à éclairer mon esprit...
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Ce que nous avons ignoré.
FanficA JOUR !! Il y a cent ans, l'humanité a connu la peur et l'humiliation de vivre comme du bétail enfermé dans des murs d'enceinte de cinquante mètres de haut. La terreur de n'être qu'une espèce dominée. Les seuls à voir ce vaste monde sont les...